Au début du siècle dernier, c’était un tout autre type de véhicule qui circulait à travers les artères de la capitale : fiacres, tramways, trolleybus…représentaient une véritable attraction et ont apporté leur touche d’élégance au paysage urbain de l’époque avant de définitivement disparaître…..
Bien avant les bus, les métros de la Transtu et les taxis, un moyen de transport occupait une place prépondérante dans la ville européenne ainsi que la médina et ses faubourgs ; il s’agit du fameux fiacre qui sera, par la suite, progressivement supplanté par le tramway, le trolleybus et les taxis BB à la fin des années cinquante. Cet élégant véhicule tiré par des chevaux, qui stationnait au port de France, sillonnait les ruelles de la médina avec à son bord des clients qui prenaient ce moyen de transport pour rendre visite à leurs proches ou faire leurs courses au centre-ville. Ces calèches ou carroussa, comme ils étaient communément appelés dans le dialecte tunisien, faisaient partie du paysage urbain et ont, pendant longtemps, constitué le principal moyen de locomotion avant que les véhicules hippomobiles et électriques ne prennent le relais. Sur une ancienne carte postale de la ville de Tunis, il est possible de voir ces fiacres alignés de part et d’autre du trottoir se trouvant au milieu de l’avenue de France.
La transformation et la modernisation urbaine de la ville de Tunis, l’évolution du mode de vie des citoyens, l’avènement des loisirs et l’instauration d’une dynamique commerciale sur les grandes artères de la ville de Tunis se sont, par la suite, naturellement accompagnés de l’extension et de la modernisation du réseau des transports. Fondée par Joseph Colson, la Société anonyme des tramways de Tunis voit le jour à la fin du XIXe siècle. Des lignes de tramways tractés par des chevaux sont créées au sein de la ville européenne. Quatre principales lignes desservent les faubourgs de la vieille ville. Conduits par des chauffeurs d’origine maltaise, livournaise…, des tramways assurent la liaison entre Bab el Jedid et Bab Bhar. La seconde ligne permet de se rendre de Bab Bhar à Bab Souika, la troisième de Bab Jdid à Bab Souika et la quatrième, qui assure la liaison entre Bab Bhar et l’avenue de la Marine, conduit jusqu’au port qui se trouve au bout de cette avenue (actuelle avenue Habib-Bourguiba). Quant à la cinquième ligne, elle assure la desserte entre Bab Bhar et Bab el Khadhra. Ce réseau va passer, par le biais de la ville de Tunis, sous le contrôle de la Compagnie générale française des tramways (Cgft) qui gérera pendant près de cinquante ans le principal moyen de transport collectif dont le nom est légèrement déformé et prononcé «tronfay» par les usagers du tramway.
Trolleybus et autobus
L’avènement de l’électricité en Tunisie va s’accompagner ensuite de l’électrification progressive et du développement du réseau de transport et de l’apparition des premiers tramways électriques ou trolleybus qui vont remplacer les tramways tractés. Au cours de la période de l’entre-deux guerres, de nouveaux moyens de transport collectif vont voir le jour à Tunis. A partir de 1930, les premiers autobus sillonnent les rues de Tunis. Une ligne a été créée pour assurer la liaison en boucle entre la Rue de Rome, Franceville et Mutuelleville. Une seconde ligne dessert le quartier de Montfleury. Quant au trolleybus géré par la Compagnie des tramways de Tunis, il assurait la liaison entre la porte de France et Montfleury. D’autres lignes et circuits ont été également créés et desservis par les tramways, les trolleybus et les autobus.
Après la Seconde Guerre mondiale, avec la création et l’aménagement de nouveaux quartiers et zones urbaines dans la ceinture périphérique de la ville de Tunis, des lignes d’autobus vont desservir les nouvelles zones d’El Omrane, El Menzah et La Cagna… avec pour point de départ la Porte de France pour certaines lignes. Après les fiacres, les tramways, les trolleybus et les autobus, un nouveau mode de transport collectif urbain, autre symbole de la modernisation de la ville de Tunis, va faire son apparition entre 1950 et 1970; ce sont les fameux taxis BB qui sont conduits par d’anciens cochers de fiacre maltais reconvertis en chauffeurs de taxi. Dans les années 80, les voies ferrées des tramways et des trollaybus vont être définitivement remplacées par les voies du nouveau métro, le fameux lézard vert.
Pourtant, le tramway, qui a fait pendant très longtemps partie du paysage urbain de la ville de Tunis, aurait pu renaître de ses cendres et devenir, à l’instar du tramway d’Istanbul, une attraction touristique permettant aux passants et aux touristes de faire le tour du centre-ville dans un véhicule «propre» et «écologique».