Le modèle d’inclusion financière postale, bien qu’il ne soit pas assez répandu dans le monde, a fait ses preuves dans plusieurs pays. Il est présent dans 9% de pays. Les expériences menées à travers le monde ont démontré que la banque postale donne des résultats significatifs en matière d’inclusion financière.
La création d’une banque postale est un projet porté essentiellement par la «Poste tunisienne» qui en a fait son cheval de bataille. Il est également défendu par des acteurs de la société civile, tels que «Alert» qui a appelé, à maintes reprises, à accélérer la transformation de la Poste en une banque postale.
En effet, il s’agit d’un projet sur lequel l’entreprise publique s’est penchée depuis quelques années et dont le processus a été couronné par le dépôt, en 2019, d’une première demande d’agrément. La réponse de la BCT n’était pas à l’époque favorable puisqu’elle a invité l’établissement public à réviser le modèle d’affaires proposé pour cette nouvelle forme de banque. C’est chose faite, comme l’a affirmé le P-.dg de la Poste tunisienne, Sami Mekki, lors de son audition, la semaine dernière, devant la commission parlementaire des finances et du budget.
Il a indiqué qu’une commission a été constituée à cet effet, afin de surmonter les obstacles identifiés. Ces lacunes concernent notamment le statut juridique selon lequel la banque doit être constituée sous forme de société anonyme, mais aussi la demande de placer tous ses services financiers sous le contrôle de la Banque centrale. Désormais, une deuxième demande a été soumise aux autorités compétentes. Elle est restée sans réponse, selon ses dires.
Une banque postale, pourquoi ?
Mais pour mieux appréhender les enjeux liés à ce projet, il faut d’abord cerner les missions d’une telle banque. En effet, une banque postale est une institution financière qui offre une gamme de services bancaires traditionnels, tels que les comptes d’épargne, les comptes courants, les prêts, les cartes de crédit, les services de paiement et les assurances, tout en s’adossant au réseau d’agences d’une Poste nationale et en proposant des frais de gestion et des coûts très abordables. Ce modèle d’inclusion financière postale, bien qu’il ne soit pas assez répandu dans le monde, a fait ses preuves dans plusieurs pays. Il est présent dans 9% de pays.
Les régions où il est le plus développé sont l’Afrique subsaharienne, l’Europe de l’Ouest et l’Asie de l’Est. Les expériences menées à travers le monde ont démontré que la banque postale donne des résultats significatifs en matière d’inclusion financière. C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé le P-.dg de la Poste tunisienne qui a expliqué que « la banque postale constitue un moteur essentiel de l’inclusion financière et un facteur clé pour assurer la pérennité des petites entreprises», d’autant plus que «le projet actuellement déposé propose une banque qui fonctionnerait en complémentarité avec le système bancaire».
Le projet actuel a permis d’identifier les catégories ciblées et les zones avec une couverture bancaire insuffisante. Donc, en somme, l’objectif n’est pas de concurrencer les banques existantes, mais d’offrir des services qui sont insuffisamment proposés.
L’activité crédit, c’est indispensable pour la viabilité de «La Poste»
Sur un autre plan, l’activité crédit constitue un moyen de pérenniser cette entreprise publique.
En effet, avec l’essor des échanges numériques et de la baisse des recettes provenant des envois postaux, les postes à travers le monde peinent à conserver leurs infrastructures et effectifs. Ainsi, beaucoup d’entre elles se sont tournées vers la vente de services additionnels et bon nombre ont opéré une transformation en banque postale.
D’ailleurs, selon un rapport de l’« Union Postale Universelle » qui date de 2013, les postes qui possèdent des banques postales tirent souvent plus de revenus de leurs services financiers.
C’est notamment le cas au Maroc dont la banque postale a vu le jour en 2010 et dont les revenus issus des services financiers représentent 62% des recettes. Mais la transformation d’une Poste nationale en une banque postale requiert le respect de certaines conditions réunies, telles que les besoins en capitaux et le respect des règles prudentielles.
En Tunisie, la «Poste tunisienne» offre déjà une panoplie de services financiers s’inscrivant dans le cadre des activités historiques relatives au Centre de chèques postaux (CCP) et au Centre de l’épargne postale (CEP). A cet égard, le P-.dg de la «Poste tunisienne», a affirmé que la présence de cette dernière dans la plupart des régions, les services qu’elle fournit à un coût inférieur à celui des banques, et sa capacité à suivre les évolutions technologiques, la rendent capable de se transformer en une banque en peu de temps.
Selon certains observateurs, ce projet a de fortes chances de réussir, d’autant plus que «La Poste» a pu construire un vaste réseau de clients diversifiés et assure la gestion de 2 millions de comptes courants postaux et 4 millions de comptes d’épargne postaux.
En tout cas, la BCT «ne rejette pas cette initiative, qui nécessite néanmoins une étude approfondie afin de garantir la réussite du projet, et surmonter toutes les problématiques potentielles, et ce, en raison de son lien avec les services financiers, les dépôts, l’octroi de prêts et les services de paiement», comme l’a indiqué le représentant de la BCT, lors d’une séance d’audition tenue, au mois de mars dernier, par la Commission parlementaire des Finances et du Budget pour l’examen du projet de loi portant sur la lutte contre l’exclusion financière.