LES festivals ! C’est la saison, et chaque saison apporte son lot de critiques et de polémiques, mais peu de surprises. Peu de surprises parce que nous avons l’impression que ça ronronne quelque part encore, qu’on retrouve les mêmes noms, la même mécanique à cause des mêmes imprésarios et « chasseurs de primes » que certains qualifient de « mercenaires » ou tout simplement parce que les organisateurs ont du mal à innover. Mais reconnaissons aussi que depuis que la carte de la rentabilité des spectacles est sur la table, les festivals internationaux tunisiens font osciller leur pendule entre le divertissement et l’aspect artistique qui élève le goût du public et du peuple en général.
Car en fin de compte, comme l’a rappelé dernièrement le Chef de l’Etat, les festivals sont faits justement pour rehausser le goût des Tunisiens. Pas besoin de rappeler les grosses pointures qui ont foulé nos scènes internationales et qui ont fait des soirées estivales, un véritable moment de communion avec l’art. Et c’est vrai que le goût d’un peuple, ça se travaille ! Et avant tout par la voie de la musique qu’il écoute et de la magie des mots qui habillent les notes. Ça, les organisateurs de festivals le savent très bien, mais on ignore pourquoi ils se sont mis à penser qu’il faut rentabiliser les festivals et faire du chiffre, alors qu’il y a déjà la subvention de l’Etat pour assurer les spectacles. Insuffisante ? Oui mais les artistes qui vous cisèlent le goût du peuple ne sont pas coûteux, seuls les artistes qui remplissent les gradins coûtent très cher. Là, force est de le croire, les organisateurs se trouvent devant un véritable dilemme cornélien. Divertir ou instruire ? Pas évident de réussir cet équilibre de funambule ! Le plein air a-t-il besoin d’airs de folie et de l’aspect festif ? A une certaine époque non ! Les Tunisiens faisaient la différence entre les festivals et les fêtes de mariage où il s’agit de lâcher la bride. A une époque aussi où les codes étaient clairs, et c’est ce qui faisait du Tunisien un citoyen avec un minimum décent de discipline qu’il a perdu hélas aujourdhui.
L’époque est au futile ? Soit ! Mais supposons que les organisateurs aient choisi de jouer la carte de la rentabilité et de miser sur de vraies vedettes qui facturent leurs passages lourdement, pourquoi n’ont-ils pas fait de nos festivals une destination touristique ? C’est-à-dire vendre leur programmation à travers des agences de voyages dans le cadre d’une visite en Tunisie.
C’est le cas de beaucoup de festivals tels que Mawazin, pour ne citer que celui-ci qui attire des milliers de touristes. Une nouvelle vision pour nos festivals est appelée à se développer dans l’urgence pour qu’on sache sur quel pied danser : festivals ou animation estivale ?