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Erreurs médiatiques

La grande polémique médiatique qui a accompagné, vendredi, l’arrestation de Nabil Karoui, président du parti «Au cœur de la Tunisie» et candidat à l’élection présidentielle du 15 septembre prochain, aurait-elle pu être évitée si l’on s’était soucié d’accorder à l’événement les explications juridiques requises et si l’on avait pensé à la vulgarisation, à l’adresse de l’opinion publique, des procédures suivies généralement dans de telles circonstances ?

En d’autres termes, le traitement médiatique de l’affaire a révélé, encore une fois, un déficit de communication aussi grave et profond au point qu’il a laissé planer des menaces sérieuses sur l’essence même de l’expérience démocratique tunisienne et qu’il a poussé plusieurs analystes et observateurs à affirmer que l’opération électorale a été biaisée avant même de démarrer.

Et les citoyens de se poser la question : qui a tort, qui a raison parmi les commentateurs, les politiciens et les juristes qui ont occupé les plateaux TV tout au long de la nuit de vendredi à samedi pour proposer au public une querelle interminable au bout de laquelle personne n’a réussi à éclairer les téléspectateurs sur les raisons réelles et les conditions effectives dans lesquelles est survenue l’arrestation de Nabil Karoui ?

Et au-delà de la dimension hautement politique de l’affaire et de son instrumentalisation partisane par certaines parties en mal de publicité ou de propagande, les Tunisiens ont eu le sentiment, vendredi et samedi, que l’appareil judiciaire a failli à sa mission, celle d’éclairer le peuple sur les tenants et aboutissants de cette affaire, principalement au niveau des procédures à respecter.

Ainsi, considère-t-on qu’une déclaration détaillée sur les conditions dans lesquelles s’est opérée l’arrestation de Nabil Karoui aurait pu épargner aux Tunisiens les tiraillements, les disputes et les accusations gratuites auxquels ils ont assisté tout au long de la nuit de vendredi à samedi.

Une ambiance délétère dont les victimes principales ont été malheureusement les magistrats, accusés gratuitement d’être à la solde de certaines parties politiques, le processus démocratique et l’opération électorale dont on nous a annoncé la mort.

En parallèle, ces erreurs médiatiques, aussi déplorables soient-elles, ne manqueront pas de profiter à certaines parties et de leur baliser la voie à une fausse célébrité et à une crédibilité factice.

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