Du 6 au 9 juin 2024, 360 millions d’Européens ont été appelés aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement européen. Ce scrutin, marqué par une forte poussée des partis de droite et d’extrême droite, a plongé dans le désarroi de nombreux citoyens, y compris les Tunisiens résidant en Europe.
Ces résultats soulèvent des inquiétudes particulières pour les immigrés, notamment les Tunisiens, qui pourraient voir leur situation se compliquer en raison de nouvelles politiques restrictives. Environ 2 millions de Tunisiens vivent en Europe, représentant 78,8 % des Tunisiens expatriés.
Dans les coulisses des médias, sur les fils des commentaires des réseaux sociaux ou dans les arènes politiques post-électorales, une voix retentit, qu’elle soit européenne de souche, binationale ou immigrée.
Elle clame haut et fort son analyse des résultats électoraux : « Ce scrutin a ébranlé le paysage politique européen comme jamais auparavant ». Cette proclamation, qui résonne à travers les réseaux sociaux et les débats animés, met en lumière la portée historique de ces élections.
Cependant, derrière le tumulte des discussions, émerge une réalité incontestable : ces résultats, bien que révolutionnaires, soulèvent également des défis majeurs. Les enjeux sont sérieux et les décisions à venir auront un impact profond sur la cohésion sociale et politique de l’Europe.
Les résultats des élections européennes de 2024 annoncent un changement significatif dans la composition du Parlement européen.
Les droites nationalistes et souverainistes devraient désormais occuper plus d’un quart de l’hémicycle, tandis que les conservateurs voient leurs rangs progresser et que les libéraux subissent des pertes importantes.
À gauche, les sociaux-démocrates semblent résister, mais les Verts connaissent un effondrement inquiétant.
Cependant, ces changements pourraient avoir des répercussions sur le processus législatif au Parlement européen. Dans le passé, l’extrême droite a parfois perturbé voire bloqué l’adoption de lois, notamment sur des questions sensibles telles que l’immigration ou les droits de l’homme.
Avec leur renforcement attendu, il est possible que les partis d’extrême droite cherchent à amplifier leur influence et à exercer un blocage plus important sur les législations futures. Cela pourrait conduire à des tensions accrues et à des difficultés dans la prise de décisions au sein du Parlement.
En dressant un panorama des résultats par pays :
En France, le Rassemblement national (RN), mené par Jordan Bardella, a remporté une victoire éclatante avec 31,36 % des urcharges.
Ce succès de l’extrême droite, doublé de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, laisse présager des politiques plus strictes en matière d’immigration. La majorité présidentielle a été reléguée à la seconde place avec seulement 14,6 % des voix, ce qui pourrait inciter le gouvernement à durcir ses positions pour regagner du terrain.
En Allemagne, les sociaux-démocrates ont connu une défaite majeure, ne recueillant que 14 % des voix. Les chrétiens-démocrates ont obtenu 30 %, mais l’extrême droite, avec 15 %, continue de progresser. Cette montée en puissance pourrait mener à des politiques plus restrictives envers les immigrés.
En Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ a remporté plus de 25 % des voix, surpassant les conservateurs et les sociaux-démocrates. Ce résultat pourrait renforcer les mesures contre l’immigration dans un pays déjà connu pour ses positions rigides.
En Espagne, le Parti populaire a gagné de justesse contre les socialistes, et l’extrême droite de Vox a doublé son score. Au Portugal, bien que les socialistes aient gagné, l’entrée en scène de Chega, un parti d’extrême droite, pourrait influencer les politiques migratoires du pays.
La Scandinavie reste une exception, avec une majorité de députés de gauche élus, tandis qu’en Hongrie, le Fidesz de Viktor Orban a conforté sa position dominante. Les politiques restrictives de la Hongrie vis-à-vis des immigrés sont bien établies et ne devraient pas changer.
En revenant aux échanges entre l’Union européenne et la Tunisie : Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie a engagé un processus de transition démocratique, trouvant un allié majeur dans l’Union européenne (UE).
Depuis novembre 2012, la Tunisie bénéficie du statut de partenaire privilégié de l’UE, illustrant un engagement mutuel à promouvoir la démocratie et la stabilité politique.
Au cœur de cette relation réside l’Accord d’Association entré en vigueur le 1er mars 1998. Ce traité vise à établir une zone de libre-échange entre les deux parties, favorisant les échanges commerciaux et les investissements.
Cependant, la collaboration ne se limite pas au commerce. En juillet 2023, un partenariat stratégique a été signé, couvrant une gamme étendue de domaines. Cela inclut la promotion de la stabilité économique, le renforcement des relations commerciales, la transition vers des sources d’énergie durables, et la gestion des flux migratoires. Cette relation privilégiée entre l’UE et la Tunisie reflète un engagement mutuel à promouvoir la prospérité, la stabilité et le développement durable dans la région méditerranéenne.
Maintenant ce qui préoccupe les Tunisiens vivant en Europe, c’est la montée des partis de droite et d’extrême droite. Ces partis prônent souvent des politiques anti-immigration qui pourraient réduire les droits des immigrés, compliquer les procédures d’asile et d’intégration, et renforcer les contrôles aux frontières. Les initiatives visant à limiter l’accès aux services sociaux et à durcir les conditions de résidence pourraient devenir plus fréquentes pour les Tunisiens résidants en Europe.
Les élections européennes de 2024, marquées par la montée en puissance des partis de droite, posent un défi considérable pour les immigrés en Europe, notamment les Tunisiens. Cette transformation politique met en péril les droits et la sécurité des immigrés dans une Europe en mutation.
En France, les tensions sont palpables : militants propalestiniens, migrants et Arabes sont confrontés à des obstacles, allant de la liberté d’expression aux discriminations professionnelles.
De nombreux Tunisiens subissent le racisme, remettant en question les fondements de la devise républicaine française.
Face à ces défis, beaucoup envisagent de quitter la France voir le vieux continent, et se disent prêts à retourner en Tunisie si les procédures administratives s’allègent, ou à s’installer dans des pays arabes ouvrant de meilleures opportunités.
Par Refka CHAIBI – Paris