L’assemblée générale extraordinaire élective avortée du 9 mars, faute de candidatures remplissant les critères d’éligibilité et aussi de projets, a donné du temps et ouvert la voie à une concurrence qui sera plus musclée pour le rendez-vous du 11 mai
Après l’annulation de l’assemblée générale extraordinaire de la FTF du 9 mars dernier après le rejet des trois listes candidates, une nouvelle date a été fixée pour l’élection d’un nouveau Bureau fédéral, soit le samedi 11 mai 2024. Comme nous l’avons bien anticipé dans ces mêmes colonnes, il n’ y a eu, entre ces deux dates, ni recours à l’article 21 de la loi 95 /11 de 1995 relative aux structures sportives pour dissoudre le Bureau fédéral en exercice, ni démission de la majorité des membres restants après la mise en examen par la justice de l’ancien président Wadie Jary, pour entraîner cette dissolution, ni retrait de confiance par les 2/ 3 des associations membres ayant le droit au vote, ni encore la tenue d’une assemblée générale extraordinaire pour modifier et amender, en vue de les assouplir, les 7 conditions d’éligibilité mentionnées dans l’article 36 des statuts de la fédération. Le ministère de la Jeunesse et des Sports a eu, au passage, le mérite de faire la sourde oreille aux demandes d’ingérence et a laissé le processus prendre son cours en conformité avec le Règlement intérieur et les statuts actuels de la FTF. Cette sagesse qui a prévalu, dans l’intérêt suprême du football tunisien, a été vue d’un bon œil par la Fifa qui a entériné ouvertement toutes les démarches suivies en fixant une date-butoir pour organiser de nouvelles élections désignées finalement pour le 11 mai. Le changement voulu et la venue d’une autre équipe dirigeante de notre football sont en train de se faire dans le strict respect des lois en vigueur, en conformité avec les exigences de la plus haute instance sportive dans le monde pour éviter tout dérapage juridique dans le processus électoral qui pourrait entraîner des sanctions. Ce n’est pas en cassant toute la baraque et en mettant le feu aux poudres qu’on peut atteindre le but d’assainir la gestion de notre sport-roi et faire des réformes de fond en vue d’un nouveau modèle de bonne gouvernance basé sur des principes majeurs que sont la transparence et l’égalité des chances dans toutes les compétitions, toutes divisions confondues. La première étape pour un changement en douceur a donc été une réussite. Reste une deuxième étape à franchir avec succès qui est celle des élections.
Une concurrence qui promet de jouer à fond
Dans l’attente de la période du 12 au 20 avril, date d’ouverture et de clôture des candidatures, les échos jusqu’à ce jour font véhiculer l’entrée en lice de plusieurs listes. Celles des deux candidats dont les listes ont été rejetées pour les élections du 9 mars, à savoir Maher Ben Aissa et Jalel Tekaya. Les deux hommes ont eu le temps de pallier les vices de forme et de procédures de leurs premiers dossiers rejetés , et de présenter un vrai projet de campagne riche et bien étudié et non pas des simples grandes lignes sans fil conducteur. On parle aussi de la probable entrée en course d’un nouveau candidat qui peut changer la donne, soit Zyed Tlemcani. Cette candidature annoncée se heurte, toutefois, à un obstacle majeur qui est le paragraphe 5 de l’article 36 des statuts concernant « le candidat tête de liste, le président et le vice-président de la Fédération» qui doivent «avoir rempli des fonctions au sein du Bureau fédéral, ou des fonctions de président d’une ligue nationale ou régionale, de président ou vice-président d’un club ou de président d’une commission nationale ou juridictionnelle pendant au moins quatre (04 ) ans d’affilée. «Zyed Tlemçani n’a que deux ans confirmés comme vice-président à l’Espérance et il est devant l’obligation d’apporter la preuve des deux ans qui manquent non pas par une simple attestation délivrée sur l’honneur par un autre club, mais par une preuve concrète de sa fonction de vice-président contenue dans la fiche d’engagement de ce ou ces club(s) pour les deux années manquantes. Sa candidature est donc tributaire de la confirmation des quatre ans minimum d’affilée de responsabilité au sein d’un ou plusieurs clubs. La quatrième liste dont on parle, en attendant le jour «J» qui peut atténuer l’ardeur des trois listes présumées et les faire réfléchir deux fois avant de s’engager officiellement, est celle de Wassef Jlaiel qui aurait retrouvé l’appétit de postuler à la succession de Wadie Jary et serait en train de constituer une équipe «poids-lourd» pour accentuer ses chances de rester à la Fédération cette fois en tant que président qui a tous les pouvoirs et pas en tant que deuxième homme de l’ombre aux mains liées. L’homme a donné, depuis qu’il est devenu président intérimaire, des signes nombreux de net démarquage de la politique de son prédécesseur. Il apparaît dans le costume d’un homme d’ouverture et de consensus en renouant surtout les contacts avec le ministère de tutelle. Si cette candidature se confirme, si elle coupe réellement avec les hommes et l’héritage du passé , on peut s’attendre à des élections très serrées et à un deuxième tour de scrutin palpitant pour obtenir la majorité (plus de 50 %) des suffrages valablement exprimés et nécessaires pour qu’une liste soit élue (paragraphe 5 de l’article 28 des statuts de la FTF). Ce qui est sûr, c’est que, d’ici le 20 avril, on aura le cœur net sur toutes ces candidatures encore présumées, sur les chances potentielles de chacune des listes définitivement validées par le Comité électoral indépendant puis en appel en cas de recours. Des élections plurielles qui se dérouleront dans la transparence avec confrontations de projets pas utopiques juste pour la campagne électorale, mais réalistes et crédibles, en mesure de reconstruire notre football sur des bases solides.