Le fonctionnement des servies des urgences et la nature des prestations fournies requièrent une législation adéquate, d’où les appels réitérés périodiquement par des figures influentes qui ne cessent de réclamer l’élaboration d’une loi spécifique portant sur la violence dans les hôpitaux et surtout dans les urgences, en vue d’y renforcer les mesures de sécurité.
Le phénomène de la violence dans les établissements hospitaliers publics est récurrent, notamment dans les services des urgences, laissant planer un grand malaise parmi le personnel médical et paramédical ainsi que chez les patients se trouvant sur les lieux.
Il s’agit d’un véritable fléau qui se trouve, chaque année, à l’origine d’un grand nombre d’altercations génératrices de blessures plus ou moins graves, voire carrément de pertes en vies humaines, comme cela a été le cas lundi 17 juin 2024.
C’est le secrétaire général de la Fédération générale de la santé, Hassan Ben Othman Mezni, qui a confirmé la triste nouvelle, en fournissant des détails sur les péripéties de ce nouvel incident mortel.
Une violente altercation et un médecin décédé
En effet, dans une déclaration à une radio de la place, il a rapporté que le médecin défunt « est décédé à l’hôpital de circonscription de la Cité Ettadhamen, après avoir fait l’objet d’une agression par un groupe de citoyens sur les lieux, alors qu’il tentait de venir au secours d’un collègue subissant une attaque violente ». Et d’ajouter que la victime a fini par succomber à une crise cardiaque qui l’a foudroyé à la suite d’une grande colère générée par les échanges violents entre le personnel médical et les agresseurs pour des motifs qui restent à définir dans l’attente des résultats de l’enquête ouverte à ce sujet.
En l’absence d’une explication fournie par les officiels du ministère de la Santé publique, on se limite à la version présentée par le responsable syndical qui déplore le manque d’équipements adéquats à l’hôpital, ce qui a nécessité une prise de contact avec des unités de la Protection civile pour transporter le médecin. Mais c’était, hélas, trop tard !…
Cet incident prouve une fois de plus, aussi paradoxal que cela puisse paraître, que ce sont les personnels médical et paramédical des services des urgences qui sont le plus confrontés aux agressions violentes, s’agissant d’unités de première ligne pour traiter les patients, notamment de nuit, les dimanches et les jours fériés et les plus exposées aux violences verbales et physiques.
Sans oublier que ces plages horaires sont marquées par une recrudescence des accidents de la route, des rixes et attaques à l’arme blanche, ce qui entraîne des blessures assez graves et même des cas de décès.
Pour une loi spécifique
Or le fonctionnement des services des urgences et la nature des prestations fournies requièrent une législation adéquate, d’où les appels réitérés périodiquement par des figures influentes, telles que Samir Abdelmoumen, médecin principal, régulateur du SAMU, qui ne cesse de réclamer l’élaboration d’une loi spécifique portant sur la violence dans les hôpitaux et surtout dans les urgences, en vue d’y renforcer les mesures de sécurité, surtout que ce sont les femmes qui sont majoritairement concernées par les violences verbales et physiques dans les hôpitaux.
D’ailleurs, le chiffre qu’il avait présenté depuis un peu plus de cinq ans peut faire l’objet d’une matière à une profonde réflexion. Qu’on en juge : « Sur 12 millions de Tunisiens, 6.5 millions se présentent, chaque année, aux services des urgences, soit une moyenne 3 fois supérieure à celle mondiale, sachant qu’en Tunisie, on compte près de 200 services des urgences, 600 médecins urgentistes, des milliers de paramédicaux et 850 ambulances ».
Le ministère de la Santé a souvent mené des actions conjuguées avec les services de sécurité pour prévenir ce genre d’actes violents menaçant l’intégrité morale et physique du personnel médical et des patients, ainsi que leur droit à la santé, tout en poursuivant en justice les auteurs de ces agressions.
Les études effectuées par les services gouvernementaux font apparaître des chiffres alarmants à propos de ce fléau sévissant dans les hôpitaux publics en Tunisie où les autorités compétentes sont déterminées à mettre en place une stratégie à la fois préventive et efficace.