Un livre attachant, qui se lit d’une seule traite, happe le lecteur par sa langue dialectale, pleine de poésie, son tempo imposé, le rythme des phrasés comme si c’était un livre audio et la voix de son auteur, Bahri Rahali résonne dans chaque page.
Il y a toujours quelque chose de magique dans les histoires du Kef, un voile enchanteur, un brin épicé où le quotidien se mélange au merveilleux, à la dérision… Des histoires pétries de terre et d’argile, de rêve et de phantasme, avec ou autour de personnages bien réels mais qui traversent le temps, transpercent le palpable pour donner à voir l’invisible.
Tant d’histoires à raconter autour du Kef, ville aux mille facettes, celle qui impose, à sa simple évocation, toutes les passions.
Bahri Rahali, comédien de son état, conteur par essence et mémoire vive d’un Kef aussi bien lointain qu’intime. Son Kef à lui est fait de contes et de chants, d’anecdotes et de mystères, de légendes et de souvenirs. La mémoire capte et retient, comble les brèches et construit sa propre réalité, et Bahri, dans le rôle du passeur, donne, à ces histoires, ses propres ingrédients. «Le Kef des merveilles est un livre attachant, qui se lit d’une seule traite, happe le lecteur par sa langue dialectale, pleine de poésie, son tempo imposé, le rythme des phrasés comme si c’était un livre audio. La voix et la tonalité de Bahri Rahali nous accompagnent dans chaque passage et les ruelles escarpées du haut Kef s’ouvrent à nous comme des brèches labyrinthiques, qui s’entrecroisent dans un tissu urbain plein de secret, jalousement cachées».
D’ailleurs ce livre—aux Ibn Arabi Éditions —de 170 pages semble être une histoire d’amour… Ces histoires que Bahri Rahali raconte à propos d’El Kef, qui se présentent comme une évidence dans l’écho des mots et le rythme du sens… C’est comme si ces histoires font partie de la biographie du conteur. C’est une union étrange et une vision particulière du point de vue de l’auteur. Préfacé par le cinéaste Semir Harbaoui qui écrit : « L’histoire n’est pas un fantasme. L’histoire est une réalité vécue par celui qui la raconte, qui en connaît les détours et les contours. Chaque page du livre est, à la fois, le présent et le passé. Le dramaturge Noureddine Ouerghi en retient la musicalité, il en fait un poème».
Un livre à lire à haute voix, l’effet en est immédiat, émerveillement par les sonorités, des yeux qui brillent par la magie du surprenant et un sourire qui se dessine sur les lèvres de celui qui lit en même temps que celui qui l’écoute.
Simple comme une évidence, attachant comme un air qu’on connaît, tendre comme un souvenir… le Kef des merveilles… pure magie d’un verbe qui sait dessiner des images.