
L’activité portuaire nationale a besoin aujourd’hui de nouveaux paramètres de compétitivité. On pense surtout à la modernisation de l’infrastructure disponible, l’allègement de la pression sur le port de Radès, et la garantie d’un soutien logistique conséquent. Faute de quoi, l’on risque de perdre notre course commerciale maritime, surtout que le port de Radès a perdu, en l’espace d’une année, 5 places au classement mondial.
La Presse — L’activité portuaire tarde toujours à décoller, du moins à honorer son statut de levier économique irréversible.
Tous les diagnostics parlent d’ailleurs de manque de compétitivité, de charges financières colossales, et d’une infrastructure surexploitée faute d’extension, de création de nouveaux projets et de diversification.
Un tel état a fragilisé le positionnement du secteur à l’international, avec la perte de cinq places en l’espace d’une année. L’Indice de performance des ports à conteneurs en 2024 place ainsi le port de Radès au 251e rang mondial sur un ensemble de 405 ports internationaux. Très loin des Port-Saïd (Egypte) et Tanger Med (Maroc), respectivement 3e et 5e.
Il est important de préciser que ce classement repose, comme le retient le rapport, sur un critère fondamental : le temps de passage des navires, c’est-à-dire « la mesure de la durée écoulée entre l’arrivée d’un porte-conteneurs au port et son départ du quai». Un élément clé : «la performance opérationnelle d’une infrastructure portuaire ».
Ainsi, le rapport reconnaît que le temps de traitement consacré aux porte-conteneurs à Radès est très élevé et dépasse de très loin la moyenne internationale.
Surexploitation pénalisante
Cette contre-performance se justifie, essentiellement, par l’exploitation excessive du port, surtout qu’il assure à lui seul environ 86% de l’activité nationale. Une concentration qui a fini par sanctionner sérieusement l’efficacité du port.
Un manque d’efficacité qui pourrait être lourd de conséquences, car il risque non seulement de freiner nos exportations, qui dépendent, dans une large proportion, du trafic maritime, mais aussi de démotiver certains investisseurs et de pousser, même, certains partenaires à revoir leurs priorités.
Des perspectives inquiétantes qui supposent, sans aucun doute, des réponses urgentes et radicales.
Et partant, l’on estime que l’évolution des spécialisations, la consolidation des transformations au niveau des transactions commerciales et l’accélération des échanges imposent aujourd’hui de nouvelles exigences.
Elles placent notre principal port face au besoin urgent de gagner en visibilité en réaffirmant ses principales vocations, d’aller encore plus loin en termes d’efficacité en renforçant le système de transport mis en place et d’améliorer son niveau d’attractivité logistique en misant sur la requalification de son potentiel.
Fiabilité logistique
On reconnaît, en effet, que l’activité portuaire nécessite aujourd’hui une réforme profonde et globale et qui porterait, en priorité, sur la modernisation de l’infrastructure portuaire, la maîtrise technologique au niveau du traitement des transactions et la valorisation de la capacité logistique disponible. Autant de facteurs qui aideraient notre système portuaire à mieux répondre aux nouvelles tendances du marché commercial international.
Et il faut reconnaître que la Tunisie est en mesure de relever un tel enjeu. N’oublions pas que quelques années auparavant, notre pays a été prédestiné à se transformer en plaque tournante commerciale aussi bien régionale qu’internationale. Une ambition fondée par le projet d’un port en eaux profondes à Ennifidha, mais qui est resté, malheureusement, des années après, au point mort. Pour ne pas dire sans suite. Et les raisons sont multiples.
Pourtant, ce projet aurait permis de réactiver significativement le trafic, grâce notamment à sa capacité à accueillir les grands navires, de créer une véritable dynamique économique avec la création surtout d’une zone logistique intégrée et de mieux servir le positionnement de la Tunisie, surtout en Afrique et en Méditerranée.