Portrait | Halim Yousfi et son groupe Gultrah Sound System : L’un des plus importants musiciens de sa génération

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Avec son projet musical «Gultrah Sound System», il a été sélectionné avec son groupe éponyme pour concourir dans la compétition officielle de la 6e édition des Journées musicales de Carthage.

Halim Yousfi leader du groupe «Gultrah Sound System» est sans conteste un des plus importants chefs de file de la nouvelle scène musicale tunisienne avec ses propos engagés, dans leur forme et dans leur fond, et ses propositions alternatives sincères et éloquentes. Du talent à revendre, de la fougue, de la passion, une grande gueule, Halim Yousfi ne mâche pas ses mots, il est cette révolte sincère et non contenue et ce côté provocateur qui cachent une grande sensibilité. Portrait

Halim a fait ses débuts de manière autodidacte à Jbel Jloud, dans la banlieue sud de Tunis, avec la grande ambition et le besoin de renouveler le paysage musical tunisien. Il fonde d’abord le groupe de rap Old 9 School en 1999. Ensuite en 2004, le groupe Soul Bowl Vibes qui deviendra Klandestina en 2005, et qui donnera finalement naissance à Gultrah Sound System suite à sa rencontre avec Wissem Ziadi en 2006 qui apportera le violon comme nouvel instrument dans le groupe.

Brasser les genres en alliant à la fois les caractéristiques inhérentes au patrimoine musical tunisien et la diversité et richesse des musiques du monde, c’est ainsi que Halim voyait sa musique. Il s’est alors entouré d’un groupe d’amis, tous excellents dans leurs domaines. Halim au chant et à la guitare, Wissem Ziadi (violon et chœur), Malek Ben Halim aka Paco (percussions et chœur), Amine Nouri (batterie, percussions et au chant), Chiheb Ben Lakhel (guitare), Mourad Majoul (guitare), Tareq Maaroufi (batterie, percussions et chant) et Kais Fenni (guitare-basse) ont tous évolué dans des milieux underground à Tunis. Organisant des petits concerts la plupart du temps avec leurs propres moyens pour s’adresser à un public averti et n’hésitant pas à lever leurs voix, crier leur rage et dénoncer le système en place au temps de Ben Ali.

Le groupe se fait vite connaître et apprécier et démarre une série de concerts qui durera trois ans, accueillis par des lieux comme Bir Lahjar, El Hamra et lors d’une des première éditions de la tente estivale de Hammam Laghzez en Tunisie, mais également en Algérie en 2007 et en Belgique à Bruxelles en 2009. En parallèle le groupe enregistre en 2008 une démo intitulée «Jazz fizzanga» qui fait référence à l’origine de leur formation. Gultrah Sound System proposera des sonorités fluides et entraînantes abordant dans un ton grave ou encore avec humour et dérision des thématiques liées aux réalités quotidiennes de l’humain, une manière générale, et du Tunisien d’une manière particulière.

Porté par la voix si particulière et le sens de la tchatche et de la provoc de son leader Halim, le groupe se fait connaître par un plus grand public après la révolution. Mais il ne signera son grand retour qu’en 2012 suite aux événements «vertige graphik» de Tunis et du Kef, tous deux couronnés de succès après la présentation de la deuxième partie de «Jazz Fizzanga». Viendra ensuite une tournée tunisienne en 2013 qui confirmera ce retour au-devant de la scène. Depuis, «Gultrah Sound System» ne cesse de s’ouvrir sur de multiples influences et d’évoluer ne se fixant aucune limite dans leurs recherches musicales. C’est dans ce sens par exemple qu’il ont intégré la formation Old School composé des deux rappeurs à l’empreinte musicale ragga-rap, Paza Man et Black N’a.

Après 5 ans d’absence, le groupe est revenu cette année avec une nouvelle formation, un double album en vue pour 2020 et des dates en Tunisie, au Royaume-Uni et en France. Le premier concert fut abrité par Yuka à Gammarth lors duquel le groupe a renoué avec son public. Bon vent!

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