En plus des difficultés économiques qu’endurent les entreprises tunisiennes depuis plusieurs années, ces dernières doivent faire face à la problématique du recouvrement. Un aléa qui menace la pérennité et la survie de la majorité des affaires.
Il n’y a pas très longtemps, une enquête sur les délais moyens de paiement a été menée, à l’échelle internationale, par le bureau de l’assureur-crédit «Euler Hermes». Hélas, la Tunisie ne figure même pas sur la liste des pays enquêtés. Par contre, ce travail nous a permis de savoir ce qui se passe chez certains de nos voisins. Le Maroc, par exemple, fait partie des pays où les délais moyens de paiement sont supérieurs à la moyenne mondiale.
Au moment où cette dernière s’établit à 66 jours, selon la base des statistiques de l’année 2017, les délais de paiement moyens au Maroc s’établissent à 83 jours. Dans certains secteurs, ce chiffre est nettement plus élevé. Toujours à l’échelle mondiale, la Nouvelle-Zélande se place en tête de liste avec des délais de remboursement ne dépassant pas les 43 jours.
Bons élèves
Les pays scandinaves, l’Autriche et les Pays-Bas, ou encore les Etats-Unis, font également, figure de bons élèves. L’Allemagne, le Canada, le Brésil et le Royaume-Uni fluctuent autour de la moyenne globale, tandis qu’une douzaine d’autres nations affichent les plus mauvais résultats : la France (73), l’Italie (83)… et surtout la Chine, bonne dernière, avec plus de 92 jours de retard.
La problématique du recouvrement en Tunisie est un enjeu majeur pour la pérennité de l’entreprise. Contrairement à ce qui se passe dans le reste du monde, les lois tunisiennes ne sont pas claires et ne protègent ni les fournisseurs ni les clients. Pourtant, les règles doivent être simples. Passé l’échéance, le débiteur doit, de plein droit, des pénalités de retard à leurs créanciers dès le premier jour de dépassement.
Or, rares sont les entreprises qui réclament cette majoration. Déjà, les perspectives de business avec son client en retard de règlement nécessitent souvent de temporiser la relance, mais face à un client récalcitrant, le créancier n’aura pas d’autres choix que de durcir le ton. Récupérer son argent n’est, sans doute, pas simple même avec une législation bien établie. Les lois doivent permettent aux entreprises d’améliorer leur trésorerie.
Modes de paiement différents
Elles doivent aussi assurer aux petites et moyennes entreprises la liquidité nécessaire à leur activité. Les dernières statistiques nationales disponibles dans ce domaine remontent à 2013, où un échantillon portant sur 208 entreprises d’activités, d’emplacements divers et de modes de paiement différents (58 % proviennent du secteur des services et 42% du secteur de l’industrie) avait été mené par un bureau d’étude tunisien. L’enquête révèle que d’une manière générale, les délais dépassant 60 jours représentent 36%, soit le taux le plus élevé, alors que les délais de plus de 90 jours atteignent 12% et les délais de plus de 120 jours ne dépassent pas 4,7%.
Dans une ancienne déclaration, un représentant de la Banque centrale commente ces résultats et assure que les textes juridiques tunisiens en la matière présentent plusieurs lacunes, d’où la nécessité de les réformer. Depuis 2013, environ 72 projets de lois sont en cours d’élaboration ! Où en sommes-nous depuis cette date ?