
Et si le salut du tourisme tunisien venait d’où on ne l’attendait pas ? Jalel Eddine Henchiri, vice-président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, a lancé un appel clair lors de son intervention sur les ondes radiophonique d’Express FM, ce jeudi 26 juin 2025, à l’adresse d’un secteur trop longtemps tourné vers l’extérieur : il est temps de regarder vers l’intérieur, vers les Tunisiens eux-mêmes.
Car derrière les façades blanches des hôtels balnéaires et les campagnes de promotion à destination des marchés européens, une autre réalité émerge : le tourisme intérieur ne joue plus les seconds rôles. En 2024, les Tunisiens ont généré plus de 5 millions de nuitées hôtelières, représentant 21 % du total national. Plus frappant encore : 38 % des clients des hôtels sont des résidents tunisiens. Ces chiffres ne sont pas anecdotiques ; ils traduisent une dynamique sociale profonde, celle d’une population qui s’approprie peu à peu son propre pays comme espace de découverte, de repos et de fierté.
Mais pour Henchiri, l’hôtellerie classique n’est qu’une pièce d’un puzzle bien plus large. Le vice-président insiste sur la nécessité de repousser les frontières de l’offre touristique : le tourisme alternatif, souvent ignoré dans les grandes stratégies nationales, pourrait devenir un levier majeur de développement régional. Moins centralisé, plus respectueux de l’environnement, plus inclusif sur le plan social — ce tourisme-là incarne peut-être la seule voie durable.
Le ministère du Tourisme semble enfin en prendre conscience. Une étude globale est actuellement en cours pour forger une vision intégrée du tourisme intérieur, intégrant les nouvelles aspirations des citoyens comme les impératifs de développement local. Dans cette perspective, les futurs cahiers des charges pour l’hébergement alternatif pourraient être déterminants.
Mais au-delà des chiffres, ce débat en cache un autre : celui de la réappropriation d’un patrimoine, d’une géographie, d’une culture. Dans un pays où le désenclavement des régions et la revitalisation des économies locales sont devenus des urgences, miser sur le tourisme intérieur, ce n’est plus une option secondaire. C’est un acte politique, un choix de société.