Des femmes entrepreneures, distinguées et déterminées à faire bouger les lignes pour un avenir plus vert, ont été à l’honneur lors de la 8e édition de la conférence «Notre belle Tunisie» qui s’est tenue récemment au siège de l’Utica à Tunis.
Organisé par la Chambre régionale à l’Ariana des femmes cheffes d’entreprise relevant de l’Utica en partenariat avec le Centre international des technologies de l’environnement (Citet), la 8e édition de la conférence «Notre belle Tunisie», qui s’est tenue récemment au siège de l’Utica à Tunis et qui fait la part belle à l’entrepreneuriat féminin écologique, a été, également, l’occasion de dévoiler les lauréates du concours «Vert’Elle» organisé en marge de cette édition pour célébrer le succès des femmes cheffes d’entreprise dans les domaines écologiques.
Des idées innovantes et nouvelles
14 entrepreneures et startuppeuses, retenues parmi plus d’une soixantaine de candidates, ont pu présenter leurs projets devant un auditoire suspendu à leurs lèvres et ébloui par tant d’idées innovantes et nouvelles.
«Si tant de femmes font la différence dans ce domaine, c’est parce que le concept de durabilité nous touche particulièrement.
Nous, les femmes qui mettons au monde les générations qui peuplent la Terre, nous n’avons qu’une seule planète pour y vivre. Il faut savoir la préserver», a ainsi souligné la présidente de la Chambre, Syrine Dimassi, lors de l’ouverture de l’événement.
Avant les pitchs, un panel de discussion rassemblant des spécialistes de l’entrepreneuriat écologique et vert a eu lieu et a permis grâce aux débats riches de mettre en avant les difficultés rencontrées par les femmes qui veulent se lancer dans ce domaine. Intervenant à cette occasion, le représentant du réseau national des pépinières d’entreprises de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii) a mis l’accent sur les freins qui empêchent les femmes de poursuivre jusqu’au bout leurs aventures entrepreneuriales.
En effet, ce sont les chiffres qui laissent entrevoir l’inégalité des chances entre hommes et femmes au fil du parcours entrepreneurial : alors que les femmes représentent plus de 52% des entrepreneurs en phase de démarrage, elles n’en constituent que 35% à la phase de concrétisation. «Nous ne disposons pas de programme d’accompagnement spécifique aux femmes. Ces chiffres-là montrent clairement que nous avons besoin de mettre en place des programmes dédiés aux femmes entrepreneures. Actuellement, l’écosystème offre des programmes standards qui ne sont pas basés sur le genre», a-t-il commenté.
Une place dérisoire !
De son côté, Sami Meddeb, président de l’Association racines et développement durable, a souligné, qu’indépendamment de la question genre, le secteur de l’économie verte, d’une manière générale, représente une opportunité de travail, d’emploi et de création de richesses pour la Tunisie.
Selon lui, les défis environnementaux liés à la dynamique du développement sont extrêmement importants et peuvent être transformés en opportunité. Il a par ailleurs ajouté que les femmes sont instinctivement portées sur la question environnementale.
La présence de la femme lors des débats, réunions et conférences qui traitent de cette question témoigne, selon ses dires, de l’intérêt qu’elle porte à la question du capital naturel d’une manière générale et à la nature et à sa préservation. «Paradoxalement à cela, lorsque nous voyons la place que la femme occupe aujourd’hui, en Tunisie dans le domaine de l’économie verte, c’est une place dérisoire. Et même lorsque la femme occupe une place dans les affaires d’environnement, c’est généralement dans des aspects relativement secondaires en matière économique à faible valeur ajoutée», a-t-il estimé.
Meddeb a ajouté que l’accès au financement figure parmi les principaux freins qui réduisent les chances des femmes à mettre sur pied leurs propres projets. Un exemple qui illustre cette réalité : les crédits bancaires. 83% des crédits de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (Bfpme) sont octroyés à des entrepreneurs hommes.
«La femme est entravée à tous les niveaux pour occuper une place dans le domaine du business d’une manière générale et particulièrement dans celui de l’environnement alors qu’elle peut constituer une opportunité extrêmement importante et un espace de démonstration de ce qu’elle peut apporter à ce niveau-là», a-t-il soutenu.