Mohamed Attia, qui a participé dernièrement à une conférence sur la zoothérapie dans un centre spécialisé de l’autisme à La Marsa, n’a pas manqué de souligner les points forts et les améliorations à apporter dans cette approche scientifique en Tunisie. Il a souligné notamment que la zoothérapie peut concerner de nombreux animaux et qu’il ne faut pas se focaliser uniquement sur les chiens. Ainsi lapins, chèvres, moutons ou encore cochons d’Inde font partie du cortège des animaux adaptés pour pratiquer la zoothérapie. Il possède 4 chiens et 2 chats, dont un Border collie, chien docile et particulièrement vif, et un chien croisé jack russe et teckel bien dressé qu’il a ramené le jour de la rencontre au centre de La Marsa.
Mohamed Attia, activiste de la société civile et passionné par tous les types d’animaux et vigilant quant à leur bien-être, proche de la cause animale, a eu le mérite, il y a 2 ans, de ramener de France une éléphante au parc zoologique du Belvédère, sous forme de don, en ayant joué le rôle d’intermédiaire déterminant et dont il est fier. On lui a demandé comment lui est venu cet amour pour nos amis les animaux et de raconter ses expériences en matière de zoothérapie.
Comment vous a été transmise cette passion pour les animaux et la zoothérapie ?
Ma passion pour les animaux existe en moi depuis ma naissance. C’est ma grand-mère qui m’encourageait et qui a renforcé le lien que j’ai avec eux. J’ai adopté depuis mon enfance des poussins, des pigeons, des chiens errants et même des chats. J’aime soigner les animaux. En 1985, je suis tombé sur un nid d’oiseaux, des moineaux précisément, dont j’ai pris grand soin et ils ont repris leur envol. Ce fut un moment mémorable pour moi et qui fait partie de ma longue et belle histoire avec les animaux. Je leur voue un grand attachement. Depuis, j’ai un grand faible pour les animaux, surtout les chiens et les chats, que je croise au détour d’une ruelle et à qui j’ai envie de rendre plus d’un service, de les aider face à leurs tracas du quotidien, face à leur intelligence émotionnelle et leur sensibilité. L’intégration des animaux avec les enfants remonte à ma jeunesse, du temps où j’étudiais au collège Notre-Dame à Mutuelleville (Tunis), étant alors en contact permanent avec des camarades issus du quartier limitrophe de Djebel Lahmar et qui venaient avec leurs bêtes pour étudier, certains montés sur un poulain, un mulet ou une mule. Depuis la révolution, beaucoup d’associations fermées n’ont pas eu de continuité dans la gestion des animaux. Mais j’ai réellement découvert la zoothérapie à Ghardimaou (gouvernorat de Jendouba) quand j’ai vu une ressortissante allemande dénommée Gisèle Bergman, alors veuve, comment elle s’y prenait avec soin avec les autistes et les trisomiques pour les aider à monter sur un cheval, les aider financièrement et dépenser pour eux. C’était une femme incroyable, mais elle est décédée. J’ai travaillé avec elle et beaucoup appris à ses côtés, notamment dans l’élevage de chiens de chasse appelés sloughis qu’elle pratiquait activement. Par la suite, j’ai suivi en Europe et aux Etats-Unis cette expérience enrichissante de la zoothérapie, à laquelle on donne beaucoup d’importance et d’intérêt. Au moins une fois par mois dans les informations, on évoque les enfants malades et convalescents qui sont mis au contact de chiens et de chats. Le contact avec l’animal est primordial comme avec les dauphins aussi comme on l’a vu à l’étranger. Pourtant en Tunisie, on a beaucoup de compétences pour faire avancer la zoothérapie et qui n’est pas difficile à mettre en place dans notre pays. Il n’y a pas que les enfants malades qui ont besoin de zoothérapie, mais aussi les personnes âgées, les toxicomanes, les personnes qui ont une forte dépendance à l’alcool et autres addictions, les patients convalescents dans les hôpitaux. Du reste, la zoothérapie peut être dissimulée, sans qu’on s’en aperçoive. Elle se détecte dans le ronronnement du chat, quand le chien met sa tête contre son maître, ou lorsqu’il comprend l’état de son humeur. C’est après un bilan comportemental d’un an et demi qu’on peut savoir si un animal est parfaitement adapté à la zoothérapie. Il y a des animaux qui ont une intelligence développée comme les chiens qui aident les personnes porteuses de handicap et travaillent dans l’armée, dans la police. Les apparences de ces chiens ne doivent pas faire peur aux enfants malades. et ne doivent pas être impressionnants pour eux et doivent leur paraître gentils et sereins. Ils doivent se rapprocher des enfants et leur donner confiance.
Quel est votre engagement envers la cause animale ?
Il faut dire que j’ai réussi à transmettre ma passion pour les animaux à mes enfants, deux filles collégiennes et un garçon en 5e année primaire, et qui adoptent les mêmes comportements que j’ai avec eux. Mes enfants n’ont pas de préjugés envers les gens, grâce à leur amour pour les animaux. Ils s’évertuent à nourrir les chiens dans leurs établissements et aider quand ils le peuvent. J’ai un grand désir et une affection particulière pour les animaux. Tous les animaux. J’aime les animaux, j’aime leur espace et surtout agir pour leur bien-être. Je possède un savoir-faire avec les animaux. Il faut savoir que les animaux que j’ai emportés sont vaccinés, vermifugés, non porteurs d’allergie et propres avec une hygiène remarquable.
Quel message as-tu à faire passer pour améliorer la zoothérapie en Tunisie ?
Il faut que les enfants soient plus en contact avec les animaux et moins occupés par leurs tablettes, car le lien est coupé avec la faune. Avant, petits, on nous apprenait comment traire les vaches pour mieux apprivoiser les animaux de la ferme et les bêtes domestiques. Une expérience importante dans la vie d’un enfant pour connaître l’origine et l’aspect originel du lait, avec un grand vécu. Ce n’est d’ailleurs qu’un échantillon de l’étendue de ce que l’on peut apprendre au contact des animaux, que par l’expérience. Chose qui a pratiquement disparu aujourd’hui. Avec les animaux, ils te rendent ce que tu leur donnes. Malheureusement, nous avons beaucoup de problèmes dans notre rapport avec les animaux, dans leur gestion où il y a beaucoup d’éléments à améliorer. Je tiens à préciser que personnellement, j’ai vécu une période très difficile sur le plan de la santé, il y a deux ans et demi avec une grave maladie et une rémission, si bien que mon chien continue d’endurer avec moi cette période compliquée et pose sa gueule contre moi pour pleurer et se remémorer cette période que j’espère ne plus revivre. Protégeons nos animaux, donnons-leur de la joie et de la vie. Ils nous le rendront de manière décuplée.