La Ltdh se mobilise pour convaincre les 26 candidats au palais de Carthage à placer les droits de l’enfant au cœur de leur campagne électorale. « Les enfants ont leur voix à faire entendre » dans l’édification de l’avenir, estiment la Ligue et les coordinations des droits de l’enfant.
De par son poids démographique dans la société tunisienne (plus du tiers de la population), ses besoins spécifiques nécessaires à son développement physique et social et de par les multiples droits dont il est encore privé, l’enfant aurait pu être, ces jours-ci, au centre d’intérêt des programmes électoraux des 26 candidats à la présidentielle anticipée. Or, ce n’est tout à fait pas le cas. Et pour cause. La Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (Ltdh) et les coordinations des droits de l’enfant ont lancé, hier matin, une campagne nationale « plaidoyer pour les droits de l’enfant dans les élections présidentielles et législatives 2019 », placée sous le signe « les enfants ont leur voix à faire entendre en Tunisie ».
L’annonce a été ainsi faite lors d’une conférence de presse à Tunis, afin de sensibiliser les candidats au sujet des droits de l’enfant et l’importance d’en tenir compte dans leurs programmes électoraux. Autant dire, relève M. Jamel Msallem, président de la Ltdh, faire de la promotion de cette catégorie vulnérable et de la préservation intégrale de ses droits sociaux, civils, éducatifs et économiques un objectif transversal de toutes les politiques sectorielles du pays. Cela signifie, évoque-t-il, la concrétisation du principe de « l’intérêt supérieur de l’enfant », une notion protectrice introduite en 1989 par la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. « Surtout que notre population compte plus d’un tiers d’enfants et dont la majorité vivant en milieu rural n’a pas accès à plusieurs services de soins, de sécurité sociale, d’éducation et bien d’autres droits jusque-là bafoués.. », explique-t-il, invoquant l’implication des candidats, nos futurs présidents potentiels, à agir dans le bon sens. Et c’est là un argument pour les exhorter à placer la protection de l’enfant en tête de leurs priorités. Il y a aussi d’autres défis à relever : l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant, la réduction de la mortalité prénatale et infantile, la lutte contre l’abandon scolaire, l’égalité des chances entre tous les enfants, le combat contre leur exploitation sexuelle et économique. Bref, tout ce qui pourrait donner du poids à l’enfance tunisienne, toutes catégories confondues.
Enfance : bilan négatif !
Partant de Tunis et de La Manouba, ce plaidoyer piloté par la Ltdh et ses partenaires associatifs devrait toucher tous les candidats à la présidentielle, mais aussi ceux qui se préparent aux législatives 2019. « Nous allons mener notre campagne jusqu’au bout et par tous les moyens de communication possibles, à travers les médias et visites sur le terrain», déclare-t-il. Car, l’enquête empirique faite par l’INS en 2018 sur la santé de la mère et de l’enfant a fait état de résultats peu reluisants, présentant l’enfant comme victime d’une politique nationale, le moins que l’on puisse dire, défaillante et sans un plan d’action d’avenir. Les détails de cette enquête ont été exposés par le représentant de l’Unicef bureau de Tunis et son chargé de communication, M. Mokhtar Dhahri. « Nous voudrions que tous les candidats à la présidentielle prennent en considération les questions liées aux droits de l’enfant, en leur accordant un intérêt tout particulier.. », abonde-t-il dans le même sens. En tant qu’observateurs des campagnes électorales de 2014, 2018 et celle de 2019, rappelle-t-il, nous n’avons constaté aucune attention par rapport à ce sujet. Et d’ajouter que ladite campagne est également destinée aux médias et à toutes les composantes de la société civile, afin de s’aligner sur la même ligne de défense pour avoir gain de cause. «Que les candidats répondent présent à notre appel lancé en faveur de l’enfance », espère-t-il, en conclusion.
Kamel FERCHICHI