Accueil Société Le Tourisme tunisien au fil du temps : La quantité ne fait pas la qualité !

Le Tourisme tunisien au fil du temps : La quantité ne fait pas la qualité !

Si notre tourisme fait, aujourd’hui, bonne figure et rapporte plus de devises au pays, c’est parce que nos hôteliers s’attachent plutôt au nombre de nuitées passées et de clients hébergés. Sans forcément être bien accueillis. Cela dit, la qualité des services fournis pose encore problème.

La Presse — En matière de tourisme, 2019 n’est plus, désormais, l’année de référence, cédant ainsi la place à 2024 dont le bilan a battu tous les records : soit plus de 10 millions de visiteurs et des recettes dépassant les 7,5 milliards de dinars. Des résultats encourageants en ce début d’année, ce qui permettrait d’aborder de plain-pied la prochaine saison touristique.

L’effectif aux dépens des services !

Ces chiffres et ces indicateurs sont révélateurs d’un secteur qui se porte bien, doté de tous les privilèges d’un tourisme de masse en évolution continuelle. Et l’on peut dire qu’on l’avait gratifié d’un intérêt tout particulier, faisant de la Tunisie une destination fort prisée. Mais cela n’est guère suffisant, du fait que le quantitatif et le qualitatif ne vont pas de pair, soit l’un l’emporte sur l’autre. On ne mise pas sur l’effectif aux dépens des services. Car la quantité ne fait pas la qualité. Cet état de fait a toujours été évident en haute saison. Nos hôteliers en sont, certes, conscients, mais ils n’ont jamais eu le flair pour adapter l’offre à la demande. En été, l’accueil de nos concitoyens à l’étranger est perçu comme « le butin de la saison ». Idem pour les vacanciers tunisiens, pourquoi les relègue-t-on souvent au second rang ?

Au fil des ans, le modèle balnéaire a toujours été comme l’enfant prodige de sa tutelle, pour lequel on a dû mobiliser tous les moyens nécessaires pour grandir et devenir le plus beau fleuron de l’offre touristique. Et c’est à lui seul que le tourisme tunisien doit son rayonnement. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Aussi classique que démodé, le tourisme balnéaire demeure un choix banal trop consommé, limité à de vieux hôtels concentrés dans des zones côtières quasi dégradées et de moins en moins attractives. Du déjà-vu qui n’arrive plus à plaire à une nouvelle génération de clients. Cela étant, dans un sens où l’offre ne correspond guère à la demande, laquelle n’est plus, elle aussi, l’expression d’engouement et de satisfaction. A vrai dire, on a du mal à saisir ces règles de base du marché, sans tenir compte de ses réels déterminants. En cause, le tourisme intérieur qui est devenu le talon d’Achille du secteur, le touriste tunisien étant son parent pauvre.

Cap sur la formation

Et si notre tourisme fait, aujourd’hui, bonne figure et rapporte plus de devises au pays, c’est parce que nos hôteliers s’attachent, plutôt, au nombre de nuitées passées et de clients hébergés. Sans forcément être bien accueillis. Cela dit, la qualité des services fournis dans nos hôtels pose encore problème. Le quantitatif prime toujours. Rien ne vaut un hôtel qui affiche complet. Pour le ministère, plus de 10 millions de touristes en 2024, c’est un exploit. Soit une priorité qui vient au-devant de ses objectifs stratégiques. Va s’ensuivre la qualité des prestations. Une telle politique de deux poids, deux mesures avait trop pesé sur l’évolution du tourisme intérieur et ses clients potentiels. D’autant plus que l’offre touristique se réduit comme peau de chagrin, laissant penser à un tourisme alternatif, inclusif et durable.

Faut-il mettre encore le cap sur la formation touristique? Et la mise à niveau des écoles de formation dans les métiers du tourisme suffit-elle à inverser la tendance ? A noter qu’environ 15 millions de dinars y sont investis, dans le cadre d’un plan 2023-2025 visant la modernisation de l’Agence de formation dans les métiers du tourisme. Particulièrement ciblées, les écoles de formation situées au Nord de Sousse, à Tozeur, à Monastir et à Aïn Drahem auront à donner l’exemple. Autant dire, investir dans la formation pour avoir, in fine, des profils compétents et mieux adaptés à la nouvelle donne touristique, basée sur la bonne qualité. Certes, la qualité se paie, mais elle fait aussi vendre le secteur et rayonner la destination Tunisie. La révision du classement des hôtels est aussi de mise.

Dans ce sens, le ministère de tutelle avait, d’ailleurs, lancé, en janvier 2024, un programme de qualité globale, concept touchant également l’artisanat en tant que secteur intimement lié au tourisme. L’objectif étant d’améliorer les services touristiques, fidéliser le tourisme intérieur et le rendre plus compétitif et durable. « La formation touristique dans ses divers domaines constitue un pilier fondamental pour atteindre une qualité globale dans le tourisme tunisien », affirme l’actuel ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya. C’est que depuis sa prise de fonction, en août dernier, l’homme a beaucoup misé sur le développement du secteur, sa promotion et la diversification de ses produits.

Pour ce faire, son département s’applique à préparer un plan de communication 2035, en guise de feuille de route d’une réforme globale du secteur. Et là, on aurait besoin d’un nouveau tourisme hors du commun.

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