En tant que moteur de la croissance économique et industrielle, le secteur de l’énergie joue un rôle clé dans le développement socioéconomique. Cependant, l’augmentation persistante de la demande énergétique, due aux progrès économiques, à l’urbanisation et à la croissance démographique, ainsi que les pénuries et l’augmentation des prix de l’énergie appellent à une transition urgente vers les sources d’énergie renouvelable.
La Tunisie dispose d’atouts indéniables en termes d’énergies renouvelables, avec des facteurs de capacité qui sont parmi les meilleurs au monde. Elle a plus d’une quinzaine d’années d’expérience dans le développement des projets renouvelables, qui sont importants pour la transition énergétique.
Mais il s’avère aujourd’hui nécessaire de redéfinir une nouvelle génération de projets, afin de réussir la transition énergétique et de faire face aux différents défis des changements climatiques.
En effet, la Tunisie ne peut et ne doit pas rater le virage de la transition énergétique. Il faudrait donc mettre tous les efforts pour la définir avec un consensus général ouvert à toutes les expertises dans ce domaine que possède le pays.
Elle doit aussi assurer l’indépendance énergétique pour nous et les générations futures, en passant certainement par l’efficacité énergétique. Ceci veut dire aussi que nous devons arrêter le gaspillage dans la consommation des ménages.
Le nouveau modèle économique et social vert ne peut être réalisé sans un véritable décollage des énergies renouvelables et sans une maîtrise de la consommation énergétique.
Changement de paradigme
Une véritable accélération devrait avoir lieu dans la transition énergétique de la Tunisie dès 2023. Au cours de cette année, ont été lancés des appels d’offres en concession d’environ 1.500 mégawatts pour la période 2022-2025. Dans le même temps, l’Etat a attribué un accord pour cinq projets solaires photovoltaïques, qui totalisent une capacité de 500 mégawatts, et qui permettront la production de l’électricité dans les gouvernorats de Kairouan, Sidi Bouzid, Gafsa, Tozeur et Tataouine.
Ces projets auront un impact important sur la réduction du déficit commercial de 130 millions de dinars et des importations de gaz d’environ 6%. L’accélération de la mise en place des concessions et des projets d’énergies renouvelables devrait permettre de passer à 35% en 2030.
Par ailleurs, deux conventions pour la réalisation de deux projets de production d’électricité à partir de l’énergie photovoltaïque dans les régions de Tataouine et de Gafsa, de capacités respectives de 200 mégawatts et 100 mégawatts, dans le cadre du régime de concession, ont été signées au mois de mai 2024.
Les projets ont été attribués respectivement aux sociétés Amea Power et Voltalia pour un coût d’investissement total de près de 800 millions de dinars. S’étalant sur des surfaces respectives de 400 et 200 ha, les deux sites photovoltaïques de Tataouine et de Gafsa devront entrer en exploitation en 2026 et le début des travaux de construction est prévu pour 2025.
La transition énergétique induirait un changement de paradigme dans les modes de transport et dans la mobilité.
Le passage à la mobilité électrique ne peut s’interpréter comme un élément de la transition écologique que si, et seulement si, l’électricité puise ses sources des énergies renouvelables.
La transition énergétique en Tunisie n’est pas uniquement synonyme de garantie des approvisionnements énergétiques, elle est également une condition nécessaire de la sécurité alimentaire et de la sécurité en ressources en eau selon le nexus eau/énergie/alimentation.
Rappelons que des réformes touchant le secteur énergétique sont en cours de préparation, à savoir la création d’une autorité de régulation indépendante pour le secteur de l’électricité; la préparation d’un nouveau code des énergies renouvelables qui rassemblera toute la législation existante et introduira de nouveaux mécanismes, notamment par rapport à l’export d’électricité et d’hydrogène vert et, enfin, la réforme du régime des autorisations, avec la révision du PPA et la fixation d’un tarif de vente d’électricité.
Stratégie énergétique ambitieuse
La stratégie énergétique à l’horizon 2035, élaborée par le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie avec l’appui du Pnud, s’inscrit dans une vision qui consiste à appréhender la problématique de sécurité énergétique du court terme dans une optique de long terme tournée vers un modèle énergétique durable qui contribue au développement bas carbone de la Tunisie.
Cette stratégie permettra à la Tunisie de reprendre son destin énergétique en main et permettra à son économie de rester à l’abri de la volatilité des prix de l’énergie. L’objectif majeur étant le renforcement de la sécurité énergétique, outre la réduction des importations des énergies fossiles, la lutte contre la précarité énergétique et la contribution à la neutralité carbone d’ici 2050 et l’investissement dans les technologies vertes.
En termes d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables, l’on prévoit la réduction de la consommation d’énergie primaire de 30% à l’horizon 2030, par rapport au scénario tendanciel et atteindre une part des énergies renouvelables de 30% dans le mix électrique.
Il est crucial aujourd’hui de mettre en lumière la nécessité continue d’innovations et d’actions concertées pour façonner un avenir plus durable sur le plan énergétique. Le monde s’engage sur la voie d’un avenir plus vert, mais il reste encore beaucoup à faire pour répondre aux défis climatiques.