
Des œuvres oniriques et poétiques d’une rare délicatesse qui se présentent comme autant de notes musicales composant la symphonie de cet amour déchiré par l’ambition et les passions. Le tout présenté à travers une scénographie immersive imaginée par Sonia et Zaineb, qui nous plonge dans un univers de féerie.
Une belle exposition signée par Sonia Ben Salem et Zaineb Ben Haouala est à découvrir, jusqu’au 13 mars à la galerie Archivart. Intitulée «Sur les notes d’Octave», elle est inspirée par l’histoire imaginaire d’Octave Dali, un chef d’orchestre rongé par sa quête de perfection et marqué par la perte de sa muse, Eliza, qui en le quittant lui adressa une lettre accompagnée d’une boite musicale.
C’est autour de ce dernier objet que s’articulent les illustrations présentées dans cette exposition, qui disent la fragilité de l’âme et la beauté des imperfections.
Derrière ces œuvres on trouve, d’un côté, Zaineb Ben Haouala, une illustratrice tuniso-suisse née en 1982. Elle s’active dans l’univers effervescent de la communication en tant que directrice artistique avant de renouer avec sa passion profonde : l’illustration.
En 2017, elle co-fonde le studio d’illustration Glibett, un lieu créatif où elle se réinvente sans contraintes et explore de nouvelles dimensions de son art. Le studio a fédéré une communauté d’illustrateurs et d’illustratrices autodidactes (la formation académique à ce métier n’existe pas pour le moment en Tunisie).
Repérée par la maison d’édition Kalimat Group en 2019 lors de la Foire Internationale du Livre Jeunesse de Bologne, elle signe son premier album jeunesse, qui rencontre un vif succès.
En mêlant des univers antagonistes, elle crée un langage visuel universel très accessible. Ses œuvres, à la fois spontanées et sophistiquées, racontent des histoires où l’imaginaire se mêle à une réflexion profonde sur le monde qui nous entoure.
Et de l’autre côté, la Franco-Tunisienne Sonia Ben Salem, une illustratrice autodidacte qui a évolué dans le métier en intégrant la Glibett en 2018. En 2021 elle crée avec Zaineb et Noha Hbaieb, Koshk Glibett, un shop qui propose des produits illustrés qui met en valeur le patrimoine.
Petit petit, elle développe son propre style et sort un livre pour enfants «Le chat qui boude» en janvier 2023. Sonia s’intéresse de plus en plus à l’illustration de jeunesse, participe à des résidences artistiques et des expositions collectives à Paris, Bruxelles, Barcelone, Tunis et en Italie.
Dans ses dessins on retrouve beaucoup de scènes spécifiquement tunisiennes, avec de l’autodérision, de la spontanéité et de l’humour.
«Sur les notes d’Octave» est une histoire imaginée et écrite par Sonia qui en a parlé à sa complice Zaineb. Ensemble elles ont conçu ce projet personnel cher à leurs cœurs.
Il était une fois, dans un monde où la magie danse subtilement avec la réalité, un homme, autrefois au sommet de sa gloire, qui se trouve brisé par l’ombre de ses propres démons». Octave Dali, un chef d’orchestre renommé qui n’était pas seulement une légende vivante du théâtre lyrique mais un maître des émotions humaines, capable de faire pleurer, rire et aimer son public avec une simple note. Mais derrière les coulisses de son succès se cachait un homme rongé par une obsession dévorante : son travail. Chaque concerto, chaque représentation était une quête de perfection, un combat contre le temps, l’âme, et son propre cœur. Le grand maître tomba dans la dépression et l’alcoolisme.
Sa femme, Eliza, sa muse, l’avait aimé pour cette passion dévorante, mais au fil des années, l’orchestre de son âme avait balayé toute autre mélodie : elle s’était éteinte, étouffée sous le poids de ses absences et son refus de fonder une famille avec celle-ci.
Eliza qui avait décidé de le quitter lui adressa une lettre poignante, lui exprimant la fin d’une ère. «Chaque mot frappait Octave comme un coup de baguette, chaque phrase comme un crescendo qu’il ne pouvait arrêter».
Cette dernière fait accompagner sa lettre d’une boite musicale autour de laquelle s’articuleront les illustrations digitales des deux artistes :
Des œuvres oniriques et poétiques d’une rare délicatesse qui se présentent comme autant de notes musicales composant la symphonie de cet amour déchiré par l’ambition et les passions. Le tout présenté à travers une scénographie immersive imaginée par Sonia et Zaineb, qui nous plonge dans un univers de féerie et se présente comme un prologue à un projet de livre de jeunesse, car l’histoire d’Octave servira aussi de trame pour un livre illustré.
Bon vent !