
La récente décision du ministère de l’Industrie d’installer une unité de production d’hydrogène vert à Gabès a suscité des réactions partagées. Cette initiative, qui soulève des interrogations sur ses contours et son impact environnemental, a divisé l’opinion publique, notamment les élus et la société civile.
Abdel Salam Dahmani, député de la région de Gabès, a qualifié cette décision de “surprise” et de “déception” pour les habitants, alors qu’ils attendaient des mesures concrètes pour remédier à la pollution persistante dans la région, un fléau qui dure depuis des années. “Alors que nous espérions des décisions justes depuis 2019, cette nouvelle semble ignorer les réalités locales et les préoccupations des citoyens”, a-t-il déclaré, lors de son passage sur Mosaïque Fm.
Le député a également exprimé des doutes sur la clarté du projet, soulignant que la mémoire des habitants de Gabès est particulièrement sensible à ce type d’initiatives, souvent perçues comme des solutions à court terme sans bénéfice durable. “Il est crucial de réexaminer les promesses faites dans le passé et de vérifier leur mise en œuvre avant de lancer ce projet, en prenant en compte tous ses aspects, sociaux, environnementaux et économiques”, a-t-il ajouté. Il a proposé l’organisation d’une journée d’étude pour examiner le projet d’hydrogène vert sous tous ses angles.
Dahmani a enfin lancé un appel aux autorités, notamment à la présidence de la République, au gouvernement et au ministère de l’Industrie, pour adopter une approche plus sérieuse et respectueuse de l’environnement, en vue de promouvoir un développement équitable pour la région de Gabès.
De leur côté, les membres de la société civile ont exprimé leur choc et leur mécontentement face à cette décision. Kheireddine Debiya, porte-parole du mouvement “Stop Pollution” à Gabès, a indiqué que cette initiative risquait de dégrader encore davantage la situation environnementale dans la région. “Nous avons toujours exigé, depuis juin 2017, le démantèlement des unités polluantes. Revenir sur cette exigence serait un grave recul, qui méprise les luttes des habitants et compromet l’avenir de la région”, a-t-il déclaré.
Debiya a également mis en garde contre les dangers liés à la création de cette unité de production d’ammoniac et d’hydrogène vert, notamment les risques pour la santé publique et l’exploitation des ressources en eau. “Dans un pays qui souffre déjà de la pénurie d’eau, ce projet constitue une menace pour notre souveraineté énergétique et pour la sécurité des citoyens”, a-t-il ajouté.