LE Fonds monétaire international (FMI) tient, depuis des années déjà, le même refrain. A chaque fois qu’il est question d’analyser, de diagnostiquer ou encore de faire des projections, l’institution de Bretton Woods, tout comme son allié, le groupe de la Banque mondiale, n’hésite pas à user de tous les moyens pour dresser un tableau sombre aussi bien du présent que du futur de l’économie tunisienne.
Ainsi, dans son rapport sur les perspectives de l’économie mondiale, présenté lors de la « messe » annuelle de ces deux institutions, tenue du 21 au 26 octobre 2024, le FMI s’est montré « inquiet » des principaux indicateurs économiques de notre pays : une croissance de 1,6% pour 2024 et 2025, une inflation qui passerait de 7,1% au terme de l’exercice en cours à 6,7% l’année prochaine et un taux de chômage aux alentours de 16,4%. Et la liste est longue, comme toujours.
Certes, tout le monde en convient que l’économie tunisienne est en difficulté, mais l’on reconnaît aussi qu’une telle situation n’est pas aussi dramatique que le pensent certains. Elle est tout simplement l’issue logique d’une conjoncture complexe : crise sanitaire, tension internationale, notamment le conflit Russie-Ukraine, instabilité climatique…
On admet aussi qu’aucune économie n’a réussi à s’en sortir sans souffrir. Le rapport précise d’ailleurs que l’économie mondiale, elle-même, en a subi les conséquences puisque sa croissance devrait chuter en 2024-2025 à 3,2% contre 3,3% en 2023.
En vérité, l’institution de Bretton Woods, consciente des enjeux actuels et futurs de notre pays, trouve régulièrement les parades nécessaires pour tenter d’exercer sa pression, dicter ses volontés et imposer donc ses règles.
C’est, en quelque sorte, son « modus operandi » pour s’immiscer dans les affaires des autres.
Heureusement, plusieurs pays commencent à en être conscients. C’est le cas, tout récemment, de l’Egypte qui, selon les affirmations de son Président, projette sérieusement de rompre définitivement tous ses liens avec cette institution. Pour les mêmes raisons.
Tout cela pour dire que c’est cette politique douteuse qui justifie et fonde totalement la détermination de la Tunisie à réfuter catégoriquement tous les diktats du FMI et à repousser toute tentative d’ingérence. Quel qu’en soit le prix.
Pour rappel, notre pays a obtenu, en octobre 2022, un accord de principe pour un financement de 1,9 milliard de dollars. Un accord qui n’a jamais abouti, car le FMI l’a conditionné à des exigences de réformes portant essentiellement sur la réduction de la masse salariale de la fonction publique, la bonne gouvernance des entreprises publiques, la révision du système national des subventions ou encore la maîtrise du déficit budgétaire.
Autant d’exigences qui interviennent comme une tentative d’ingérence directe dans la politique économique nationale. Une approche inutile et infondée, surtout que la Tunisie multiplie depuis quelque temps les potions de redressement de son économie, tout en misant sur un programme réfléchi de réformes qui portent, en grande partie, sur les mêmes points retenus par le FMI.
Le blocage financier est ainsi gratuit. Il n’est donc qu’un prétexte de l’institution pour asseoir sa mainmise sur notre économie. Une tentative vaine, bien entendu, car la Tunisie a réussi à déjouer parfaitement ce projet malintentionné.