Le crédit agricole, un produit disponible en Tunisie il y a plus de 2 ans, a connu un franc succès auprès de la clientèle. Il jouit de facto d’un important potentiel de développement, pour la période à venir.
L’Institution internationale de la microfinance, la société Advans, a inauguré mardi 1er octobre, le nouveau siège de sa filiale en Tunisie basé au Lac 3 à Tunis, en présence du ministre des Finances Ridha Chalghoum, et du gouverneur de la Banque centrale, Marouen Abassi. L’événement a été également une occasion pour étaler les résultats et les futures ambitions de cette institution financière implantée en Tunisie depuis 2015.
A l’occasion de l’ouverture de la cérémonie d’inauguration, M. Chalghoum, dans son allocution, a brossé le tableau de la microfinance en Tunisie. Il a mis en exergue le rôle de cette institution dans l’accroissement de l’inclusion financière dans le pays. Et a mis l’accent sur la contribution de la société Advans au secteur de la microfinance en Tunisie « en matière de professionnalisme et de bonne gouvernance », notamment dans cette phase cruciale qui a succédé à la mise en place de la stratégie nationale d’inclusion financière adoptée en juin 2018.
Adoption le 27 août dernier d’une loi sur l’inclusion financière
M. Chalghoum a déclaré, dans ce contexte, que la loi sur l’inclusion financière a été récemment adoptée en conseil des ministres (le 27 août dernier). Elle s’inscrit dans le cadre du déploiement de ladite stratégie nationale. Il a rappelé dans ce contexte, que ce plan vise à développer un écosystème financier inclusif qui permettra à tout un pan de la société exclu du marché de l’emploi d’accéder à un service financier omniprésent, de qualité et à moindre coût.
Il a rappelé, à ce titre, que cette stratégie s’articule autour de 6 principaux axes, à savoir la finance digitale — un axe sur lequel travaillent les deux institutions, à savoir le ministère de tutelle et la BCT — , la micro-assurance, l’économie sociale et solidaire, le financement de la microfinance, l’impact socio-économique de l’inclusion financière et la création d’un conseil national d’inclusion financière. En outre, le ministre des Finances a fait savoir que la réintégration des sociétés de microfinances dans l’écosystème permettra d’assurer un accompagnement professionnel aux jeunes voulant bénéficier de la microfinance.
Facteur-clé et incontournable pour une envolée du secteur
« Les bénéficiaires des microcrédits sont généralement des personnes exclues du marché du travail. Elles sont soit des demandeurs d’emploi, soit des travailleurs indépendants ou des entrepreneurs en situation de précarité compte tenu du fait qu’ils sont exclus des mécanismes de financement et de couverture sociale. Les expériences nationales et internationales ont démontré que l’accompagnement est la clé du succès du microcrédit et une partie intégrante de la microfinance, en raison de la fragilité de cette tranche de la société. Réinsérer des personnes en situation de précarité nécessite un accompagnement en amont et en aval du financement, outre les coûts qui lui sont inhérents et l’intervention permanente auprès des institutions publiques», a-t-il souligné.
Les institutions de microfinance agissent sur les communautés
Intervenant au sujet de l’importance de l’inclusion financière dans la croissance économique, Marouen Abassi a expliqué qu’une « croissance qui n’est pas inclusive est une croissance qui pose un problème ». « Pendant des années, la Tunisie a fait une croissance de 4 à 5%. Et pourtant, une révolution s’est déclenchée. C’est parce que cette croissance n’était pas inclusive », a déclaré M. Abassi, soulignant que la présence d’institutions de microfinance, à l’instar d’Advans, est importants pour la macroéconomie puisque ces dernières permettront aux tranches de la société qui ne peuvent pas bénéficier de la finance classique d’accéder au financement.
Par ailleurs, il a fait savoir que les résultats d’une enquête réalisée récemment par l’Observatoire de l’inclusion financière (relevant de la BCT) auprès de 7.000 ménages ont montré que plus de la moitié de la population sondée est exclue des systèmes de financement. « C’est ainsi que ces institutions de microfinance ont un rôle important à jouer puisqu’elles ont davantage de flexibilité pour cibler et aller vers les gens qui n’accèdent pas au financement. Elles contribuent, de facto, dans l’intégration de cette tranche de l’économie dans l’économie formelle », a-t-il expliqué.
En outre, et en se référant à un livre écrit par un économiste et ancien responsable du FMI, Abassi a précisé que l’économie est constituée de trois piliers, en l’occurrence l’Etat, le secteur privé et les communautés. Et d’ajouter que c’est au niveau du troisième pilier que les institutions de microfinance interviennent. « Je pense que vous agissez sur les communautés, sur cette frange importante de la population », a-t-il conclu.
Une stratégie à 4 piliers
De son côté, le directeur général du Groupe Advans, Steven Duchatelle, a déclaré que la réussite de la filiale en Tunisie est due, y compris, à un cadre réglementaire adapté « qui a su libérer de nouvelles initiatives et faire intervenir de nouveaux acteurs sur le marché de la microfinance en Tunisie ». Intervenant sur les objectifs de la société, Duchatelle a, tout d’abord, déclaré que le groupe Advans a récemment franchi la barre de 1 million de clients à travers le monde. « Les besoins en inclusion financière sont toujours énormes. On estime que le manque d’accès au financement des micros, petites et moyennes entreprises est aux alentours de 250 milliards de dollars », a-t-il souligné.
S’exprimant sur les futurs objectifs de la société, le DG du groupe Advans a fait savoir qu’une stratégie déclinée en 4 axes a été définie afin d’accélérer le développement du groupe durant les 5 prochaines années.
Le premier axe consiste à mettre une opinion au cœur de toutes les actions du groupe de façon à améliorer l’expérience client et diversifier les services. Duchatelle a cité, à ce titre, l’exemple du crédit agricole disponible en Tunisie il y a plus de 2 ans qui a connu un franc succès et qui jouit de facto d’un important potentiel de développement. Le deuxième pilier vise à développer les contacts, et ce, en appliquant les meilleures pratiques du secteur en termes de performance sociale.
Un programme d’accompagnement à l’information avec les associations a été mis en place en Tunisie au bénéfice de certains clients entrepreneurs. Le troisième axe cible l’amélioration de l’efficacité opérationnelle et de la productivité via la digitalisation des services. Le dernier axe se focalise sur l’innovation et les nouvelles technologies, en l’occurrence les applications mobiles.
Un portefeuille de 75 millions de dinars
Un point de presse a été tenu en marge de la cérémonie d’inauguration, au cours duquel le directeur général d’Advans Tunisie, Brieuc Cardon, a présenté l’institution de microfinance en quelques chiffres. Il a précisé que la filiale installée en Tunisie depuis 4 ans (une des 9 filiales à travers le monde) compte actuellement 15.000 clients dans les quatre coins de la Tunisie. Elle inaugurera sous peu sa 15e agence à Bizerte.
Son portefeuille de 75 millions de dinars assure l’octroi de crédits plafonnés de 40.000 dinars selon les réglementations tunisiennes à diverses catégories de bénéficiaires, à savoir les entrepreneurs, les agriculteurs et les éleveurs et enfin les petites entreprises.
Par ailleurs, Cardon a mis l’accent sur la responsabilité écologique de la société à travers son engagement de recycler tous les déchets et d’implanter 350 arbres le jour de la Fête de l’arbre, et ce, pour pallier sa consommation de papier. De son côté, le directeur d’exploitation, Slim Ayari, a déclaré qu’Advans Tunisie mise sur la finance digitale pour intégrer les populations des zones les plus reculées du pays.