Dans sa dernière mise à jour des perspectives économiques mondiales, le Fonds monétaire international (FMI) parle d’une croissance inchangée dans l’ensemble, et ce, dans un contexte d’inflation persistante des prix des services.
La croissance mondiale devrait être conforme aux prévisions présentées dans l’édition d’avril 2024 des Perspectives de l’économie mondiale (PEM), à savoir 3,2 % en 2024 et 3,3 % en 2025, c’est ce qu’affirme la dernière mise à jour publiée récemment par le FMI.
Les risques d’accélération de l’inflation se sont accrus
«Toutefois, le dynamisme variable de l’activité au début de l’année a quelque peu réduit les divergences de production entre les pays, sous l’effet d’une atténuation des facteurs cycliques et d’une meilleure adéquation de l’activité avec son potentiel. L’inflation des prix des services freine les progrès de la désinflation, ce qui complique un retour à la normale de la politique monétaire. Les risques d’accélération de l’inflation se sont ainsi accrus, ce qui laisse entrevoir des taux d’intérêt plus élevés pour encore plus longtemps, dans un contexte d’escalade des tensions commerciales et de plus grandes incertitudes en matière de politique économique. Pour gérer ces risques et préserver la croissance, il convient d’échelonner soigneusement le dosage de mesures afin de stabiliser les prix et de reconstituer les réserves qui se sont réduites», mentionne cette note de mise à jour.
Le commerce mondial s’est raffermi au début de l’année ; les échanges ont été stimulés par de fortes exportations en provenance d’Asie, en particulier dans le secteur des technologies.
Aussi, la dynamique de désinflation mondiale s’essouffle, ce qui est signe d’une trajectoire accidentée. Cela s’explique par des dynamiques sectorielles qui diffèrent : persistance d’une inflation plus élevée que la moyenne pour les prix des services, tempérée dans une certaine mesure par une désinflation plus forte pour les prix des biens.
Même si une augmentation générale des rendements à long terme est ressentie, parallèlement à la révision des trajectoires des politiques monétaires, les valorisations élevées des entreprises ont permis de maintenir des conditions financières accommodantes, globalement au même niveau que celui indiqué en avril dernier.
L’augmentation des rendements est toutefois susceptible de peser sur la discipline budgétaire qui, dans certains pays, est déjà mise à rude épreuve par l’incapacité de freiner les dépenses ou d’augmenter les impôts.
Révisions à la hausse des cours des produits de base
Les projections des services du FMI reposent sur des révisions à la hausse des cours des produits de base, y compris une augmentation de 5% des prix des produits autres que les combustibles en 2024.
Les cours des produits énergétiques devraient baisser d’environ 4,6% en 2024, soit moins que prévu dans l’édition d’avril des PEM, en raison des cours élevés du pétrole résultant des fortes réductions de l’offre décidées par l’OPEP+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ainsi que la Russie et d’autres pays exportateurs de pétrole non membres de l’Opep) et un début de diminution de la pression sur les prix due au conflit au Proche-Orient.
Les taux directeurs des principales banques centrales devraient encore baisser au second semestre 2024, avec des divergences dans le rythme de normalisation correspondant à des situations d’inflation variées.
La croissance du commerce mondial devrait remonter à environ 3,25 % par an en 2024–25 (après une quasi-stagnation en 2023) et être à nouveau en phase avec la croissance du PIB mondial.
La hausse observée au premier trimestre de cette année devrait s’atténuer, car l’activité manufacturière reste faible. Bien que les restrictions aux échanges transfrontaliers aient augmenté, nuisant au commerce entre des blocs géopolitiquement éloignés, le ratio commerce mondial/PIB mondial devrait rester stable dans les projections.
L’inflation devrait se maintenir à un taux plus élevé dans les pays émergents et les pays en développement (et ralentir plus lentement) que dans les pays avancés.
Toutefois, en partie sous l’effet de la baisse des cours de l’énergie, l’inflation est déjà proche des niveaux antérieurs à la pandémie pour le pays émergent ou le pays en développement médian. Dans les pays émergents et les pays en développement, les récentes divergences dans les mesures adoptées mettent en évidence la nécessité de gérer les risques de volatilité des devises et des flux de capitaux.
Étant donné que les paramètres fondamentaux restent le principal facteur d’appréciation du dollar, la riposte appropriée consiste à laisser le taux de change s’ajuster, tout en utilisant la politique monétaire pour maintenir l’inflation à un niveau proche de l’objectif. Les réserves de change doivent être utilisées avec prudence et préservées pour faire face à des sorties de capitaux potentiellement plus élevées à l’avenir, conformément au cadre stratégique intégré du FMI. Dans la mesure du possible, des mesures macroprudentielles devraient atténuer les facteurs de vulnérabilité liés à une forte exposition à la dette libellée en devises étrangères.
Taux d’intérêt plus élevés
D’après le FMI, «les risques d’inflation persistante dans le secteur des services sont liés à la fixation à la fois des salaires et des prix, étant donné que la main-d’œuvre représente une part importante des coûts dans ce secteur.
Une croissance plus forte des salaires nominaux, qui, dans certains cas, résulte du rattrapage des salaires réels, pourrait, si elle s’accompagne d’une faible productivité, empêcher les entreprises de modérer les hausses de prix, en particulier lorsque les marges bénéficiaires sont déjà sous pression. Cela pourrait se traduire par une plus grande rigidité de l’inflation des salaires et des prix. L’escalade des tensions commerciales pourrait accroître les risques d’inflation à court terme en entraînant une hausse du coût des biens importés tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Les heurts sur la trajectoire de désinflation restante pourraient entraver le retour à une stabilité des prix si les attentes à court terme partent à la hausse en réponse à des données sur l’inflation décevantes».
L’institution financière internationale explique également que le risque d’une forte inflation a accru les perspectives de taux d’intérêt plus élevés pour encore plus longtemps, ce qui aggrave les risques extérieurs, budgétaires et financiers.
Une appréciation prolongée du dollar due aux disparités de taux pourrait perturber les flux de capitaux et entraver l’assouplissement prévu des politiques monétaires, ce qui pourrait avoir une incidence négative sur la croissance.
La persistance de taux d’intérêt élevés pourrait accroître davantage les coûts de l’emprunt et nuire à la stabilité financière si les améliorations budgétaires ne compensent pas la hausse des taux réels dans un contexte de croissance potentielle plus faible.