C’est le vice-président Mohammad Mokhbar qui assume la fonction de président par intérim. Ali Bagheri Kani, chargé des négociations sur le nucléaire iranien et ancien secrétaire adjoint du Conseil suprême de sécurité nationale, a été nommé ministre des Affaires étrangères par intérim. Une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les cinquante jours.
Après plusieurs heures d’incertitude dans cette journée dominicale du 19 mai 2024, le régime de Téhéran a fini par confirmer la tragédie, le décès du président Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, à la suite d’un accident d’hélicoptère survenu près de la frontière avec l’Azerbaïdjan.
En effet, le président iranien, à la tête d’une importante délégation répartie sur trois hélicoptères, s’était rendu dans le nord-ouest du pays pour inaugurer, en compagnie du président azéri, Ilham Aliyev, un nouveau barrage construit conjointement entre les deux pays.
Mais si les deux autres hélicoptères ont pu regagner l’Iran, le troisième, celui du président Raïssi, n’était pas arrivé à destination, avant d’être retrouvé, près de 14 heures de recherches, « totalement calciné », selon le communiqué de Téhéran.
Maintenant, on regarde vers l’avenir de l’Iran dans l’attente d’éventuelles répercussions sur l’avenir de la région, une enquête a été ordonnée par le chef d’état-major des forces armées iraniennes, Mohammad Bagheri, « pour déterminer les causes du crash de l’hélicoptère présidentiel », comme l’avait annoncé l’agence de presse officielle, ISNA. Selon les premiers éléments, il ressort que l’épave de l’hélicoptère disparu, a été retrouvée hier, lundi, à l’aube sur le flanc d’une montagne qu’il aurait heurté pour une raison encore inconnue, alors que selon des médias, il aurait pris l’envol en dépit de conditions météorologiques difficiles.
La suite de l’accident tragique, les condoléances et les réactions ont afflué vers l’Iran. Dans ce cadre, le président de la République Tunisienne, Kaïs Saïed, a présenté, dans un communiqué publié tôt lundi matin, ses condoléances aux dirigeants et au peuple iranien frère.
Les condoléances ont afflué du monde entier
A travers le monde, et à quelques exceptions près, les réactions sont qualifiées de sobres ou ouvertement affligées. On mentionne, tout d’abord, celles des cinq grandes organisations régionales et internationales, à savoir, l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), l’Organisation des Nations unies (ONU), le Conseil de coopération du Golfe (CCG), l’Union européenne (UE) et l’Alliance atlantique (Otan).
A noter que la Chine a rendu un hommage appuyé au président défunt Ebrahim Raissi, qualifié de «bon ami », selon le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, dans le sens où il a apporté « d’importantes contributions au maintien de la sécurité et de la stabilité de l’Iran, à la promotion du développement national et de la prospérité, et a déployé des efforts pour consolider et développer le partenariat stratégique entre la Chine et l’Iran ».
Vladimir Poutine abonde dans le même sens en évoquant un « politicien remarquable et un véritable ami de la Russie, qui a apporté une contribution personnelle inestimable au développement des relations de bon voisinage entre les deux pays… ».
Les autres pays, de la France à la Pologne, en passant par l’Italie, la Grèce, l’Inde, la Malaisie, le Pakistan et le Kenya, sans oublier les mouvements du Hezbollah, du Hamas et des Houthis ont exprimé leurs condoléances plus ou moins nuancées.
Les répercussions de cette disparition tragique
La question qui se pose consiste à savoir comment se présente l’avenir de l’Iran et les perspectives politiques pour ce pays considéré comme « clé » dans les régions du Golfe et du Moyen-Orient.
Donc, qui succèdera à Ebrahim Raïssi, 63 ans et président de la République islamique d’Iran depuis 2021 ? Pour rappel, le défunt avait été chef du système judiciaire entre 2019 et 2021 et président de la Fondation religieuse Astan-e Qods Razavi, à qui incombe la gestion du 8e des Douze Imams du chiisme duodécimain dans la ville de Machhad, au nord-est de l’Iran. Cette fondation est, en raison de l’importance des fonds qu’elle gère, un acteur majeur de la vie religieuse, politique et économique de l’Iran.
Tenant d’une ligne ultraconservatrice, Ebrahim Raïssi était perçu comme un candidat potentiel pour remplacer le Guide Suprême de la Révolution islamique, en cas de décès d’Ali Khamenei.
Pour l’heure, c’est le vice-président Mohammad Mokhbar qui assume la fonction de président par intérim. Ali Bagheri Kani, chargé des négociations sur le nucléaire iranien et ancien secrétaire adjoint du Conseil suprême de sécurité nationale, a été nommé ministre des Affaires étrangères par intérim. Une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les cinquante jours.
La liste des personnalités mortes dans des crashs d’avion
En ces circonstances, si l’on jette un coup d’œil rétrospectif sur les précédents chefs d’Etat et gouvernement morts dans des crashs d’avion, le nombre est important.
-En mars 1959, le premier président de la République centrafricaine, Barthélemy Boganda, est tué dans l’explosion en plein vol de son Noratlas à 200 km au sud de Bangui, dans des conditions jamais élucidées.
-18 sept 1961 : Dag Hammarskjoeld, S.G. de l’ONU, est tué dans un accident d’avion dans la jungle de Zambie.
-27 mai 1979 : l’avion du Premier ministre mauritanien Ahmed Ould Bousseif disparaît en mer au large de Dakar.
-4 déc 1980 : le Premier ministre portugais Francisco Sa Carneiro et le ministre de la Défense Adelino Amaro de Costa sont tués dans l’accident de leur avion à Camarate, près de Lisbonne.
-24 mai 1981 : le président équatorien Jaime Roldos Aguilera et son ministre de la Défense périssent dans un accident d’avion au sud du pays.
-19 octobre 1986 : le premier président du Mozambique indépendant, Samora Machel, est tué avec 24 autres personnes dans l’accident de son Tupolev 134 au nord-est de l’Afrique du Sud.
-17 août 1988 : le président pakistanais Zia ul-Haq, plusieurs hauts responsables militaires pakistanais et l’ambassadeur américain au Pakistan périssent près de Bahawalpur (centre-est du Pakistan) dans un accident d’avion.
-6 avril 1994 : un Falcon 50 transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana, son homologue burundais Cyprien Ntaryamira et des hauts responsables des deux pays, est abattu en phase d’atterrissage à Kigali par des missiles sol-air, déclenchant le génocide tutsi au Rwanda.
-1er mars 2004 : le président macédonien Boris Trajkovski est tué avec quatre collaborateurs dans un accident d’avion dans le sud de la Bosnie.
-1er août 2005 : le leader du sud Soudan John Garang, vice-président du pays, se tue au Soudan dans l’accident de l’hélicoptère qui le ramène d’Ouganda.
-10 avril 2010 : le président polonais Lech Kaczynski et les principaux chefs de l’armée polonaise sont tués dans l’accident de leur Tupolev 154 qui s’écrase à l’atterrissage près de Smolensk, en Russie…