L’économie tunisienne peut se targuer de disposer d’un secteur bancaire résilient, qui a fait preuve d’adaptation et de robustesse face aux chocs et crises externes et internes ayant frappé le pays. Cette résilience n’aurait pas été possible sans le strict respect des standards et normes internationaux en matière de gestion des risques, gage de discipline pour le secteur. C’est grâce à un filet de sécurité financière, conçu et mis en œuvre par la BCT, que le secteur et ses institutions tiennent bon. Ce filet a été renforcé par des réformes mises en place depuis 2011, un processus qui se poursuit encore aujourd’hui. La première phase de réformes s’est déroulée jusqu’en 2015, avec pour objectif de développer le cadre réglementaire et de renforcer la solidité financière des banques. La promulgation, en 2016, de la nouvelle loi bancaire a marqué le début d’une deuxième vague de réformes structurelles visant principalement à réorganiser le marché bancaire, à assurer une supervision basée sur les risques et à renforcer la gouvernance bancaire. La création d’un fonds de garantie des dépôts bancaires ainsi que la mise en place d’une commission de sanctions au sein de la BCT figurent parmi les acquis de cette loi. Des mesures telles que l’introduction du risque opérationnel, la refonte du reporting et la mise en place d’un système de notation interne des contreparties visaient essentiellement à renforcer les pouvoirs de la BCT en tant qu’autorité prudentielle. En 2020, l’apparition de la crise du Covid-19, qui a engendré de grandes difficultés financières, n’a pas empêché la BCT —dont l’une des missions consiste à mettre en œuvre la politique macroprudentielle en vue de prévenir le risque systémique— de poursuivre son processus réformateur. De 2020 à 2024, des mesures concernant les fonds propres réglementaires, les actifs pondérés par les risques ainsi que la révision du cadre prudentiel ont été adoptées. A partir de 2025, la BCT devrait poursuivre son programme de réformes en se concentrant sur la conformité aux normes bâloises (Bâle III) tout en accordant une attention particulière à la résilience opérationnelle. Mais malgré ces efforts continus visant à renforcer la robustesse du secteur bancaire, ce dernier doit faire face à de nouveaux défis liés à l’émergence de nouveaux types de risques susceptibles de fragiliser sa solidité. En effet, les risques cybernétiques et climatiques préoccupent aujourd’hui non seulement les banquiers, mais aussi tous les acteurs économiques, pesant de plus en plus sur leurs activités. Toutes ces questions ont été abordées lors de la 7e université d’été, organisée récemment par l’Association tunisienne pour la promotion de la culture financière. Banquiers, experts financiers et assureurs n’ont pas mâché leurs mots pour pointer du doigt les risques grandissants qui menacent le secteur bancaire et sa performance. Les débats ont également permis de revenir sur l’expérience de la création du Fonds de Garantie des Dépôts Bancaires, qui a joué un rôle clé lors de la liquidation de la BFT.