
Le spécialiste en développement Ali Abaab a alerté, ce mercredi 12 mars, sur la problématique du gaspillage alimentaire en Tunisie, soulignant l’absence de données précises et actualisées sur l’ampleur de ce phénomène pendant le mois de Ramadan. Toutefois, il a insisté sur le fait que le gaspillage alimentaire ne se limite pas uniquement à la consommation, mais concerne l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation.
D’après les chiffres disponibles, Abab a révélé qu’une famille tunisienne gaspille en moyenne 240 dinars par an, soit un total estimé à 480 millions de dinars à l’échelle nationale. Parmi les produits les plus gaspillés figurent les dérivés des céréales, tels que le pain, le couscous et les pâtes. Selon lui, la Tunisie a importé pour 2800 millions de dinars de céréales, un montant considérable qui ne justifie en aucun cas le gaspillage de ces ressources.
Abaab a précisé que 5 % des dépenses alimentaires finissent à la poubelle, et a plaidé pour une campagne de sensibilisation et d’éducation afin de réduire ce gaspillage. Il a également appelé à un meilleur recyclage des produits alimentaires, plutôt que de les jeter.
Le spécialiste a mis en évidence que l’alimentation est l’une des principales sources de gaz à effet de serre dans le monde, et que les légumes et fruits, ainsi que la viande et le poisson, représentent les produits les plus gaspillés par les consommateurs tunisiens. Il a souligné que les prix des produits alimentaires et les questions liées au système des subventions demeurent au cœur du problème.
Par ailleurs, Abaab a pointé du doigt les hôtels, qui, selon lui, représentent les plus grands gaspilleurs après les consommateurs individuels, notamment en raison des buffets, où une part importante des aliments est jetée. Il a suggéré une révision du secteur touristique en Tunisie, rappelant que des études ont montré que 15 % de la nourriture servie dans les hôtels est gaspillée.
Le gaspillage alimentaire touche également les lieux de restauration collective et les cantines universitaires, a précisé Ali Abaab, insistant sur la nécessité d’adopter une politique nationale pour traiter cette problématique en fonction des spécificités de chaque secteur.
Abab a appelé à une révision complète du système alimentaire tunisien, en mettant l’accent sur la production, la distribution et la consommation des produits alimentaires. Selon lui, des décisions concrètes doivent être prises pour réduire le gaspillage et limiter la dépendance alimentaire de la Tunisie, notamment en ce qui concerne l’importation de céréales, qui représente 70 % de la consommation nationale.