
Charefeddine Yaakoubi, spécialiste en gouvernance et en lutte contre la corruption, a dénoncé ce mardi 15 avril 2025 les causes multiples et complexes de la tragédie de la Mezzouna, soulignant que celle-ci reflète un problème structurel au sein de la gestion publique tunisienne.
Lors de son intervention sur les ondes d’Express Fm, Yaakoubi a expliqué que les racines de cette tragédie se trouvent dans le cœur même de la gestion publique du pays, notamment dans la gouvernance de l’administration et l’organisation administrative. “Les procédures administratives en Tunisie datent de l’époque des beylicats et ne sont plus adaptées aux réalités de 2025”, a-t-il affirmé. Selon lui, l’utilisation encore généralisée de méthodes dépassées, comme le fax et les comités, illustre l’écart entre l’administration et les exigences du monde moderne.
Le spécialiste a également critiqué l’organisation centralisée de l’État tunisien, estimant qu’elle ne permet pas de réagir efficacement face aux urgences. “Il est illusoire de gérer de telles situations avec une administration centralisée. Ce pays a besoin d’une gestion décentralisée, locale et régionale, capable de faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité”, a-t-il ajouté.
Charefeddine Yaakoubi a suggéré que la réactivation de certaines dispositions du Code des marchés publics, notamment celles liées aux situations d’urgence, aurait permis d’éviter la tragédie de la Mazouna. “Une négociation directe et une intervention urgente étaient nécessaires”, a-t-il déclaré, appelant à une révision des procédures d’urgence.
Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de réformer en profondeur l’administration tunisienne, qui reste trop centralisée et bureaucratique. Selon lui, il est essentiel d’alléger le contrôle préalable, d’accorder plus de flexibilité aux gestionnaires, et de mettre en place un contrôle postérieur. “L’administration tunisienne est devenue trop rigide et peine à répondre aux besoins des citoyens. Ce système doit évoluer”, a-t-il souligné.
Yaakoubi a aussi attiré l’attention sur la problématique des finances publiques, soulignant qu’une part disproportionnée du budget de l’éducation (90 %) est allouée aux salaires. “L’économie nationale ne génère pas assez de richesse, ce qui impacte négativement tous les secteurs”, a-t-il conclu, appelant à une révision en profondeur des politiques économiques du pays.