La complexité du cadre législatif, les difficultés administratives et la lourdeur des charges financières constituent les principales contraintes des petites et moyennes entreprises, PME, tunisiennes. Heureusement que la nouvelle stratégie nationale pour la promotion de cette catégorie d’entreprises, actuellement en phase d’élaboration, devrait apporter des réponses positives et concrètes à tous ces obstacles.
La Presse — Les PME tunisiennes accaparent, à elles seules, plus de 80 % du tissu économique national. Pourtant, en termes de valeur, leur apport est toujours timide. En plus simple, cette catégorie semble aujourd’hui essoufflée et surtout incapable de maintenir un niveau de compétitivité élevé ou encore de répondre aux nouvelles exigences du marché.
Cette fragilité s’explique par la faiblesse du niveau d’intégration aux chaînes de valeur mondiales, à la timidité de la composante innovation et la faiblesse manifeste dans l’exploitation des nouvelles niches, l’économie verte, bleue ou les domaines de l’intelligence artificielle notamment.
Les causes d’une fragilité chronique
On reconnaît toutefois que ce retard dans la transition vers les secteurs à forte valeur ajoutée pourrait être justifié, d’abord, et de l’avis même de nos premiers responsables, par la complexité du contexte juridique et administratif régissant les PME, car dispersé et peu coordonné.
L’on estime en effet que le nombre aussi bien des textes juridiques que des structures administratives représentant les PME est trop élevé, ce qui ne permet pas de prétendre à une gestion cohérente ou de garantir des interventions de qualité.
La fragilité des PME tunisiennes pourrait s’expliquer, d’un autre côté, par l’absence d’une politique d’accompagnement et d’assistance performante. Nos structures d’appui manquent encore d’implication en termes d’évaluation, d’orientation et de suivi. Elles se contentent, souvent, du rôle d’observateur et non pas d’acteur agissant.
Et ce sont certainement ces défaillances qui ont contraint les décideurs à réagir et à multiplier les réflexions pour identifier les bonnes mesures capables de redynamiser ces entreprises, d’élargir leur niveau de compétitivité et surtout d’améliorer leur apport dans l’économie nationale. D’où ce projet d’élaboration d’une stratégie nationale pour la promotion des PME.
Repenser l’internationalisation
Selon les premières données disponibles, cette stratégie, en phase d’élaboration, devrait reposer sur un ensemble d’axes prioritaires. Il s’agit, entre autres, de la gouvernance institutionnelle et du cadre législatif, de l’accès au marché et de l’internationalisation et de l’intégration des chaînes de valeur mondiales, de l’innovation et de l’exploitation des créneaux à tendance. Sans parler, bien entendu, du financement.
On apprend également, que le souci porterait, dans le cadre de la nouvelle politique de gouvernance institutionnelle, sur la revalorisation du rôle des structures d’appui à travers la mobilisation de comités de pilotage capables d’assurer aux PME « une gestion efficace et transparente ».
Autant, donc, d’axes, ambitieux qui ne manqueraient pas de façonner totalement le paysage entrepreneurial, de l’entourer de nouveaux paramètres de compétitivité et d’élargir ainsi son attractivité.
Il faut préciser toutefois que ce projet n’est pas une action isolée.
Depuis quelque temps, on assiste, à chaque fois que la conjoncture l’autorise, à l’injection de nouvelles dispositions en faveur du tissu entrepreneurial, financières notamment.
On évoque ainsi, les mesures relatives à l’allègement des charges financières des PME, à travers surtout l’annulation totale ou partielle des pénalités de retard, le rééchelonnement des dettes, ou encore l’introduction de nouveaux mécanismes de garanties…
Ce qui est encore plus important, c’est qu’en plus des incitations directes, les PME devraient évoluer, dorénavant, dans un climat beaucoup plus favorable. Ainsi, en parallèle aux multiples et importantes dispositions retenues par la loi de finances 2025, l’environnement des affaires devrait bénéficier, prochainement, d’une nouvelle loi transversale pour la promotion de l’investissement.
Ce projet, actuellement à l’étude et qui a fait l’objet d’un conseil ministériel restreint, le 4 février 2025, ambitionne de doter notre environnement des affaires d’un cadre légal, souple, efficace et en mesure d’accélérer le rythme de développement économique à travers la revalorisation des investissements aussi bien nationaux qu’internationaux.
Le nouveau texte législatif est d’autant plus important qu’il intervient au moment où l’atonie de l’investissement, notamment privé et étranger et le ralentissement du rythme de création commencent à peser lourdement et à freiner sérieusement le redressement de l’économie nationale.