
Telle une boule de feu, elle semble venue des confins de la galaxie culinaire qu’elle parcourt sans cesse en en dévoilant les trésors méconnus ou en bousculant les usages réducteurs et y insufflant un souffle rédempteur.
Elle, c’est Latifa Khaïri. Rien dans le cursus de cette jeune femme ne pouvait laisser entrevoir le tournant quasi sacerdotal en matière de cuisine si ce n’est, peut-être, sa formation initiale de préparatrice en pharmacie qui a pu l’initier au culte des fourneaux et des marmites dans une version actualisée et cependant fidèle aux fondamentaux. Et si, aujourd’hui, elle lance son Académie du Couscous, c’est dans la stricte observance de ce préalable. Mais n’allons pas trop vite en besogne et faisons meilleure connaissance avec Latifa Khaïri.
Son étoile est apparue dans le ciel tunisien en 2012 quand, de retour d’Italie, et avec un groupe de « convertis », elle a fondé l’association « Saveurs de mon pays ». L’objectif de cette ONG était, en toute modestie, d’inventorier et de réhabiliter le patrimoine culinaire national dans sa diversité et dans son authenticité. Vaste ambition qu’elle entreprit de concrétiser avec le concours des ménagères détentrices d’une tradition ancestrale en matière de cuisine et de professionnels engagés en faveur de la sauvegarde et de la mise en valeur de ce précieux patrimoine.
Une application pour promouvoir le couscous et tout ce qui gravite autour de ce mets
L’association multiplia à cette fin réunions, séminaires sur les événements culinaires thématiques ou régionaux. En plus d’une décennie, du nord au sud du pays, d’ouest en est, elle n’a cessé de profiter de toutes les occasions pour organiser enquêtes, formations et séances de dégustations afin d’attirer jeunes et moins jeunes vers la (re)découverte de ce patrimoine pour le sauvegarder. Son action s’est même étendue au-delà de nos frontières, en Algérie, par exemple ou en Europe (France et Italie, notamment) par la participation à des rencontre culinaires internationales.
Dans le même temps, il s’agit également d’inciter les professionnels à le prendre en charge, qu’il s’agisse de restaurateurs ou d’industriels de l’agroalimentaire. Car le patrimoine n’a de valeur et de viabilité que dans la mesure où il parvient à s’inscrire dans le circuit économique d’une communauté.
Après une douzaine d’années à la tête de « Saveurs de mon pays », Latifa a passé le relais tout en poursuivant sa collaboration avec cette association. C’est ainsi que mercredi dernier elle organisait dans le cadre du mois du patrimoine autour du thème de douceurs venues de Bizerte, de Nabeul, de Béja et de Sfax une session de formation à l’Institut supérieur de tourisme et d’hôtellerie de Sidi Dhhrif avec le concours de ménagères venues de ces villes et de chefs pâtissiers venus d’Egypte et du Tchad. En attendant qu’elle lance officiellement l’Académie du Couscous, une application pour promouvoir le couscous et tout ce qui gravite autour de ce mets et qui sera opérationnelle à partir du 1er juin prochain et sur laquelle nous reviendrons bientôt.