Mes Humeurs: L’art et la paix

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Aux bruits qu’émettent les fracas du monde, au train et à l’allure que prend la guerre, il semble difficile de voir des lueurs de paix au Moyen-Orient. Aux frappes aériennes s’ajoute l’avancée des chars israéliens vers Beyrouth, des tanks y entrent rasant, sur leur chemin et sans distinction, maisons et immeubles, les tirs d’artillerie s’intensifient ; par centaines de milliers, des familles en déshérence, des femmes et des enfants déplacés. La guerre, mais qui pense à la paix ? Certainement pas les dirigeants criminels israéliens, au premier rang desquels l’actuel premier ministre, eux ils pensent élargir la guerre, attaquer l’Iran et, avec la bénédiction de leurs protecteurs, faire de la région un brasier dont nul n’imagine, ni prévoit les conséquences. Il se trouve pourtant des hommes qui, quelles que soient leur religion et leur nationalité, luttent pour la paix. De la musique en temps de guerre?

J’ai traité ce sujet dans une ancienne Humeur, en prenant exemple sur l’illustre musicien, chef d’orchestre israélo-argentin (qui a acquis la nationalité palestinienne par principe), Daniel Barenboim ? lequel avec son ami essayiste et penseur américain d’origine palestinienne Edward Saïd, auteur, notamment du célèbre ouvrage l’Orientalisme, a fondé, en 1999 le West-Eastern Divan Orchestra. Un orchestre-institution musicale qui serait un facteur de paix et de rapprochement entre Juifs et Arabes. Le Credo est annoncé haut et fort à travers les instruments et les morceaux joués un peu partout dans le monde «Les hommes politiques recherchent les armes de destruction massive, le West-Eastern Divan Orchestra recherche l’unique arme de construction massive…» ?

Construction massive, voici une belle expression à faire entendre aux citoyens d’aujourd’hui et à faire apprendre, particulièrement aux enfants.L’été passé, tous les artistes arabes, principalement les chanteurs, ont salué dignement lors de leur prestation sur les scènes des grands et petits festivals la résistance palestinienne et dénoncé énergiquement les crimes de l’occupant-oppresseur. Sur les scènes internationales aussi, au cinéma par exemple, lors des remises des trophées, on a vu, admiratifs, des artistes tenir des discours de paix et de dénonciations des agresseurs. Mais il y a des créateurs et des créations qui sont invisibilisés; je ne sais pas qu’on ait évoqué le nom de Joe Sacco, créateur américain de bandes dessinées qui fait sensation par ses thèmes, il est grand-reporter-dessinateur et suit la situation au Moyen-Orient depuis plus de 30 ans. Son constat : «Rien n’a changé, si ce n’est en pire… Et l’attaque de la bande de Gaza, en riposte, a atteint sans doute le paroxysme de l’horreur». Sacco a publié deux volumes «Palestine» et «Gaza 1956». Son troisième ouvrage sur le conflit paraît ces jours-ci, son titre : «Guerre à Gaza». Les critiques que nous avons lues ne tarissent pas d’éloges, quelques planches que nous avons consultées donnent envie d’en découvrir plus. Le ton est grinçant, satirique, dirigé frontalement contre les dirigeants américains et israéliens. «Parce que je vis aux Etats-Unis, Joe Biden est naturellement ma première cible», déclare-t-il.

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