Face à l’essoufflement du tourisme local en pareille période de chaque année, on ne mise plus chez les hôteliers que sur l’arrière-saison et les rafistolages du week-end pour continuer à rouler…
Pour les Tunisiens, bons vivants que nous sommes, le mois de septembre sonne, traditionnellement, la fin des vacances estivales et… l’heure du retour sur terre. Bronzés, ils retrouvent leur boulet pour se retremper dans le ronron quotidien de l’automne, avec ses premières pluies, la rentrée scolaire et la reprise des compétitions sportives.
Du coup, c’est le tourisme qui en pâtit le plus, en subissant un redoutable manque à gagner, consécutivement à la chute des recettes émanant de la clientèle locale. «La chute est estimée à plus de 90%, déplore un hôtelier de Hammamet qui assure ne plus avoir enregistré de réservations de Tunisiens depuis fin août». Pour notre interlocuteur, «Nos compatriotes n’ont pas, pour autant, disparu de nos radars, puisqu’ils reviennent ici un week-end sur trois, soit en famille, soit en couples. Cependant, rien à voir avec leur folie dépensière de l’été».
N’empêche que des hôteliers misant sur les arrivées de fin de semaine se débrouillent encore et font de la résistance à travers une offensive de charme, pour mieux servir la clientèle tunisienne jouant les prolongations de l’été. Et cela en leur concoctant un alléchant programme d’animation doublé d’une réduction sur les prix de consommation (nourriture et boisons alcoolisées comprises), voire sur les tarifs d’hébergement. Pour s’en convaincre, il suffit de surfer sur le Net et les réseaux sociaux pour mesurer l’ampleur des actions promotionnelles qui y sont menées à nos jours. Or, deux hôteliers sur trois, selon notre interlocuteur, imputent ce manque à gagner local à la prolifération des restaurants privés vers lesquels convergent les Tunisiens tout au long des saisons de l’automne, de l’hiver et du printemps. Il est vrai que ces restaurants, qui prospèrent dans nos villes côtières, sont forts de plusieurs atouts, dont le cadre intime, l’absence de… touristes et les prix pratiquement accessibles à toutes les bourses.
La palme à Djerba
Alors que nos hôteliers, embourbés dans cette conjoncture difficile, se morfondent, en se contentant des maigres entrées de l’arrière-saison, le beau temps, par contre, continue, mine de rien, de gratifier Djerba. Là où l’extraordinaire effervescence touristique qu’a connue l’été ne semble pas faiblir. En effet, apprend-on, la courbe ascendante n’a pas fléchi. Elle se traduit par le maintien du surbooking jusqu’à la fin du mois courant. Cette tendance, rarement atteinte par le passé, est d’ailleurs valable pour la plupart des unités hôtelières de l’île. Elle a été favorisée par la bonne réputation internationale de Djerba, la nette amélioration de ses infrastructures, l’innovation continue des prestations de services, la persistance de la douceur du climat et le retour massif des marchés russe, allemand, anglais et suisse. L’euphorie aidant, un hôtelier de l’île d’Ulysse, l’un des vieux routiers du tourisme tunisien, indique fièrement que les prévisions sont autrement plus optimistes que par le passé concernant la basse saison touristique. «Ma confiance, explique-t-il, est essentiellement motivée par les promesses rassurantes que nous ont faites nos TO. Ceux-là mêmes qui dès qu’ils veulent ils peuvent». De quoi combler d’aise un… certain René Trabelsi dont l’amour viscéral qu’il voue à l’île de Djerba n’est plus à démontrer.