Accueil A la une Régulation du marché immobilier en Tunisie : Les propositions pour relancer le secteur et réduire les prix des logements

Régulation du marché immobilier en Tunisie : Les propositions pour relancer le secteur et réduire les prix des logements

Le vice-président de la chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers, Jallal Mezou, a appelé à parvenir à un accord pour réguler les prix des terrains et revoir le taux d’intérêt afin de sortir le secteur immobilier privé de la récession et de mettre en place des mesures pour réduire les prix des biens immobiliers.

Mezou a exprimé ses propos lors d’une table ronde diffusée en direct sur le plateau de la chaîne de télévision de l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), portant sur la contribution du secteur privé à la lutte contre la hausse des prix de l’immobilier. La rencontre a réuni également Anis El Ghazali, responsable de la plateforme immobilière “Mubawab”. Il a souligné que le marché immobilier traverse actuellement une phase de stagnation.

Il a expliqué que la situation de récession est visible à travers la baisse des permis de construire délivrés par les municipalités. Le secteur a connu une régression notable depuis 2018, notamment après l’introduction de la taxe sur la consommation.

Mezou a précisé que bien qu’il y ait des clients pour l’immobilier, ces derniers manquent des ressources nécessaires, et que la chambre syndicale observe que le secteur se concentre de plus en plus sur les professionnels, après une période où divers intervenants étaient impliqués.
En ce qui concerne les solutions proposées pour redynamiser le marché immobilier, Mezou a évoqué la nécessité de relancer l’achat immobilier en réduisant les charges liées aux prêts immobiliers et en révisant les taux d’intérêt appliqués à ces prêts.

Il a précisé que l’augmentation des prix des biens immobiliers en Tunisie échappe au secteur privé de la promotion immobilière, et est davantage liée à la hausse des prix des matières premières, notamment en raison de leur fluctuation continue.

Répondant à une question sur la déconstruction du système des prix des logements en Tunisie, Mezou a rappelé que les citoyens tunisiens connaissent bien les coûts des matériaux de construction, ajoutant que si auparavant les prix de construction demeuraient stables jusqu’à la fin du projet, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les coûts peuvent en effet évoluer en quelques mois après le début du projet.

Il a également souligné que l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre dans le secteur de la construction, qui ne devrait pas diminuer, contribue à la hausse des coûts de construction, en parallèle à une pénurie de maçons qualifiés alors que la demande à leur égard augmente, entraînant ainsi une hausse de leurs salaires.

Le terrain destiné à la construction reste cependant un élément contrôlable, et l’État pourrait jouer un rôle en veillant à stabiliser ses prix.
Mezou a également abordé la question du logement social, soulignant que la Tunisie ne construit chaque année que moins de 1 000 unités sociales, alors que la construction de logements destinés à la classe moyenne atteint près de 3 000 unités. Il a précisé qu’il est donc crucial de fournir davantage de terrains.

Il a insisté sur la nécessité de trouver une solution pour activer le système de logement social, essentiel pour une large part de la population salariée.

Mezou a rejeté l’idée selon laquelle les promoteurs immobiliers privés seraient responsables de la hausse des prix de l’immobilier en Tunisie. Il a expliqué qu’un promoteur immobilier souhaite vendre les unités qu’il construit pour pouvoir financer d’autres projets de construction.
Il a également souligné l’importance d’une vision globale du secteur immobilier, rappelant que la chambre syndicale avait déjà préparé une étude prospective à ce sujet.

Concernant les mesures nécessaires pour relancer le marché immobilier en Tunisie, Mezou a précisé que le secteur immobilier est l’un des plus importants pour l’économie et qu’il est soumis à plusieurs ministères et structures. Il a insisté sur la nécessité de soutenir ce secteur, soulignant que de nombreux promoteurs immobiliers ont cessé leur activité en raison des risques liés à l’investissement dans ce domaine. Selon lui, la construction d’un seul bâtiment implique près de 300 métiers.

Le développement du secteur immobilier nécessite une révision du taux d’intérêt, une nouvelle approche des prêts immobiliers et une révision du système des Fonds de logement au bénéfice des salariés, le “Foprolos”. Ce mécanisme est destiné à faciliter l’accès au logement pour les travailleurs à faibles revenus, avec des conditions de remboursement assouplies.

Mezou a expliqué que le “Foprolos” est principalement associé aux logements de qualité inférieure et que le système du premier logement n’a pas réussi, car il exige un financement personnel important que la majorité des salariés ne peuvent pas se permettre.
Il a ajouté que le taux d’intérêt de 12 %, qui comprend le taux de base de la Banque centrale de Tunisie d’environ 8 % et les intérêts supplémentaires, décourage les acheteurs et ne correspond pas au pouvoir d’achat des citoyens. Il a appelé à encourager les citoyens à revenir vers les banques avec des prêts ne nécessitant que la fiche de paie comme garantie, et à réduire les taux d’intérêt tout en renouvelant le système du “Foprolos”.

Concernant la baisse du pouvoir d’achat et la difficulté d’épargner pour la plupart des Tunisiens, ce qui rend difficile le financement personnel pour l’achat de logements, Mezou a insisté sur la nécessité d’encourager l’achat d’appartements sans financement personnel.
En ce qui concerne les propositions de la chambre et l’impact de la vente de terrains au dinar symbolique, Mezou a noté que la chambre avait proposé de fournir des logements aux Tunisiens d’une valeur ne dépassant pas 500 000 dinars, avec un taux d’intérêt fixe de 3 % et une période de remboursement de 30 ans, sans nécessiter de financement personnel.

Mezou a souligné que le système de promotion immobilière privée rencontre de nombreux problèmes et que l’État doit clarifier sa vision du secteur pour permettre la programmation des constructions. Ces mesures sont importantes tant pour les clients que pour les promoteurs immobiliers qui contribuent à fournir des ressources financières à l’État.

Il a ajouté que ne pas soutenir le secteur immobilier privé entraînerait la croissance d’un secteur immobilier parallèle non régulé, privant ainsi l’État des revenus fiscaux et financiers générés par le secteur organisé.

En réponse à une question sur la possibilité pour le secteur immobilier privé de bénéficier de la vente de terrains au dinar symbolique, Mezou a estimé que cela serait bénéfique, si cela est réalisable. Il a ajouté que le président de la République, Kais Saied, souhaite par cette mesure redonner à la société nationale immobilière de la Tunisie “SNIT” son rôle dans la fourniture de logements sociaux.

Mezou a estimé que la “SNIT” est arrivée à un point où la seule solution pour continuer son activité serait de fournir des terrains au dinar symbolique, faute de quoi l’entreprise se heurterait à des difficultés.

Concernant la participation des promoteurs immobiliers, Mezou a expliqué que si la “SNIT” demandait aux promoteurs de construire des unités pour elle, cela serait possible. Cette mesure permettrait à la “SNIT” de se recentrer sur sa mission principale de construction de logements sociaux et de lui donner un avantage concurrentiel.

Cependant, il a souligné que cette initiative poserait un problème, car la “SNIT” est un acteur économique, tout comme le secteur privé. Bien que la vente de terrains au dinar symbolique soit bénéfique pour les citoyens tunisiens, la “SNIT” ne peut construire que 400 à 500 ou 1 000 unités par an, alors que la demande pour des logements sociaux est plus élevée.

Mezou a conclu en soulignant la nécessité d’une solution collective, précisant que cette mesure devrait inclure tous les promoteurs immobiliers, non seulement en leur fournissant des terrains au dinar symbolique, mais en trouvant un accord pour réguler les prix des terrains, ou en permettant à l’Agence immobilière pour le logement de fournir des terrains dans de nouvelles zones accessibles au secteur privé. Cela permettrait de contrôler le prix des terrains, facteur déterminant dans le coût global des projets immobiliers.

Mezou a conclu en insistant sur l’importance du rôle du secteur immobilier dans la stabilité sociale et l’accessibilité au logement, afin de permettre aux jeunes Tunisiens de rester dans leur pays et d’éviter la migration, tout en facilitant l’accès à la propriété.

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