Le prix des manuels scolaires n’ayant pas évolué depuis 2009, selon le Centre national pédagogique, ce sont les prix des fournitures qui vont déséquilibrer le budget de la rentrée.
A la question d’une hypothétique augmentation des prix des manuels scolaires de l’enseignement primaire et secondaire, M Riadh Ben Boubaker, Président-directeur général du Centre national pédagogique, structure du ministère de l’Éducation, pose un niet catégorique et réfute en bloc les extrapolations de l’opinion publique et de certaines sources. Il est affirmatif à ce sujet : «Aucune augmentation des prix des manuels scolaires, ni modification du programme n’a été effectuée.»
Il ajoute que son organisme assure actuellement la disponibilité de 80% des besoins en manuels scolaires sur l’ensemble du territoire national pour aller crescendo vers les 95% en début du mois prochain. Et Ben Boubaker de poursuivre : « D’ici le 6 septembre, tous les titres devraient être disponibles dans les librairies». Il estime qu’il y a une confusion dans l’opinion publique entre les prix de vente des fournitures scolaires et ceux des manuels.
Drôle de confusion
Ces derniers ne sont pas concernés par une quelconque augmentation des prix. Un petit tour dans une papeterie de la capitale permet de prendre la pleine mesure de cette drôle de confusion. En posant la question d’emblée sur le niveau des prix à un agent d’accueil dudit lieu, la réponse est sans appel : «Évidemment, dans l’ensemble, les prix des manuels scolaires ont augmenté par rapport à l’an dernier, mais pas dans les proportions de 50 ou 60% décriées çà et là ».
En voulant descendre au niveau inférieur dans cette librairie sise à la rue Dabbaghine pour se faire une idée des prix des manuels et livres du programme éducatif tunisien, on tombe nez à nez avec deux hôtesses. Elles sont priées de faire le boulot ayant trait au choix des manuels à votre place alors que l’on voudrait d’abord avoir une idée des prix d’ensemble. Les livres sont entassés sur les étagères dans un espace très exigu de douze m², ce qui empêche une simple consultation des prix pour peu qu’ils soient affichés !
Ce qui ne semblait pas être le cas, loin s’en faut. En remontant à l’étage, un père de famille se démène avec ses enfants pour leur acheter les cahiers, les trousses et les stylos nécessaires avant même d’envisager l’achat des manuels scolaires….
Droits des élèves
Dans une autre librairie réputée de la capitale située à l’Avenue Habib Bourguiba, les clients sont rares vers dix heures. Les têtes sont ailleurs, encore aux vacances sans doute en attendant la reprise avec le retour programmé à la double séance et la rentrée des élèves en septembre. Il faut dire qu’il reste un peu moins d’un mois avant la rentrée des écoliers tunisiens prévue pour le 17 septembre juste après l’élection présidentielle du 15 septembre 2019.
L’an dernier, le Centre national pédagogique par la voix de son président-directeur général, Belgacem Lassoued, avait assuré que le programme et le prix des manuels n’avaient pas été révisés, et ce, depuis 2009. Ils se situaient entre 6,600 D pour la première année de base et 48,650 D pour la quatrième année technique. Certaines sources ont affirmé qu’une augmentation au taux de 60% est intervenue pour les manuels de cette année. M Riadh Boubaker, PDG actuel du CNP, est intervenu pour éclairer notre lanterne et dissiper les craintes.
Il donne d’amples détails sur la procédure étatique qui permet de préserver les droits des élèves tunisiens à une scolarité dans les règles de l’art : «L’Etat subventionne le coût des manuels scolaires par une participation financière de l’ordre de treize milliards de millièmes. Cette mesure entre en ligne de mire suite à la décision gouvernementale du 6 février 2019 pour garantir la stabilité des prix des manuels et leur distribution dans les temps impartis et les lieux redéfinis». Il avoue que seul le livre d’informatique a été supprimé pour cette année à cause de la numérisation progressive du système scolaire entamée depuis l’an dernier suite à une nouvelle directive de M Hatem Ben Salem, ministre de l’Éducation.
Trop de dépenses
Un témoignage qui se veut rassurant mais ce sera du côté des fournitures scolaires qu’il faudra accorder plus de vigilance pour les parents qui ne sont pas prêts à se laisser saigner à blanc avec l’accumulation des dépenses.
Il faut savoir qu’entre l’achat de livres, cahiers et fournitures scolaires, il faut débourser la rondelette somme de cinq cents dinars en moyenne par élève chaque année hors frais de scolarité. Si les parents cherchent une meilleure qualité, ou un surplus de confort comme par l’achat d’un trolley vendu à soixante dinars qui permet de tirer le cartable sur le sol, il faut envisager de doubler ou de tripler le budget global.
Les parents d’élèves décident souvent de lorgner les bonnes affaires pour faire quelques économies sur l’achat des fournitures et les répercuter sur celui des manuels scolaires bien plus chers. Les grandes surfaces et enseignes tunisiennes consentent des remises intéressantes qu’il faudrait saisir même si elles ne permettent pas de compléter toute la liste de fournitures requise.
Des prix malins qu’il faudrait mettre à profit dès à présent pour ménager sa poche au mois de septembre avec des dépenses qui n’en finissent plus. Le marathon estival des dépenses entre les fêtes de l’aïd, les projets de vacances et la rentrée scolaire qui pointe à l’horizon font perdre pied au chef de famille qui ne sait plus justement où donner de la tête, ni de la voix d’ailleurs…
Toutefois, certaines mères de famille qui accompagnent leurs enfants au cours des achats de fournitures délaissent les grandes surfaces pour leur préférer les papeteries recommandées par leurs écoles ou proches de ces dernières.
Des astuces d’achat
Pourtant, les catalogues de la rentrée scolaire émis par les différents magasins et librairies emplissent les boîtes aux lettres pour inciter les consommateurs à s’approvisionner auprès d’eux. On en a profité pour tirer au clair les prix malins des articles qu’il faut dénicher. Des astuces d’achat devenues nécessaires avec la cherté de la vie surtout quand on sait que de nombreux parents ne renouvellent pas les sacs de leurs enfants chaque année mais tous les deux ou trois ans, voire bien plus.
Pour les élèves du primaire, généralement les cartables à roulettes sont prisés quoique les prix varient du simple au double en fonction du gabarit et de la qualité choisis. Avec les choix qui se multiplient jusqu’ à offrir des packs complets entre ancienne et nouvelle collection, les pirx se situant entre cent et trois cents dinars. Ils comprennent le cartable, le trolley, la trousse et le porte-goûter. Des prix affichés à 119, 219, 240 jusqu’à 270 Dinars en promotion pour les marques supérieures, il y a l’embarras du choix.
Pour les tout-petits inscrits en maternelle, des sacs à dos trolley sont vendus à 60 D avec une gratuité sur le porte-goûter. On trouvera un autre au prix de treize dinars mais il semble être destiné aux moins de trois ans ou pour la crèche. Les sacs à dos sans trolley tournent aux alentours de vingt et trente dinars. Pour les ados inscrits au collège et lycée, un sac à dos à trente dinars devrait faire l’affaire. Concernant les tabliers, les prix oscillent entre cinq et trente dinars en moyenne selon la taille de l’élève.
Rien n’est oublié !
Le hic a trait à l’absence d’indications des prix des cahiers notamment dans les catalogues comme s’ il y avait un mystère à leur sujet. Manifestement, lorsqu’on entre dans une enseigne tunisienne au rayon papeterie, hormis les petits cahiers encore accessibles, les grands modèles affichent des prix vertigineux. Les grands cahiers avec ou sans spirales à cent ou deux cents pages se vendent entre dix et vingt dinars sous la mention «super prix». Le bloc-notes grand format se vend à sept dinars.
Le pack spécial rentrée qui inclut cinq éléments de base de la trousse aux crayons et stylos et autres accessoires qui se vend depuis quelques années a vu son prix grimper encore cette année pour être proposé à plus de trente dinars. Précisément à 31,890 D pour un article vendu encore à 27 D l’an dernier. On oubliera de compter les classeurs, les paquets de feuilles-doubles, les rames de papier A 4 pour l’impression et tout le cortège de fournitures qui est associé à la liste.
Ce sont indiscutablement les nombreuses fournitures qui déséquilibrent le budget des ménages strictement réservé à la rentrée de leur progéniture. A tel point que le commerce parallèle bat son plein du côté de la rue de la Commission et autres artères environnantes de la capitale qui proposent une marchandise peu sûre et d’origine douteuse ou inconnue. Mais à un prix défiant toute concurrence. Un vendeur réagit au désintérêt d’un promeneur pour un petit paquet de crayons de couleurs en répliquant :
«Je le vends à un dinar car le prix de 750 millièmes est inconcevable à l’esprit». Des prix alléchants somme toute que l’on peut difficilement négocier pour économiser davantage.