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Chroniques de la Byrsa: Le plus beau village de Tunisie

Il y a quelques jours, une télé française annonçait qu’un minuscule village de je ne sais plus quelle région de l’Hexagone a instauré des restrictions sur l’entrée de visiteurs pour cause d’asphyxie dans son périmètre de la circulation tant automobile que piétonne ! La cité, dont la population n’excède pas les 2.000 âmes, a été victime de son accession récente à la dignité de « plus beau village de France », enregistrant l’afflux de dizaines de milliers de visiteurs en un temps record. C’est dire l’importance à la fois de l’image d’un « article » touristique et de la manière de le promouvoir.

Un peu partout dans le monde, le tourisme est devenu l’un des principaux moteurs de la croissance économique. Pour rester en France, pays le plus visité au monde, il est considéré comme un secteur stratégique de l’économie avec un total de deux millions d’emplois dans le pays et environ 7,5% du produit intérieur brut. Chez nous, il tourne moins de 120 mille emplois et représente environ 3,1% de notre PIB.

Certes, la France est quatre fois plus vaste que la Tunisie. Certes, elle a été dotée de richesses patrimoniales, naturelles et culturelles, infiniment plus abondantes et plus variées que les nôtres. Mais des pays encore tout aussi riches si ce n’est davantage que la France à tous points de vue (je n’en veux que l’Inde pour exemple) sont loin d’enregistrer les mêmes performances. Dans le premier cas, nous avons affaire à un secteur savamment organisé, planifié, suivi de près par les autorités de tutelle ; dans le second, nous avons l’exemple d’une génération spontanée, forcément lacunaire et au rendement aléatoire. Et chez nous ?

Une croissance au coup par coup, segmentaire et incohérente

Chez nous, bien que lancé par une autorité centrale dans le cadre d’une politique planifiée, le tourisme s’est rapidement trouvé enserré dans une politique étatique souvent prisonnière d’impératifs contradictoires. D’où une croissance au coup par coup, segmentaire et incohérente. C’est pourquoi notre produit, en dépit des fanfaronnades de certains ronds de cuir, ne peut pas se comparer à certaines offres de la place touristique pourtant moins bien loties (pensez seulement à la minuscule Malte. Avec une superficie de 316 km² -moins vaste que Djerba- et un demi-million d’habitants, elle a accueilli 3 millions de visiteurs !)

Pour revenir au plus beau village de France, il est désigné, chaque année, par un vote populaire organisé à l’échelle nationale dans le cadre d’une politique destinée à instaurer une émulation parmi les petites communes aux moyens promotionnels limités pour les inciter à conserver et mettre en valeur leur patrimoine architectural et leurs savoir-faire pour attirer vers elles une part du flux touristique national et étranger. Inutile de dire que, s’agissant d’ « élection », les amateurs ratissent le terroir pour fixer leur choix, puis se rendent dans l’heureuse commune élue. D’où l’encombrement, mais aussi la corne d’abondance qui se déverse sur l’endroit ainsi que l’image dont il pourra se prévaloir longtemps pour maintenir son attractivité.

Alors, à quand le plus beau village de Tunisie ?

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Un commentaire

  1. Miled

    9 juin 2024 à 11:25

    Merci, si Tahar pour vos articles intéressants. C’est toujours bon d’espérer, mais l’état des lieux n’est malheureusement pas reluisant. Vue la dégradation du paysage urbain, nos villes et villages se ressemblent de plus en plus du nord au sud par la mocheté. Même les quelques carrés qui faisaient l originalité ont été défigurés par les étals anarchiques, les fameux Kochks » en aluminium le stationnement anarchique, le squat et l’insalubrité. On s’est installé dans du sur-place « segguédi » en tout comme si on construit des baraques de fortunes, pour une période de 10 ans.

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