Le ministère de l’Éducation a précisé que dès la rentrée 2019-2020, aucun de ses enseignants ne pourra obtenir une autorisation d’enseigner des heures dans les écoles relevant du secteur privé. Les Commissariats régionaux à l’éducation (CRE) sont tenus de refuser toute demande dans ce sens et des sanctions sont prévues à l’encontre de tous ceux qui ne respecteront pas ces nouvelles dispositions. C’est-à-dire les enseignants, les CRE ou les institutions privées.
Dès l’annonce de cette nouvelle, les représentants de ces institutions ont réagi avec vigueur en qualifiant la mesure d’inopportune et d’injuste. Pour eux, elle serait malvenue car ils ne s’y sont pas préparés comme il se doit. Certains sont allés jusqu’à menacer de recourir à la justice pour que cette circulaire soit annulée.
Pourtant, le ministère de l’Education soutient qu’il ne s’agit, aucunement, d’une mesure surprise et que les parties concernées avaient été prévenues depuis l’année dernière, notamment, à travers des réunions au cours desquelles des P.V ont été signés par les participants. Autrement dit, le principe de ce désarrimage était acquis.
C’est pourquoi il serait illogique, aujourd’hui, de dire que cette mesure est unilatérale et parachutée. Les différentes parties ont été avisées suffisamment à l’avance et, selon le ministère, le temps nécessaire pour se préparer à cette éventualité avait été accordé.
Désormais ce secteur devra s’orienter vers d’autres solutions moins précaires et plus stratégiques. On ne pourra plus puiser, indéfiniment, dans le vivier du secteur étatique. Certes, il ne s’agira pas d’une rupture totale. Il pourrait y avoir une autre collaboration sous forme d’encadrement et de recyclage des personnels comme cela se fait dans d’autres secteurs.
Le ministère a affiché sa disposition à rester à l’écoute des établissements privés pour leur fournir l’aide technique dont ils ont besoin en matière de formation. En vérité, la dernière mesure vise beaucoup plus à donner une nouvelle approche dans le recrutement des diplômés du supérieur et de ne plus recourir aux solutions de facilité qui consistent à faire appel aux ressources publiques.
Dans ce cadre, les autorités cherchent à réorienter les responsables des écoles privées vers une solution pérenne et viable en créant un personnel permanent et fixe pour répondre à leurs besoins. S’il est vrai que le retrait massif des enseignants du public va créer un certain vide, il n’y aura pas de situation catastrophique. Le ministère continuera à apporter son soutien pour accompagner cette transition nécessaire.
Pour lui, la baisse de la qualité au niveau de l’enseignement est due, entre autres, à cette désaffection d’une partie de son personnel. Ce dernier se consacre, davantage, au privé au détriment de son vrai poste de travail. Les résultats enregistrés dans les écoles primaires privées sont meilleurs que dans le public alors qu’il s’agit, souvent, des mêmes enseignants.
Cette interdiction de cumuler des postes dans les deux secteurs devrait, d’après les estimations du ministère, redonner une impulsion supplémentaire aux capacités des enseignants. En se débarrassant de ce fardeau, ils auraient les mains plus libres de se consacrer davantage à leur principale fonction.
Du coup, ils permettraient le recrutement de plusieurs milliers de diplômés du supérieur qui ne demandent qu’à remplir cette mission. D’ailleurs un bon nombre d’entre eux manifestent leur acceptation de cette mesure.
A travers les réseaux sociaux, ils se disent heureux de voir cette circulaire entrer en application. Car elle leur permettrait d’obtenir un poste de travail et, en même temps, d’être à la disposition de leurs employeurs. Ces diplômés reprochent, en effet, le cumul des postes pour des enseignants en service alors qu’eux sont au chômage.
Bien sûr, la vraie question qui se posera aux établissements privés restera celle de l’expérience qui caractérise les cadres de l’étatique. C’est sur ce point précisément, que les discussions devront tourner dans les prochains jours. Les deux parties sont appelées à plus de coordination en vue de se mettre d’accord sur un passage en douce à une deuxième phase dans le secteur privé.
Les déclarations intempestives ou les menaces de recourir à la justice n’apporteront rien de bon. On sait qu’il y a beaucoup d’intérêts en jeu de part et d’autre. L’idéal serait de se mettre d’accord sur une meilleure issue possible. Selon les entrepreneurs du privé et les propriétaires d’établissements privés, il y aurait près de 140.000 élèves bénéficiaires de cet enseignement, sans parler de milliers d’autres enseignants.