Nous le connaissons acteur, avec des rôles exigeants, mais cette exigence qui le caractérise ne réside pas uniquement dans ses choix d’acteur. Depuis sa nomination au poste de directeur du centre des arts dramatiques et scéniques de Mahdia, il œuvre à faire de cette ville charmeuse et atypique un lieu privilégié, une sorte de villégiature pour le théâtre et ses acteurs. de ce désir est né Massarat du théâtre tunisien (parcours ou sentiers) qui en est à sa 5e édition, quelques jours de rencontres et de partage, à partir desquels Houssem Ghribi rêve d’un projet encore plus grand. Entretien :
Nous sommes à la 5e édition de Massarat du théâtre tunisien,comment est né ce projet?
Chaque initiative est née d’un besoin, et Massarat est né d’un constat et d’un désir de venir apporter une contribution à un projet rêvé. L’idée est de créer un festival de théâtre qui se distingue aussi bien dans la réflexion et la conception que dans sa forme est son esprit. Et notre point de départ était un questionnement. Et si nous réunissons les diverses propositions esthétiques des créateurs tunisiens et d’ interroger ce qu’apportent les structures de productions entre publiques et privées comme apport ou contrainte. Massarat est né aussi pour créer cette rencontre heureuse et constructive entre théâtre professionnel et amateur, entre les maîtres et les nouvelles générations, entre le théâtre comme acte de création et une ville ouverte sur l’étendue bleue, à la culture atypique et qui se montre curieuse de nouvelles propositions.
Le temps d’un festival, quelques jours loin de la capitale, une dynamique se crée et le public a répondu positivement depuis la première édition. Nous sommes à la 5e et nous comptons parmi nous un public fidèle, demandeur et assidu.
Un festival de théâtre en plein été? Cela n’est pas habituel… pourquoi ce choix hasardeux?
Le choix de la saison estivale est, pour nous, réfléchi et prémédité. Nous voulions rompre avec l’idée reçue qui voudrait que le théâtre ne soit pas un art apprécié en été, cette même idée qui a conduit les festivals à écarter le 4e art de leur programmation. Massarat, nous le voulions une riposte à cette politique d’exclusion et le public l’a confirmé. Depuis la première édition qui s’est déroulée dans une salle fermée, Massarat, accueille aujourd’hui un large public pour tous les spectacles et se déroule aujourd’hui au Borj de la ville de Mahdia. Et je suis convaincu que d’ici quelques années, et avec une réelle volonté, Mahdia sera une destination théâtrale par excellence.
Massarat est également un espace de formation. Pourquoi ce choix?
Le volet formation et atelier est pour moi essentiel avec des thématiques relatives à l’art du comédien, le jeu d’acteur, l’interprétation, l’incarnation et l’improvisation. Depuis la première édition, nous avons tenu à créer une continuité dans ces formations et nous l’avons gardé comme ligne de conduite.
Car à mon humble avis, je crois en l’acteur, en son rôle essentiel dans l’acte théâtral, dans la pratique, le jeu et dans la recherche et l’expérimentation. Je crois en l’acteur, l’acteur chercheur, porteur de vision et créateur d’un projet.
Quelle place occupe actuellement Massarat dans la carte des festivals tunisiens?
Massarat aujourd’hui commence à prendre place dans la cartographie des festivals. Il s’installe comme un rendez- vous annuel avec une identité bien définie, un positionnement clair et une ligne éditoriale précise.
Se rencontrer dans la diversité, cultiver les différences pour nous rapprocher. Notre objectif est que Massarat devienne un festival national, méditérranéen, et continental et que Mahdia devienne une ville qui respire le théâtre, que les spectacles se nourrissent des lieux et occupent l’intra et l’extra-muros, que Mahdia devienne une ville-théâtre comme Avignon. Tout ce beau rêve est accessible avec un soutien des instances de tutelle.
Justement, la question financière reste le talon d’Achille de tout projet? Est ce que le CAD Mahdia a les moyens pour le réaliser?
La question des CAD est au cœur de cette question. je considère que la création des centres d’art dramatique est une décision révolutionnaire qui n’a pas atteint son objectif. 25 centres sur tout le territoire est un nombre disproportionné surtout que le budget annuel de ces derniers varie entre 50 mille et 120 mille dinars englobant masse salariale, budget de production, formation et programmation… avec un budget aussi limité aucun centre ne peut prétendre accomplir sa mission ni œuvrer sur un vrai projet à moyen et à long terme. A mon avis, la révision de la cartographie des centres est une urgence, un cadre juridique clair et un statut doivent être établis c’est primordial car la situation de certains centre est alarmante.