
Ce programme, qui s’inscrit dans la continuité de celui de 2021-2024, adopte une approche plus ciblée et intégrée. Il vise à renforcer la résilience économique et sociale du pays tout en introduisant de nouvelles priorités, telles que
l’adaptation au changement climatique et la gestion des migrations.
L’ambassade de Suisse en Tunisie a officiellement lancé, ce jeudi 24 avril 2025, son programme de coopération pour la période 2025-2028, marquant une nouvelle étape dans les relations bilatérales entre les deux pays. Cet engagement s’inscrit dans la continuité du programme précédent (2021-2024), tout en introduisant de nouvelles priorités stratégiques, notamment l’adaptation au changement climatique et la gestion des migrations.
Un partenariat historique renforcé
Lors de la cérémonie de lancement, l’ambassadeur de Suisse en Tunisie, S.E. Josef Renggli, a souligné la solidité et la longévité des relations entre les deux pays. «La Suisse et la Tunisie entretiennent d’excellentes relations depuis plusieurs décennies. L’année prochaine, nous célébrerons 69 ans de relations diplomatiques, établies peu après l’indépendance tunisienne», a-t-il rappelé.
Il a également mis en lumière l’ancienneté du partenariat dans le domaine de la coopération, soulignant l’existence d’un accord bilatéral en vigueur depuis 1972. «Ce texte témoigne de notre engagement bien avant la Révolution. Mais c’est surtout à partir de 2011 que la Suisse a considérablement renforcé son soutien à la Tunisie, en accompagnant activement sa transition démocratique et économique. La Tunisie est depuis lors un pays prioritaire de notre coopération internationale», a-t-il ajouté.
Revenant sur les réalisations du programme 2021–2024, l’ambassadeur a salué la qualité du dialogue instauré avec les institutions tunisiennes. «La semaine dernière, nous avons tenu un comité de pilotage très riche en échanges, avec une participation impressionnante de nombreux ministères. Les discussions ont permis d’évaluer les résultats obtenus, qui sont globalement très positifs», a-t-il encore précisé, tout en ajoutant que ce programme est le résultat d’un dialogue continu, transparent et constructif et s’inscrit dans une logique de continuité, en cohérence avec les priorités nationales de la Tunisie.
Une approche intégrée pour une résilience accrue
En effet, le programme 2025–2028 repose sur une approche intégrée visant à renforcer la résilience économique et sociale de la Tunisie. Il met l’accent sur trois axes principaux : la gouvernance, le climat et la migration. Fabrizio Poretti, responsable de la coopération internationale, a présenté les grandes lignes de ce programme stratégique, qui s’inscrit dans la continuité des efforts menés entre 2021 et 2024, tout en introduisant de nouveaux axes d’intervention prioritaires.
«Nous avons élargi notre champ d’action pour inclure des thématiques cruciales telles que le changement climatique et la gestion des migrations, qui sont désormais au cœur de nos priorités», a indiqué Poretti, dans une déclaration accordée à La Presse.
Il a en outre précisé que la stratégie de la coopération suisse repose sur une approche intégrée, visant à promouvoir simultanément la prospérité économique, la cohésion sociale et la durabilité environnementale. Le programme soutiendra ainsi des projets favorisant la création d’emplois, l’amélioration de l’employabilité, le renforcement du tissu économique local, ainsi que l’inclusion des populations vulnérables.
L’un des volets majeurs du programme concerne le soutien aux régions les plus défavorisées du pays. «Notre objectif est de réduire les inégalités régionales et d’encourager un développement territorial équilibré. Pour cela, nous allons concentrer nos efforts sur ces régions en difficulté tout en poursuivant notre partenariat avec les institutions nationales à Tunis», a précisé Poretti.
Le programme met également un accent particulier sur les thématiques transversales du genre et de la gouvernance, qui seront intégrées dans l’ensemble des projets financés. «Ces dimensions ne sont pas secondaires. Elles constituent le socle même de notre intervention. La stabilité passe par une meilleure inclusion des femmes et par une gouvernance locale et nationale plus transparente et plus participative», a-t-il souligné.
D’un point de vue financier, le programme est doté d’un budget de 210 millions de dinars tunisiens, soit une légère réduction par rapport au cycle précédent (baisse estimée entre 20 et 30 %). Cette contraction s’explique par un contexte global de resserrement des budgets d’aide publique au développement. Toutefois, la Suisse entend compenser cette baisse par une meilleure efficacité des interventions, notamment à travers des partenariats de confiance, une sélection rigoureuse des projets et une mobilisation des ressources locales. «Nous avons vu des municipalités et des communautés locales s’impliquer et même cofinancer des initiatives. Cela montre que cette coopération est bien vécue comme un partenariat, pas comme une assistance unilatérale», a affirmé Poretti.
Des secteurs stratégiques pour un développement durable
Parmi les secteurs stratégiques identifiés figurent aussi le tourisme durable, l’agriculture biologique, l’économie circulaire, ainsi que le textile éco-responsable, un secteur clé à moderniser pour qu’il consomme moins d’eau et d’énergie. Une collaboration étroite est également prévue avec l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme), notamment pour capitaliser sur l’audit énergétique réalisé dans 350 municipalités lors de la phase précédente.
Poretti a aussi insisté sur la dimension à long terme de cette coopération. «Nos projets sont pensés pour durer. Beaucoup d’entre eux s’étendent sur huit à douze ans. Il s’agit de construire des bases solides, d’accompagner les idées jusqu’à leur concrétisation, et d’assurer leur pérennité», a-t-il assuré.
Il est à rappeler que le programme 2025–2028 est le fruit d’une coordination étroite entre trois offices fédéraux suisses : la Direction du développement et de la coopération (DDC), le Secrétariat d’État à l’économie (Seco) et le Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Et en cohérence avec le plan de développement national tunisien, la Suisse renforce ainsi son appui aux réformes macroéconomiques favorisant un climat des affaires attractif, un secteur privé résilient et compétitif, ainsi qu’une transition énergétique efficace. Le soutien à la formation professionnelle, à la cohésion sociale et au développement urbain fait également partie intégrante de cette feuille de route, avec une attention particulière accordée aux régions de l’intérieur, souvent marginalisées.
Par ailleurs, à l’occasion du lancement du programme, une délégation officielle suisse s’est rendue dans plusieurs régions du pays pour rencontrer les partenaires tunisiens et visiter des projets phares appuyés par la Suisse. Cette visite a permis de constater sur le terrain l’impact concret de la coopération suisse sur la vie des citoyens tunisiens, en particulier dans les domaines de l’emploi, de l’énergie renouvelable, de la gestion des déchets, ou encore de l’entrepreneuriat social. Ces visites ont aussi été l’occasion d’identifier de nouvelles pistes d’amélioration et d’adaptation des projets en fonction des réalités locales.
«Ce programme triennal n’est pas seulement un acte diplomatique : c’est une déclaration de confiance en l’avenir de la Tunisie, en sa jeunesse, en son potentiel économique et social, mais aussi en la capacité des deux pays à construire ensemble un partenariat solide, juste et porteur d’espoir».