Selon un rapport de l’association «Aswat Nissa» et celle de «Femme et citoyenneté au Kef», 25 femmes ont été tuées au cours de l’année 2023 dans notre pays. D’après les auteurs, le féminicide est en passe de devenir un phénomène social en raison de la recrudescence de la violence à l’égard des femmes dans plusieurs gouvernorats. Ces violences subies par les femmes ne sont pas des « incidents » isolés. Elles sont faussement présentées comme étant des affaires familiales privées ou le résultat de coutumes locales intangibles, alors qu’en réalité, il s’agit de très graves problèmes de société. Les attaques à l’acide, les crimes dits « d’honneur », l’inceste, les infanticides, les mariages précoces et/ou forcés, les mutilations génitales féminines, les viols, les violences conjugales et le (cyber) harcèlement, sont des violences sexistes. Ces délits sont commis en raison du genre et pour des motifs liés à l’identité féminine. Souvent, ces agressions connaissent des fins tragiques. Des femmes meurent étranglées, poignardées, brûlées vives, rouées de coups, parfois sous les yeux de leurs enfants, parfois en pleine rue. Pourtant, certains s’escriment à relativiser l’étendue et l’horreur des violences subies par les femmes. En vérité, ils ont l’indécence de la temporiser pour ne pas agir. De ce fait, ils ne font qu’encourager les agresseurs à aller de l’avant en toute impunité. C’est d’ailleurs pourquoi, chaque jour, les médias rapportent des cas de violences faites aux femmes en Tunisie. A cause d’un processus d’emprise sexiste, tellement ancré dans nos mentalités et dans nos pratiques, certains hommes se sont habitués à agresser les femmes. Car violenter une femme, la terroriser et parfois la tuer, dénote le fait qu’elle représente une altérité. Cette altérité se résume pourtant à une liberté qui ne coïncide pas toujours avec celle d’un homme qui n’arrive pas encore à supporter que sa compagne existe autrement que pour lui. Mais le problème, c’est que ces femmes en détresse sont souvent livrées à elles-mêmes et à ceux qui les détruisent, ne trouvent pas le soutien adéquat en cas de besoin et ce, malgré toutes les lois promulguées pour leur protection.
Il est donc temps d’assurer à toutes ces femmes la protection qu’il faut en réformant notre législation pour aligner le droit sur cette réalité et en mettant en place les mécanismes nécessaires pour enrayer ce calvaire.
De ce fait, il est urgent de combler les lacunes de notre législation, afin d’offrir à la police et à la justice une palette d’outils mieux adaptés à l’urgence et à la singularité des situations tels que la généralisation des centres d’hébergement au profit des femmes victimes de violence à travers tous les gouvernorats.