Bien manger n’est pas seulement se nourrir, encore moins se remplir le ventre, c’est manger raisonnablement, prendre soin de sa santé. Apprendre à nos enfants quoi et comment consommer est une responsabilité que tout citoyen devrait appliquer. L’éducation à la santé est une responsabilité, elle trace l’avenir de notre société.
Combien de fois nous avons essayé (sur ces colonnes et ailleurs) de susciter la curiosité des acteurs de la cuisine, des restaurateurs, des cuisiniers, des médiateurs, des éducateurs de se pencher sur le sujet du «bien manger». Des milliers de fois l’Organisation de défense du consommateur (ODC) a attiré l’attention du consommateur sur le choix des produits, sur les méfaits du sucre, du sel et quelques autres aliments nocifs pour la santé. C’est souvent sans résultat probant.
Dans des pays occidentaux, les pouvoirs publics, les organisations et les associations et les revues spécialisées sensibilisent à longueur d’année le citoyen sur la façon de bien se nourrir depuis la maternelle jusqu’au troisième âge; en France, pays connu pour sa gastronomie, des industriels (eh, oui !) ont créé un événement consacré au goût et à la gastronomie, appelé «La semaine du goût».
Cette opération qui perdure depuis 35 ans se déroule peu de temps après la rentrée des classes (au mois d’octobre du 14 au 20). Elle a pour but d’éduquer le consommateur, principalement les jeunes élèves en les instruisant sur la manière d’acheter, de choisir, la façon de consommer dans le but d’éviter les problèmes de santé.
Le succès ne s’est pas fait attendre, la manifestation est devenue un rituel en France, forte de ses acquis, elle a voyagé et pris racine dans d’autres pays prenant une dimension universelle. Des leçons d’éducation au goût sont données dans les écoles, appuyées par des animations et des masters class. D’année en année, l’opération gagne du terrain, au Japon où elle se déroule depuis 16 ans, elle rencontre une audience nationale.
Il me semble que cette «Semaine du goût» est facilement applicable dans notre pays vu l’esprit de consommation du Tunisien, ce que compte le pays de chefs connus, vedettes du petit écran, de représentants des produits agricoles et de cuisiniers, d’écoles privées et publiques de tourisme, de chefs et sous-chefs, sans compter les hôtels et les restaurants de ville. L’ODC, appuyée par les pouvoirs en charge de la Santé et de l’Agriculture et les entreprises agroalimentaires, peuvent piloter un tel projet bénéfique pour la santé.
Cela fait longtemps que les différents médias (du moins français) qui, lorsque une publicité sur les aliments apparaît, une annonce s’affiche pour prévenir sur la surconsommation de sucre ou de sel. Sur ces deux poisons blancs (ainsi les nomme-t-on), le Tunisien prête peu d’attention. Voyons les derniers chiffres concernant le premier produit cité. Au cours d’une interview à la radio nationale, Sami Bouaziz, directeur général adjoint de l’Office du commerce de la Tunisie, annonce (le 14/10/2024) que l’Office importe chaque année environ 360.000 tonnes de sucre, avec une consommation mensuelle estimée à 30.000 tonnes en Tunisie. Il précise que les industries alimentaires utilisent environ 180.000 tonnes de sucre, tandis que le reste est destiné à la consommation domestique. Personne n’ignore les dangers de la surconsommation de sucre raffiné qui peut contribuer à divers problèmes de santé, comme l’obésité, le diabète et certaines maladies cardiovasculaires. Réfléchir à instaurer une «Semaine du goût» serait tout bénéfice.