Accueil A la une Economie d’eau : La sensibilisation ne suffit pas !

Economie d’eau : La sensibilisation ne suffit pas !

 

Ils sont nombreux ces responsables et ces experts à exprimer leurs craintes à propos de la gravité du problème de la raréfaction des ressources en eau. Ils ont beau alerter, il semble qu’ils prêchent dans le désert.

Bien des approches sont envisagées pour apporter des réponses aux dangers qui sont à nos portes. Mais, à bien y voir, l’efficacité de ces approches laisse à désirer.  D’où la conviction que seules des solutions radicales sont capables de limiter, un tant soit peu, la gravité du problème.

Des milliers de factures impayées

Malgré tout, on voit encore des gens gaspiller l’eau à grande échelle. Il y a ceux qui continuent à arroser sans la moindre gêne. D’autres lavent à grande eau leurs voitures.

Les usages domestiques ne respectent aucune limite. En un mot, la rationalisation de la consommation de l’eau ne signifie rien pour eux.

Ne parlons pas de ceux qui exploitent cette ressource précieuse à outrance par les forages clandestins, au point que l’on en compte, aujourd’hui, des dizaines de milliers. Il y a, également, ces voleurs qui se raccordent illicitement au réseau de la Sonede, ainsi que les abonnés récalcitrants qui profitent de la manne sans être inquiétés outre mesure. Pis encore, ils ignorent de régler leurs factures. A ce sujet, on ne comprend toujours pas pourquoi la société laisse faire et n’exige pas le règlement des milliers de factures impayées qui lui causent de  lourdes pertes.

Et la liste est trop longue pour ces gens qui n’ont pratiquement aucun sens du civisme. Mais  il y a, il faut le dire, ceux qui ne mesurent pas l’importance de cette économie.

Le temps de l’abondance est révolu. De même, les baignoires pleines à ras-bord font partie du passé. Car, un bain c’est une capacité entre 150 et 200 litres, selon les données de la Sonede. Idem pour le gaspillage immodéré de l’eau à gauche et à droite. Ça fait mal au cœur de voir l’eau couler à flots.

Des mesures concrètes

Toutes ces anomalies et tous ces comportements montrent que la sensibilisation à elle seule ne suffira pas.  Diverses parties sont impliquées dans cet énorme gaspillage. Et toute la bonne volonté du monde ne parviendra pas à y mettre fin. Ce n’est que par des actes concrets et des mesures dissuasives et réelles que ce phénomène pourra être ralenti et permettra de limiter les dégâts.

Tant que le consommateur insouciant n’est pas touché directement dans son portefeuille, il ne changera pas de sitôt son comportement. Aussi, l’une des solutions que nous préconisons serait-elle de frapper là où ça fait mal, vraiment  mal. C’est-à-dire dans son portefeuille. On le sait pertinemment. Cette mesure est toujours impopulaire. Les responsables évitent d’y recourir. La question, elle-même, relève du tabou.

Cela peut se comprendre. Mais, devant la situation plus que critique dans laquelle on se trouve, une réaction énergique s’impose. Depuis longtemps, la Sonede utilise dans ses factures le système des tranches. En fait, sur les 6 paliers nous constatons que le premier est réservé aux couches dites sociales. Un plafond de 20 m3 leur est dédié à raison de 200 millimes le m3. En d’autres termes, le litre revient à 5 millimes. Et dire que l’on n’hésite pas à acheter le litre d’eau en bouteille jusqu’à 100 fois son prix et même plus. Il n’est pas dans notre intention de discuter de la qualité de l’eau du robinet, mais plutôt de sa disponibilité.

Si on veut que cette ressource dure, il faut la protéger. D’ailleurs, le coût actuel de l’eau est particulièrement bas en Tunisie par rapport à beaucoup d’autres pays. En augmentant les prix de consommation d’eau pour les tranches 2 ou 3 jusqu’à  6 il serait possible d’exercer la pression nécessaire pour cette catégorie de personnes qui n’est pas près de   se rendre à l’évidence.

C’est à contrecœur que nous suggérons ce dernier recours. Car ce serait, tout simplement, agir dans le bon sens et s’engager sur la bonne voie. Faut-il franchir le pas ou laisser faire ? L’hésitation a-t-elle, encore, sa place dans la perspective de l’adoption de mesures indispensables et exceptionnelles ? Laissons le bon sens se prononcer à notre place.

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