De plus en plus de femmes sont honorées par le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées depuis 2022. Un cercle qui s’élargit pour inspirer davantage de femmes à œuvrer à l’édification du futur de la nation tunisienne. Au total, 68 timbres-poste représentant des personnalités féminines marquantes ont été présentés aux visiteurs au musée du Bardo.
« Jamais deux sans trois», comme dit l’adage. Le ministère de la Femme a tenu à honorer, une nouvelle fois, en partenariat avec la Poste tunisienne, d’autres femmes pour leurs actions favorables et mémorables envers la nation tunisienne. Jeudi 1er août 2024 au musée national du Bardo, l’assistance est venue nombreuse parmi les représentantes de la société civile pour découvrir les figures féminines retenues pour cette édition. Dans le cadre de la célébration de la 68e Journée nationale de la femme tunisienne, le 13 août 2024, Mme Amal Belhaj Moussa, ministre de la Femme, a supervisé l’ouverture de la troisième exposition nationale de timbres-poste, « Femmes tunisiennes 3 », organisée en coopération avec la Poste, qui va se dérouler du 1er au 13 août au musée national du Bardo. Mme Amel Belhadj Moussa décrit cette expérience bilatérale commencée en 2022 par des mots pleins de détermination et de symbolique : « Ainsi, depuis trois ans, un comité scientifique travaille en permanence pour sélectionner les femmes, notamment dans l’histoire de la Tunisie et dans divers domaines. Nous avons atteint soixante-huit timbres-poste représentant des personnalités féminines marquantes. Concernant cette session, nous avons effectivement décidé de nous concentrer et d’avoir un tiers des femmes sélectionnées appartenant au mouvement national et ayant contribué à la lutte nationale et à la bataille de libération en Tunisie.
Je cite parmi elles Chérifa Fayache, Khadija Rebbah, Khadija Cheour et d’autres femmes qui ont joué un rôle de premier plan dans la libération de la Tunisie et pour que la Tunisie joue de son indépendance, et nous voyons que cette tendance est dans le but de reconnaître ces femmes vertueuses et aussi de les honorer. Comme leurs études et travaux ont écrit l’histoire, on lui a demandé pourquoi le pays n’a pas suffisamment accordé à ces femmes en difficulté leur droit à la recherche et aussi leur droit à être reconnues ? Mme Belhaj Moussa de poursuivre : « Je crois que l’un des rôles du ministère est aussi de montrer ce que les femmes ont fait dans la bataille de libération nationale. En outre, comme nous l’avons fait au cours des deux dernières années, des personnalités féminines éminentes appartenant aux secteurs de la science, de la recherche scientifique, du sport mais aussi de l’art ont été honorées. Une liste contenant des noms et des personnalités de la recherche scientifique et dans le domaine de la connaissance. Dans le domaine de l’art, du cinéma, de la musique et du théâtre. Le projet de créer des timbres-poste mettant en scène un personnage féminin, c’est non seulement la reconnaissance de l’égalité de ceux qui sont morts, mais aussi le fait que nous avons tenu à considérer que les femmes sont un symbole de vie. Nous avons également veillé à honorer quelques figures féminines encore en vie. Nous leur souhaitons une longue vie et davantage de réalisations. »
Des femmes inspirantes…
La liste est longue de femmes méritantes et dévouées à leur profession et à la nation. On a énuméré quelques-unes de ces femmes d’exception. Cette édition honore les femmes brillantes et inspirantes dans leur domaine et discipline, des femmes militantes et volontaires. Les noms des femmes militantes et engagées dans leurs actions sont avancés, comme Fatma Ben Boubaker, du gouvernorat de Siliana, Jamila Ben Mohamed, active dans l’entrepreneuriat, le volontariat, l’humanitaire, le social… Cherifa Fayache (1906-1994), une dame de la lutte sur le terrain.
« Originaire de Métouia, elle s’installe à Tunis avec son mari et compagnon de lutte, qui l’a présentée aux dirigeants du Destour de l’époque. Elle fut chargée de la promotion des cartes d’adhésion au Parti, de la distribution des tracts ainsi que de la collecte de fonds. Lors de la manifestation du 15 février 1952 à Tunis, elle fut blessée par une balle qui lui a fracturé la mâchoire. En 1954, elle est arrêtée en raison de son activité partisane et de sa détermination à poursuivre la lutte clandestine. Fatma Bent Boubaker née en 1919 à Bargou (Siliana) est la reine de la logistique révolutionnaire Elle est la sœur du militant Abdelwahab ben Boubaker ben Ahmed Maherzi et l’épouse du résistant Belkacem Bouhjar Bargaoui.
Elle soutenait les combattants, elle cachait les résistants […] », peut-on lire sur une brochure remise à l’assistance. Asma Belkhodja (1930-2011): La liberté de la femme, c’est la liberté de la nation. Originaire de Hammam-Lif, activiste dès l’âge de treize ans au sein de l’Union musulmane des femmes tunisiennes, elle a œuvré pour l’émancipation de la femme de la domination patriarcale et pour la libération de la nation de l’oppression coloniale.
Elle a été arrêtée et jugée pour avoir participé à des réunions politiques et syndicales, et en guise d’anecdote, l’on raconte qu’elle s’était présentée devant les juges du tribunal militaire vêtue de l’habit traditionnel, pour incarner sa fierté de son identité tunisienne. Jamila Bent Mohamed Ben Jaballah [1932-2005 : « Au service de la révolution et des révolutionnaires, elle était une militante et activiste politique originaire du gouvernorat du Kef. Connue pour sa discrétion et sa loyauté envers les militants, elle a enduré de nombreux interrogatoires et perquisitions de l’armée coloniale sans jamais trahir ses compagnons. Elle n’a pas hésité à cacher des armes dans le puits de sa maison et à les sécuriser jusqu’à ce qu’elles parviennent aux résistants. Son soutien se manifestait aussi par la confection de vêtements pour les combattants, de drapeaux pour les manifestations et d’uniformes pour les scouts.»
La liste s’allonge avec Jouda Ben Abid (1953-2022), professeure agrégée en pédopsychiatrie, Souad El Yacoubi Ouahchi, pionnière en médecine, ou encore la cinéaste Selma Baccar née en 1945 qui n’a pas manqué d’apporter un discours élogieux à l’endroit de la femme tunisnne, toutes catégories sociales confondues. Mouna Noureddine née en 1939, la reine du petit écran tunisien, connue pour son interprétation dans le feuilleton à succès «Choufli Hal». Auparavant en 1985, elle reçoit le Prix d’honneur pour l’ensemble de son œuvre, ainsi que l’Ordre du mérite culturel et l’Ordre de la République. La journaliste militante Noura Borsali née en 1954 et décédée en 2017. Elle s’est entièrement consacrée à la défense des droits des femmes, de la liberté de la presse et de la démocratie en Tunisie. Nafla Dhahab, née en 1947, l’écrivaine rêveuse. Parmi ses œuvres figurent, notamment, «Colonnes de fumée», «Soleil et ciments, «Le silence», «Contes de la nuit», «L’arbre amoureux». Ou encore la gazelle des steppes, la sportive originaire de Kairouan, Habiba Ghribi, née en 1984.
Le ministère de la Femme a essayé d’élargir l’horizon des orientations et des femmes cibles dans une large sphère, pour un choix multiculturel et multisocial d’après Mme Belhaj Moussa. D’autres voix ont ajouté une pierre à l’édifice des acquis de la femme tunisienne. Mme Souad B., originaire de Sousse et vivant en France, a rendu hommage aux femmes pour leur contribution à l’édification d’une nation tunisienne belle et honorable. «Sans collaborateur, on ne peut rien faire, ni entreprendre.» précise-t-elle. Elle rend hommage à son père qui l’a éduquée comme les garçons dans une famille nombreuse de 7 enfants. Une vidéoprojection a été visionnée qui décrit toutes ces femmes avec un timbre à leur l’effigie. A l’instar d’Asma Belkhodja (1930-2011), originaire de Hammam-Lif, qui a bataille pour la liberté de la femme, comme liberté de la nation et tant d’autres… À elles, la nation tunisienne est éternellement reconnaissante.