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Netanyahu, naufrage en vue

Editorial La Presse

 

C’était inéluctable, Netanyahu devait dissoudre son cabinet de guerre. Ce navire- cellule qui avait été construit au début de l’offensive israélienne à Gaza devait se fissurer et prendre de l’eau, tant sa conduite  fut hasardeuse, soumise aux ordres d’un chef sans autre vision que tuer. Les signes avant-coureurs ont commencé quand l’ancien chef d’état-major Benny Gantz (considéré comme l’interlocuteur responsable et privilégié du président Biden) a été invité en mars à Washington pour étudier une initiative de l’« après-guerre ». La semaine dernière, appuyé par les manifestations quotidiennes demandant la démission du gouvernement, ajoutées aux pressions internationales, après moult discussions, Gantz a donné sa démission, affichant ses ambitions politiques, en appelant à mettre fin aux opérations militaires à Gaza et à la tenue d’élections anticipées.

Avec son principal allié, Gadi Eisenkot, il a quitté le cabinet de guerre pour protester contre l’incapacité du chef du gouvernement à élaborer une stratégie pour terminer la guerre dans la bande de Gaza. Ces démissions ont, comme prévu, eu un effet sur la population, provoquant un élan de protestations intensives. Lundi 17 juin au soir, au lendemain de la fête de l’Aïd, des milliers d’opposants aux massacres et à l’occupation, principalement à Al Qods, ont manifesté à proximité de la résidence de Netanyahu et de la Knesset (Parlement), pour exiger à leur tour la tenue d’élections anticipées. Le bourreau de Gaza se retrouve donc seul (« nu », disent les médias) face à ses contradictions, non seulement seul et nu, mais dépendant de son extrême droite, laquelle l’incite à exterminer les populations palestiniennes, en le menaçant de démissionner. Des observateurs indiquent qu’il n’y a quasiment plus de dialogue entre eux et Netanyahu. Cet acte de départ des deux figures de l’opposition, de portée significative, portera-t-il le coup fatal à la survie du gouvernement actuel et débarrassera-t-il le pays de l’ère Netanyahu ? Il est peu probable que le bourreau quittera le pouvoir, sans tuer encore et encore.

Décidément, hors les murs, tous ces débats et tractations de « cour » ne nous font pas oublier le calvaire que vivent les populations de Gaza, qui, pendant ces jours de célébration de la fête de l’Aïd, n’avaient pas le cœur à la fête. Comment, en effet, être à la fête avec plus de 37 000 morts et des milliers de blessés ? De plus, des frappes israéliennes ont été annoncées sur les territoires palestiniens (sources : témoins.)

Tambour battant, les hauts responsables du monde ont applaudi la pause, fût-elle de courte durée, sur un tronçon routier, allant de l’extrémité sud jusqu’à l’hôpital européen de Rafah.

L’ONU a, de son côté, salué l’annonce et demandé que cette pause conduise à d’autres mesures concrètes pour faciliter les livraisons, et réclamé une nouvelle fois la levée de tous les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire. L’appel sera-t-il entendu ?

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