Candidats à la présidence : Ecoutez le silence des enfants !

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En raison des ruptures familiales, des démissions parentales, on n’arrive plus à garantir le minimum requis en matière de protection de nos enfants mais aucun candidat n’en parle lors de sa campagne électorale.

Le président de la République est le président de tous les Tunisiens et il lui incombe le rôle de protéger les droits des enfants qui font partie intégrante des droits humains comme le stipule l’article 47 de la Constitution du pays. « Les droits de l’enfant envers ses parents et envers l’Etat sont la garantie de la dignité, de la santé, des soins, de l’éducation et de l’enseignement. L’État se doit de fournir toutes les formes de protection à tous les enfants sans discriminations et selon les intérêts supérieurs de l’enfant». Il se trouve toutefois que l’enfant constitue cette voix silencieuse qui malheureusement  ne parvient pas aux oreilles des candidats aussi bien à la Présidentielle qu’aux élections législatives, a fait savoir Moëz Chérif, président de l’Association tunisienne de défense des droits de l’Enfant lors d’une conférence de presse organisée hier au siège du Syndicat des journalistes, en présence de Ridha Zahrouni, président de l’Association tunisienne des parents et des élèves et Anis Ounallah, porte-parole de l’Association tunisienne des délégués à la protection de l’enfance.

Fustigeant la politique de l’Etat en matière de protection de l’enfance, Moëz Chérif a pointé du doigt  à cet effet l’absence de stratégie et de plans d’action ciblant   cette catégorie vulnérable. Le bilan des dernières années est catastrophique à plus d’un titre comme en témoigne le  taux de criminalité avoisinant les 80 % chez les enfants, sans oublier la recrudescence des actes de violence  à  leur égard. Des actes émanant des milieux censés  favoriser la protection  des enfants, à l’instar de la famille et de l’école. Les programmes électoraux passent sous silence la protection des enfants qui seront les électeurs et les candidats de demain. En raison des ruptures familiales, des démissions parentales, on n’arrive plus à garantir le minimum requis en matière de protection de nos enfants mais personne n’en parle lors de sa campagne électorale, souligne le président de l’association en question. Pire, certains projets de loi inhérents à la protection de l’enfance sont renvoyés aux calendes grecques, comme celui du nouveau projet de loi relatif aux crèches et jardins d’enfants appelé à mieux organiser le secteur et promouvoir la structure éducative préscolaire. L’enfant observe et ne parle pas mais quand il atteindra l’âge adulte, il ne pardonnera pas aux décideurs cette politique.

De son côté, Ridha Zahrouni a adressé une lettre ouverte à tous les candidats à la Présidence de la République, les appelant à sauver l’école. Il s’interroge s’il existe une corruption plus dommageable, plus coûteuse, plus immorale et plus absolue que l’investissement de l’Etat et de la société dans l’ignorance depuis plusieurs années. Une ignorance qui s’amplifie d’une année l’autre, atteignant aujourd’hui des niveaux gravissimes qui effaraient les familles lorsqu’il s’agit d’avenir et d’espoir de voir des jours meilleurs pour leurs enfants et qui mettent en péril l’unité sociale et la sécurité nationale.

Selon les dernières statistiques, plus de 1/5 de nos concitoyens sont analphabètes  alors que notre pays a misé sur l’enseignement et l’éducation depuis l’indépendance. Nos écoles jettent dans la rue plus de 300 élèves par jour et plus de 100 mille enfants sont livrés à eux-mêmes chaque année, ajoute-il. Le candidat qui est incapables de réaliser la gravité de cette situation et ne propose pas de vraies solutions à cette crise ne mérite pas d’être le locataire de Carthage, conclut-il.

Pour sa part,  Anis Ounallah, a expliqué  que les  candidats aux prochaines élections doivent  se pencher plus sérieusement sur la question  de la protection de l’enfance. Il n’y a pas que la lutte contre le terrorisme qui est prioritaire, mais il faut éviter les solutions de rafistolages pour l’enfance en Tunisie et faire appel à toutes les parties prenantes pour sortir de cette crise.

Concluant le débat, le président de l’Association tunisienne de défense des droits de l’Enfant a souligné l’importance de la mise en exergue des droits de l’enfant dans le discours électoral. Médias et société civile doivent prendre le relais de la sensibilisation.

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