La diva libanaise Carole Samaha est revenue sur scène à Hammamet après 16 ans d’absence. Exaltée, emportée, passionnée, elle a livré un concert inédit lors de la 58e édition du Festival International qui se tient cette année du 5 juillet au 3 août.
En partageant plus de 20 ans de tubes inoubliables avec son public, la star a chanté aussi bien l’amour et ses variations que ses hymnes d’espoir et de résilience. Une chose est sûre : elle a su reconquérir le cœur de ses fans par ce spectacle à guichets fermés!
Une voix et une prestation scénique au-delà de toute attente
Cris et applaudissements se faisaient déjà entendre même avant l’arrivée de Carole Samaha sur scène. Lorsque les spectateurs l’ont finalement vue débarquer sur les airs de «Insa Hmoumak», ils se sont instantanément levés d’un bond pour l’accompagner en chœur et danser. Ce titre qui incarne l’amour de la vie résume bien l’énergie positive transmise par la chanteuse. On peut l’affirmer : elle a su charmer sa foule, et ce, dès les premiers instants. La diva a entamé tout de suite son spectacle avec sa voix puissante et maîtrisée qu’on lui connaît. De «Ana albi lih hasses awi», bande originale d’un film égyptien célèbre, à «Khalik b’halak», en passant par «Ghali Alieh», «Jit», et son incontournable duo avec Marwan Khoury «Ya rab», elle a offert au public un survol exhaustif de son répertoire truffé de succès. Des tubes rythmés aux mélodies d’amour, ses textes, dont la plupart sont écrits par elle-même, incarnent la force féminine et l’espoir. «Des paroles qui reflètent ma personnalité», nous a-t-elle confié après le spectacle. Le public a témoigné toute son affection à la chanteuse, saluant bruyamment les notes assurées et solides qu’elle a poussées tout au long de la soirée. La voix de la star libanaise est toujours porteuse de grandes émotions qu’elle transmet avec beaucoup d’intensité, pour le plus grand plaisir d’un public conquis d’avance. Chacune des envolées vocales spectaculaires et presque surhumaines de Carole Samaha ont été suivies d’une cascade d’applaudissements, tout comme pour ses mouvements de danse.
Ancienne disciple des Rahbani et ayant démarré sa carrière avec les comédies musicales, sa maîtrise des arts de la scène est incontestable. Carole Samaha, qui fêtera ce mois son 52e anniversaire, conserve toujours un charisme fou sur scène. Alors que les «Mahlek Carole !» ont fusé à plusieurs reprises, la foule a vu la star s’approcher pour recueillir elle-même les machmoums qui lui ont été offerts par les spectateurs aux premières loges et même prendre le téléphone d’une fan pour un enregistrement en plein live. C’était un des moments particulièrement touchants de la soirée. Il faut dire que l’architecture du théâtre de Hammamet favorise la création de cette ambiance très intimiste, ce qui a été souligné par la chanteuse elle-même après le concert. Cette complicité et cette affection étaient palpables en voyant le public reprendre par cœur tous les titres de son ancien et son nouveau répertoire, dont même «Idh’hak ya albi», sortie il y a à peine trois semaines et qui figurera sur son album «Anything goes» à paraître au mois de septembre prochain.
Avant de quitter, elle s’est faite franchement émouvante avec «Talaa fie hayk», livrée assise, sans musique d’abord, où sa puissance vocale a particulièrement bien servi, laissant son public sans mots. Pour clôturer la soirée, la foule s’est levée pour danser sur «Fawdha», suivie de tonnerres d’applaudissements.
Bien plus qu’un simple concert, cette prestation d’une heure et demie est le témoignage d’un amour bel et bien réciproque entre Carole Samaha et le public du Festival international de Hammamet, et qui est destiné à durer encore longtemps.
Pourquoi ne voit-on pas autant de chanteurs d’un aussi haut niveau dans nos festivals ?
Si Carole Samaha nous a bel et bien donné une performance puissante, d’autres interprètes ont fait des spectacles fades, commerciaux, où le manque de talent est plus que flagrant. Après le concert, on lui a posé des questions sur les raisons de son absence des grands festivals de notre pays, malgré son énorme succès sur le théâtre de Carthage il y a 5 ans. «Je n’ai décliné aucune invitation des organisateurs tunisiens. Si je ne suis pas parmi vous, c’est qu’on ne m’invite pas et ça me déçoit continuellement», a-t-elle lancé, à la grande surprise des journalistes présents. Cette déclaration doit nous amener à réfléchir sur la programmation des grands évènements culturels tunisiens. Le concert de Carole Samaha s’est déroulé sans artifices sophistiqués. Une scène dépouillée qu’elle partage avec choristes et musiciens, rien de plus. Elle fait partie de ces artistes qui n’ont nul besoin de jeter de la poudre aux yeux pour épater et émouvoir et dont la seule voix suffit. Qu’est-ce qui nous empêche alors de les voir plus souvent ? Des raisons budgétaires, dira-t-on, alors que leurs compatriotes multiplient les apparitions et leurs rendez-vous musicaux se succèdent même en dehors de la saison estivale. Il faut avouer que ces dernières années étaient marquées par une minorité de prestations de haut niveau, même si les chanteurs incontournables, qui se démarquent par leur talent et qui l’allient bien avec le succès commercial, ne manquent pas. Le public a vraiment soif de cette bonne musique et les sold out en sont une bonne preuve. Espérons voir cette tendance s’inverser prochainement.