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Diaspora tunisienne : Un important pilier du financement de l’économie

 

Si les Tunisiens résidant à l’étranger sont connus pour leur appétence pour les investissements dans le béton, ils sont aussi des investisseurs potentiels dans divers secteurs d’activité, surtout lorsqu’il s’agit de la diaspora qualifiée.

Alors que les remises migratoires vers les pays à revenu faible et intermédiaire ralentissent et marquent le pas pour enregistrer une faible croissance par rapport à celle observée au cours des deux dernières années, les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger poursuivent leur tendance haussière.

Les transferts des TRE battent de nouveaux records

En effet, selon les données de la BCT, les fonds transférés, à fin mars 2024, ont atteint 1.810 millions de dinars, soit une augmentation de 4% par rapport à la même période de l’année précédente. Cette hausse persistante survient malgré le risque de baisse de revenus réels des migrants en 2024, un risque souligné dans le rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement.

Cette augmentation remarquable est particulièrement réjouissante d’autant plus que la Tunisie figure parmi les rares pays qui n’ont pas subi une baisse des transferts d’argent, contrairement à d’autres destinations telles que l’Egypte qui a vu les envois de fonds de sa diaspora régresser pour la deuxième année consécutive.

Il s’agit d’une évolution qui n’est pas conjoncturelle, mais plutôt structurelle car, depuis 2011, les transferts des TRE n’ont cessé, d’année en année, de battre de nouveaux records témoignant du rôle clé que joue la diaspora tunisienne dans la dynamisation de l’économie nationale.

A titre indicatif, le total des avoirs transférés vers la Tunisie est passé de près de 4,75 milliards de dinars en 2017 à plus de 7 milliards de dinars en 2023, des fonds qui ont servi pour couvrir 65% de la dette extérieure de la Tunisie. Cette évolution notable met en évidence l’importance des Tunisiens résidant à l’étranger en tant que pourvoyeur de devises, les transferts de capitaux des TRE ayant largement dépassé, à fin mars 2024, les recettes touristiques qui ont atteint 1,226 milliard de dinars.

Ils répondent toujours présent !

En effet, ces chiffres traduisent parfaitement le lien viscéral qui relie les 1,8 million de Tunisiens installés à l’étranger (15% de la population) à leur terre natale. Il faut dire que les expatriés, ces ambassadeurs naturels de leur pays d’origine n’ont jamais manqué à l’appel même en période de crise. La mobilisation de la diaspora tunisienne, lors de la crise sanitaire Covid-19, en est un exemple marquant : dans un élan de solidarité, elle n’a pas hésité à collecter des fonds pour venir en aide aux familles tunisiennes qui étaient aux prises avec l’épidémie.

Des projets tels que Widu, (une initiative mise en œuvre conjointement par l’Office des Tunisiens à l’étranger —OTE— et la Coopération allemande-GIZ) illustrent également l’engagement de la diaspora tunisienne envers son pays d’origine. Mue par le sentiment d’attachement à la patrie, elle aspire à contribuer au développement économique et social du pays.

En seulement deux ans, ledit projet qui vise à soutenir les petits entrepreneurs, grâce à des fonds transférés par la communauté tunisienne résidant en Europe, a permis de mobiliser environ 3,3 millions de dinars sous forme d’investissements privés et plus d’un million d’euros en dons.

Outre le placement immobilier…

Les TRE sont aussi des investisseurs et des entrepreneurs visionnaires. Si les Tunisiens résidant à l’étranger sont connus pour leur appétence pour les investissements dans la pierre, ils sont aussi de potentiels investisseurs dans divers secteurs d’activité, surtout lorsqu’il s’agit de la diaspora qualifiée.

Des études réalisées par l’Ocde ont révélé que les compétences et les réseaux professionnels développés par les émigrés à l’étranger leur permettent de monter des entreprises en Tunisie, lancer de nouveaux produits et créer des emplois. En 2014, les TRE employeurs ayant établi leurs propres business représentent 28% des migrants de retour, soit six fois supérieur à la part des employeurs dans la population totale.

Le fait d’avoir accumulé de l’épargne et de développer des connaissances professionnelles fait d’eux des entrepreneurs et investisseurs potentiels dans leur pays d’origine. En 2021, les investissements déclarés par les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) ont atteint 163 millions de dinars, soit l’équivalent de 4% du total des investissements déclarés en Tunisie pour cette année-là. Le secteur des services a absorbé 14% du total des investissements, tandis que l’industrie n’en a capté que 0,4%. Il est à noter que la majorité des investissements provient des Tunisiens résidant en France.

Cependant, des obstacles tels que les complications administratives, le manque de capital et d’avantages fiscaux limitent les investissements des TRE en Tunisie. Dans cette optique, les spécialistes estiment que le nouveau code des changes, actuellement soumis à examen favorisera la libéralisation et donc l’encouragement de leurs opérations d’investissement.

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