Ce n’est ni la première ni la dernière fois que des enseignants ou des personnels travaillant dans des établissements scolaires sont victimes d’actes de violence de la part d’élèves ou de leurs parents.
La Presse — L’agression, par une élève, de trois professeurs et d’une surveillante générale dans la région de Kairouan n’en est qu’une illustration édifiante.
Si l’on peut comprendre l’indignation de tous les enseignants, il est difficile de cautionner les réactions disproportionnées et, parfois, préjudiciables tant aux élèves qu’aux enseignants et aux cadres scolaires.
Il est évident que l’opération éducative est appelée à se dérouler dans un cadre propice. Mais on note que ce qui se passe d’un moment à l’autre ne manque pas de nous interpeller et de nous inciter à poser les bases d’une relation plus apaisée entre l’institution éducative et son environnement.
Le débat n’en est qu’à ses débuts et on ne sait pas, exactement, s’il y a une possibilité de faire la part des choses dans cet imbroglio de dysfonctionnements.
À qui incombe la responsabilité de cette situation de plus en plus tendue qui prévaut dans nos établissements scolaires ?
Relation apaisée
Il y a fort à parier que la réponse n’est pas à la portée de n’importe qui tellement les causes sont multiples.
Aussi, les réactions indignées des parties concernées restent-elles compréhensibles quoique sujettes à révision. On s’explique. Personne ne peut discuter la légitimité de la colère suscitée par les agressions que subissent les enseignants et autres personnels éducatifs.
Toutefois, il existe d’autres voies pour protester autres que l’arrêt des cours.
Cela est d’autant plus vrai que dans des cas pareils c’est à la justice de s’en charger.
Le ministère de l’Education a toutes les dispositions juridiques nécessaires pour porter de telles affaires devant la justice. Mais il n’a pas la possibilité d’anticiper des agressions ou des outrages.
Sur ce point, bien des choses sont à revoir et à prendre en compte.
Il n’est pas inutile de rappeler que nos établissements scolaires ont besoin d’adopter des approches nouvelles en matière de rapports humains. Malheureusement, cette dimension est, quasiment, absente de nos établissements. De plus, il n’y a pas de personnel formé pour établir des canaux de communication et prévenir les tensions.
Tout ce qu’il y a, c’est des employés qui font tout et rien à tel point qu’on ne sait pas qui est qui et qui fait quoi !
Former le personnel encadrant
D’où l’idée de former un personnel chargé de tâches précises et de prérogatives bien définies. Certains croient qu’il faut être sévère et ferme pour obtenir le respect et faire régner la discipline. Il nous semble que c’est la majorité. D’autres, par contre, parviennent à s’imposer en vrais interlocuteurs et un refuge pour les nombreux élèves désorientés ou en mal de repères. Et, malheureusement, cette catégorie de personnes est rare.
En fait, c’est une incommunicabilité totale qui s’est installée entre les enseignants, l’administration, le personnel encadrant, d’une part, et le reste des intervenants extérieurs d’autre part.
C’est la résolution de cette équation qui pose problème.
S’est-on attelé à cette tâche ? Existe-t-il une stratégie allant dans ce sens ? Pour le moment, rien ne le prouve.
Certes, le système éducatif a prévu des règlements et des mesures pour préserver un fonctionnement normal des institutions. Mais cela est-il encore efficace ? Ne faudrait-il pas revoir certaines dispositions dans le sens de leur réactualisation et de leur adaptation aux nouvelles exigences ?
Lorsque, en début de chaque rentrée scolaire, l’établissement remet aux parents le document à signer contenant les droits et devoirs de chacun envers l’institution éducative, il ne faut pas considérer ce rituel comme une simple formalité.
C’est véritablement un engagement.
Or, on constate que personne ne se conforme ni à l’esprit ni à la lettre de ce document.
En tout état de cause, la mission de l’école publique n’est plus ce qu’elle était. Chacun le sait. Plusieurs facteurs en sont à l’origine et dont le contexte ne nous permet pas d’en faire l’inventaire.
Toujours est-il qu’il y a urgence à intervenir au plus vite pour replacer cette institution dans son vrai rôle et de lui redonner les moyens de ses ambitions.
Aussi jugeons-nous qu’il est temps que les experts et les spécialistes s’investissent et aident à proposer des solutions capables d’endiguer ces fléaux ou, du moins, à en diminuer l’impact.
Car force est, pour nous, de reconnaître aujourd’hui que l’éducation de nos enfants nous échappe. Elle est entre les mains des crèches, des garderies, de l’école, de la rue et des réseaux sociaux.