Nombreux sont les artistes tunisiens, camerounais, burkinabè, béninois… venus écouter ce maître africain, racontant quelques fragments de son long et riche parcours, rendant hommage à ses deux compagnons de route, deux amis et frères tunisiens, Moncef Souissi et Ezzedine Gannoun.
Ami de la Tunisie, doyen du théâtre africain, l’artiste accompli Ambroise Mbia a été hier matin à l’honneur, lors d’une rencontre organisée dans le cadre la 25e édition des Journées théâtrales de Carthage, en avant-goût de sa consécration lors de la cérémonie de clôture. Un Tanit d’honneur lui sera décerné pour l’ensemble de son œuvre et pour sa grande contribution au développement non seulement du théâtre camerounais mais aussi du théâtre africain.
A la salle «Le 4e art», une belle foule a été au rendez-vous. Nombreux sont les artistes tunisiens, camerounais, burkinabè, béninois… qui sont venus écouter ce maître africain, racontant quelques fragments de son long et riche parcours, rendant hommage à ses deux compagnons de route, deux amis et frères tunisiens, selon son expression, feu Moncef Souissi, à qui tous les artistes africains doivent la création des Journées théâtrales de Carthage (JTC), et feu Ezzedine Gannoun qui, dans le cadre du Centre arabo-africain de formation et de recherches théâtrales (hébergé dans le Théâtre El Hamra), a contribué à la formation de centaines d’acteurs et de metteurs en scène de différents pays de d’Afrique.Ouvrant le bal, le directeur de cette 25e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC), Mounir Argui, a, dans son intervention, célébré un monument du théâtre africain, mettant l’accent sur son talent et également sur ses qualités humaines. Prenant la parole, Cyrine Gannoun, directrice d’El Hamra, a partagé avec l’assistance sa joie de voir de nouveau « cet ami de longue date, qui a été toujours aux côtés de son père, feu Ezzedine Gannoun », surtout pendant la création du Centre. « Pour nous, il est un modèle de persévérance, un modèle de générosité artistique et humaine », a-t-elle confié à l’assistance. L’artiste tunisien Ali Bennour, qui a animé la rencontre, a surpris l’assistance par la longueur de son exposé imprimé, racontant le parcours insolite de cet homme de théâtre et de culture camerounais. C’était sa façon d’évoquer une carrière riche de réalisations et de responsabilités. Revenant sur quelques pages de la vie de Mbia, Ali Bennour a rappelé à l’assistance que, dans les années soixante, Ambroise Mbia est parti étudier en France pour devenir un ingénieur agronome. Parallèlement à ses études, le jeune Mbia réussit à obtenir « une bourse du gouvernement français, alors il s’est inscrit à l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, longtemps connue comme l’école de la rue Blanche», et plus tard à l’Ecole d’art dramatique Armel Marin à Paris. Un vrai tournant dans le parcours de ce jeune camerounais et le début d’une seconde. « Un jour, il passe une audition pour un rôle qui va lui ouvrir les portes de l’Odéon-théâtre de France où il va rester 7 ans au Théâtre national français », a souligné Ali Bennour. Armand Abanda Maye, le chef de mission camerounaise, lors des JTC, a fait savoir que Ambroise Mbia est une fierté camerounaise et africaine, rappelant les festivals que ce metteur en scène a créé et les différentes responsabilités qu’il a assumées au fil de sa carrière qui s’étend sur plus de 60 ans.
Il a également mis l’accent sur l’attachement de Mbia à son pays et son continent, rappelant que pour la célébration de ses 50 ans de scène, il a monté une pièce intitulée « Le ,colonel et la femme» L’intervenant a souhaité que Ambroise Mbia accepte d’être parmi le corps enseignant et le conseil de l’Institut national des arts et de la culture qui sera bientôt inauguré au Cameroun. La comédienne béninoise Florisse Adjanohoum, qui a partagé avec lui la scène, dans la pièce «Le colonel et la femme», produite à l’occasion des 50 ans de carrière, a mis l’accent sur les qualités exceptionnelles d’un artiste méticuleux qui prend soin de tous les détails. L’acteur Issa Yinkou, qui joue dans la pièce «La dernière aimée» de Ambroise Mbia, programmée aux JTC 2024, en hommage au Cameroun, a qualifié Mbia de père. Quant à l’acteur, metteur en scène et conteur burkinabé Hassan Kouyaté, il a rappelé dans son intervention qu’il connaît Mbia depuis qu’il a été enfant. «Je le voyais toujours avec mon père. J’ai appris le théâtre en le regardant et c’est grâce à lui aussi et à d’autres que les Francophonies à Limoges ont accueilli et continuent à accueillir le théâtre africain dans sa diversité». Avec des fleurs et des youyous, la rencontre avec ce monument du théâtre africain s’est clôturée.