A la mémoire de mon père
Ahmed MAHFOUDH
(20/8/2022 – 20/8/2024)
Confessions à mon Père…
Plus de deux décennies que j’écris,
Que je griffonne des feuilles noircies,
Que je me dévoile à travers des rimes et des vers…
J’ai écrit la vie, la mort, mes amours, ma mère…
J’ai écrit le ciel, la nature et la terre,
Mais je n’ai jamais écrit sur toi
Mon papa…
Par peur ?
Par pudeur ?
La peur que mes mots ne soient pas à la hauteur,
La peur que mes lignes ne poétisent pas au rythme de mon cœur,
La pudeur d’écrire des sentiments, de dénuder des émotions en chœur…
La peur et la pudeur se mêlent dans une incompréhensible ferveur,
Des émois d’ombre et de lumière, de peines et de bonheur…
«Parle mon fils…», me dit-il de sa voix grave,
Sa voix si tendre et si suave…
Mes lèvres sont scellées,
Les mots restent emprisonnés dans ma bouche murée,
Les mots s’embrouillent dans ma tête
Et s’enchevêtrent dans une terrible tempête…
Que dois-je dire ? Que dois-je faire ?
Je suis perdu, sans repères, à côté de mon père…
«Parle mon fils, tu n’as point besoin d’user de mots,
Parle-moi avec ton cœur, j’entends ses échos,
J’ai toujours entendu ton cœur
Malgré ton silence de peur et de pudeur…
Parle mon fils, j’ai toujours su t’entendre,
J’ai appris à comprendre
Tes regards et tes sourires,
Tes larmes et tes désirs…»
Ses paroles jaillissaient à travers ce rêve insolite
Telle une aubade sacrée, une sérénade bénite,
Je n’entendais que les battements de mon cœur qui s’affolaient,
La sueur recouvrait mon front fébrile et mon visage agité
Mêlée aux larmes qui coulaient sur mon corps grelottant,
Sur mon cœur frémissant
De peur
Et de pudeur…
Ainsi, il m’a toujours entendu,
Il a été toujours à l’écoute de mon cœur éperdu,
Il a toujours compris mes mots à demi-avoués,
Mes plaintes muettes, mes cris étouffés…
Il était toujours là, dans l’ombre de mes paroles,
Entre les lignes de mes tristes farandoles,
Il était là, présent, tout près, tout autour,
Et moi j’étais sourd…
De peur ?
De pudeur ?
Le visage de mon père m’apparut,
Éclairé par un timide rayon imprévu
Découvrant ses larmes et son émoi,
Ses perles de peine et de joie…
Ainsi, il m’a toujours entendu
Et en moi, il a toujours cru…
Les émotions s’emmêlent et s’entremêlent,
Fierté, honte, peur ou pudeur,
Passion, amour, gratitude et bonheur…
Mon regard croisa le sien,
Son cœur battait contre le mien,
De ce temps suspendu, il me restera cette image,
De cet amour, il me restera l’héritage,
Encore une fois,
Le plus dur restera le réveil, l’atterrissage…
J’ai tant rêvé de resserrer ta main, de caresser ton visage,
Mais le rêve prit fin,
Un maudit matin…
De mes lèvres un seul mot jaillit :
«Papa, merci.»
Au nom de tous ceux qui te chérissent et qui ne t’oublieront jamais,
ton fils à qui tu manques terriblement, Mehdi Mahfoudh