Peu après que le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, s’est engagé devant l’ONU à continuer à bombarder le Hezbollah, l’aviation militaire sioniste a mené, hier, vers 16h20 (heure tunisienne, Ndlr), une frappe aérienne massive contre le « quartier général» du mouvement de la résistance libanaise dans la banlieue sud de Beyrouth. Tandis que plusieurs médias sionistes ont indiqué que la cible était le chef du parti, Hassan Nasrallah, une source au sein du Hezbollah affirmait, en soirée, que ce dernier « allait bien ». Toutefois, une forte incertitude régnait, néanmoins, quant au sort du secrétaire général du puissant parti chiite.
SYNTHÈSE — En effet, vers 16h20 (heure tunisienne, Ndlr), plusieurs détonations massives ont été entendues à travers Beyrouth et au-delà. D’épaisses colonnes de fumée s’élèvent au-dessus de la banlieue sud de la capitale. Quelques minutes plus tard, l’armée sioniste annonçait avoir frappé le quartier général du commandement du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Un porte-parole de l’armée sioniste précisait que ce QG se trouvait sous des bâtiments résidentiels. Le ministère libanais de la Santé a fait état, vers 18h40 (heure tunisienne, Ndlr), d’un premier bilan provisoire faisant état de 2 morts et plus de 76 blessés. « Les opérations de déblaiement des décombres se poursuivent, et il faut s’attendre à ce que ce bilan augmente dans les prochaines heures », a précisé le ministère.
Explosions, fumée, panique dans le bastion du Hezbollah
Stupeur, sidération, puis panique. Des habitants fuient en courant dans le chaos et les sirènes des ambulances s’élèvent dans la ville.
Six immeubles de cette banlieue densément peuplée ont été totalement détruits dans la frappe, selon l’AFP citant une source proche du Hezbollah. Al-Manar, pour sa part, avançait que les frappes aériennes ont détruit quatre bâtiments.
Sur les lieux des frappes, à Haret Hreik, se révèle le spectacle de plusieurs immenses cratères de plusieurs mètres de profondeur, des tonnes de gravats et de poussière grise.
J’étais à la maison, oh mon Dieu, quelles frappes ! J’ai cru que l’immeuble allait s’écrouler sur moi, comme si une roquette allait me tuer. Je n’ai pas les mots pour décrire ce sentiment », s’exclame Abir Hammoud, une enseignante d’une quarantaine d’années.
Hussam El-Jawad, un avocat de 45 ans dont l’immeuble se situe à environ deux kilomètres de la frappe, a senti les portes et les fenêtres de sa maison trembler. Un homme de 48 ans qui a refusé d’être identifié raconte pour sa part avoir entendu une série d’explosions.
« C’était comme si un groupe d’avions frappaient en même temps, j’ai eu l’impression que c’était très proche, même si en réalité c’était loin de moi », raconte-t-il.
De nombreuses personnes habitant près du lieu de la frappe ont rassemblé leurs affaires et se sont mises en route vers l’Aéroport de Beyrouth, rapportait le quotidien libanais « L’Orient-Le Jour » vers 17h30. La situation sur place était extrêmement tendue, les secouristes et l’armée interdisant à quiconque d’approcher.
Cette frappe est « la plus grande attaque » sur la banlieue sud depuis le début du conflit, a affirmé une source sécuritaire à Reuters. Elle a ciblé une zone où se trouvent généralement les hauts responsables du Hezbollah, ajoutait cette source.
Cette frappe massive est intervenue quelques heures après un discours du Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, à l’Assemblée générale de l’Onu. Lors de ce discours, il a affirmé que son pays poursuivra la guerre contre le Hezbollah jusqu’à ce que « tous les objectifs » soient atteints. Il n’a pas dit un mot de la proposition internationale conduite par les États-Unis et la France d’un cessez-le-feu de 21 jours.
L’ennemi a ciblé Nasrallah
Quelques minutes plus tard à Tel Aviv, le porte-parole de l’armée sioniste Daniel Hagari annonce qu’une « frappe précise » a été menée sur le « quartier général » du Hezbollah. « On a vérifié que (Hassan) Nasrallah se trouvait dans le quartier général attaqué, puis l’armée a largué des bombes qui ont traversé les bunkers », a indiqué la radio de l’armée sioniste sur son compte X.
Plusieurs médias, sionistes et arabes, ont indiqué que le que le chef du puissant mouvement de la résistance libanaise était la cible de ces frappes. Des informations contradictoires circulaient, en soirée, quant au sort de Hassan Nasrallah.
Une source proche du Hezbollah a affirmé à l’AFP que « Hassan Nasrallah va bien ».
D’ailleurs, le bureau des médias du Hezbollah a déclaré à Reuters, hier soir, qu’il n’y avait « aucune vérité dans toutes les déclarations » concernant l’attaque sioniste sur la banlieue sud de Beyrouth, sans préciser à quelles déclarations il faisait référence.
Il a ajouté que seul le bureau des médias publierait des informations au nom du parti.
Le Hezbollah n’a autrement fait aucune déclaration concernant les frappes sionistes d’hier soir, que l’armée sioniste a affirmé avoir menées contre le QG du parti.
De son côté, le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, a écourté sa visite aux États-Unis, rapporte le journal sioniste Haaretz.
Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a accusé l’entité sioniste de mener une « guerre génocidaire ».
Une «escalade» qui «change les règles du jeu», affirme l’ambassade d’Iran au Liban
Cette frappe sioniste sur la banlieue sud de Beyrouth est un « crime » qui mérite une « punition appropriée », indique l’ambassade d’Iran à Beyrouth. Elle ajoute que l’attaque représente une « escalade dangereuse qui change les règles du jeu. »
« La ville tremble encore de peur et la panique est généralisée. Il est urgent de cesser le feu », a écrit la coordonnatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert sur X. Elle se dit aussi « profondément alarmée et inquiète de l’impact civil potentiel des frappes massives » menées sur la banlieue sud de Beyrouth ». « La ville continue de trembler de peur. Tout le monde a besoin d’un cessez-le-feu urgent », a-t-elle écrit.
Les États-Unis n’ont pas été avertis à l’avance de la frappe, a déclaré un porte-parole du Pentagone cité par Reuters. Il a toutefois indiqué que le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, avait échangé avec son homologue sioniste pendant que l’opération était en cours.
Ce bombardement vient raviver la flamme d’une escalade brutale, depuis plus d’une semaine, des frappes sionistes contre le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, fiefs du Hezbollah au Liban. Des frappes qui ont fait plus de 700 morts, dont de nombreux civils, selon les autorités libanaises, et plus de 118.000 personnes déplacées, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban en près d’un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre l’entité sioniste et la formation chiite libanaise en 2006.
L’Unicef s’est alarmée du « rythme effrayant » auquel les enfants sont soumis, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage, qui privent « 30.000 personnes d’accès à l’eau potable » dans l’est et le sud du Liban.
Une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah sera « aussi courte » que possible, a assuré hier matin un responsable sioniste de la sécurité, alors que le chef d’état-major de l’armée, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre.
La Presse avec agences et médias