Accueil Economie Tunisie-Danemark : Une coopération économique à la croisée des ambitions

Tunisie-Danemark : Une coopération économique à la croisée des ambitions

La Presse — Les relations économiques entre la Tunisie et le Danemark ont souvent été éclipsées par les partenariats plus traditionnels entre Tunis et d’autres capitales européennes comme Paris, Rome ou Berlin. Pourtant, depuis les années 2000, les échanges tuniso-danois ont évolué vers une coopération plus ciblée, reposant principalement sur des programmes de développement durable, de formation professionnelle et d’appui à la société civile.

Une convergence stratégique sur les secteurs verts et numériques

L’Agence danoise de développement international (Danida) a, à plusieurs reprises, soutenu des projets en Tunisie après 2011, notamment dans la gouvernance locale, l’environnement ou l’éducation. Si ces appuis sont restés modestes en termes d’investissement direct, ils ont néanmoins posé les bases d’un dialogue économique de confiance. Ce sont les nouveaux enjeux globaux, en particulier la transition énergétique, la digitalisation de l’économie et la sécurité alimentaire, qui offrent aujourd’hui un terrain de convergence propice à une montée en puissance du partenariat tuniso-danois.

Le Danemark est l’un des leaders européens dans le domaine des énergies renouvelables, avec des entreprises pionnières dans l’éolien, les réseaux intelligents et l’hydrogène vert. La Tunisie, qui cherche à atteindre 35 % d’énergie renouvelable dans son mix électrique d’ici 2030, voit dans cette expertise danoise une opportunité précieuse pour accélérer ses projets, notamment dans les régions intérieures.

En parallèle, le Danemark dispose d’un tissu industriel compétitif dans l’agroalimentaire et les technologies agricoles — deux secteurs où la Tunisie affiche une demande croissante en matière d’innovation, d’optimisation des ressources et de résilience face aux changements climatiques.

Une porte vers l’Afrique pour les entreprises danoises

Au-delà du potentiel bilatéral, c’est surtout la dimension africaine qui attire l’attention des milieux économiques danois. La Tunisie, avec sa position géographique stratégique, ses infrastructures portuaires (notamment à Radès, Sfax et Bizerte) et ses zones industrielles à vocation exportatrice, est perçue comme une plateforme crédible pour accéder à des marchés tels que l’Algérie, la Libye, le Sénégal ou encore la Côte d’Ivoire. Cette projection continentale, encore à structurer, pourrait devenir un axe fort du partenariat à moyen terme, notamment si elle s’inscrit dans une logique de co-investissement et de relocalisation industrielle. Certaines entreprises danoises du secteur pharmaceutique ou des équipements agricoles y voient déjà un levier d’optimisation de leurs chaînes de valeur.

L’annonce de l’ouverture d’une ambassade danoise à Tunis dès août 2025 constitue un tournant majeur. Jusqu’ici représenté via son ambassade à Alger, le Danemark formalise ainsi son ancrage diplomatique en Tunisie, un signal fort à la fois pour les entreprises et pour les institutions.

La mise en place prévue d’une commission bilatérale de coopération économique, qui réunira régulièrement les ministères, agences de développement et chambres de commerce des deux pays, marque également la volonté de structurer le dialogue économique dans la durée.

Des accords-cadres sont probables, notamment en matière de propriété intellectuelle, fiscalité et transfert de technologie, autant de leviers nécessaires pour rassurer les investisseurs et fluidifier les échanges.

Si les échanges commerciaux entre les deux pays restent encore modestes (autour de 250 millions de dinars annuels selon les dernières estimations), les perspectives de croissance sont réelles, surtout si les projets annoncés débouchent sur des coentreprises, des transferts de savoir-faire et une meilleure intégration dans les chaînes de production euro-méditerranéennes.

Dans un contexte où la Tunisie cherche à redynamiser ses partenariats économiques hors des sentiers battus, le Danemark paraît comme un allié de niche mais stratégique, capable de contribuer à la modernisation de secteurs clés, tout en valorisant les atouts géographiques et humains du pays.

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