La session Eurodoc 2019 a été riche en projets documentaires. Un panorama assez exhaustif qui nous permet de voir la tendance du documentaire en Europe aujourd’hui.
Eurodoc est un programme de formation destiné aux producteurs, dont les projets ont été sélectionnés pour être étudiés sur trois sessions, étalées sur toute l’année .Ces trois sessions ont eu lieu consécutivement en France , en Suède et en Serbie pour la clôture.
L’objectif étant d’améliorer le niveau de développement des projets documentaires d’ambition internationale, leur montage financier et leur gestion économique. Les fondamentaux du travail de producteur sont examinés durant les trois sessions de formation pour conduire à des coopérations sans jamais renoncer à l’ambition artistique des projets. Maria Bonsanti, la directrice, a une longue expérience avec les festivals de films (Festival du film de Locarno, co-directeur du Festival dei Popoli à Florence en 2011 et directeur artistique de Cinéma du réel à Paris pendant 5 ans) a été membre du jury de plusieurs festivals et a participé à plusieurs ateliers et programmes. Jaques Bidou JBA production est le tuteur du groupe français et Heino Deckert, producteur et distributeur, est le tuteur du groupe anglais. Eurodoc compte un réseau de près de 500 producteurs, un grand nombre d’experts et de «commissioners éditons», «qui se sont rassemblés avec une même philosophie : défendre la création et les créateurs, et c’est un réseau de professionnels qui se retrouvent dans les marchés pour coproduire ensemble. L’Europe a permis à ce programme, il y a quelques années, d’élargir la participation des non-européens. Docmed a été constitué à la suite de Eurodoc pour les producteurs du monde arabe, ce qui a abouti à la constitution d’un premier réseau de producteurs de la région maghreb et machrek».
25 projets participants cette année, dont les sujets sont de fibre humaine. Des sujets très proches de personnages filmés et qui revendiquent des enjeux où le documentaire peut aussi produire son nouveau langage cinématographique. Ces documentaires de par leurs thèmes sont aussi une fenêtre sur le monde d’aujourd’hui et ses soucis : suprématie du monde numérique sur les rapports humains, problèmes, de genre ( masculin /féminin). Enfin, c’est la diversité des traitements cinématographiques dans ces documentaires de création qui a été le point fort de ces projets qui tentent de raconter différemment, mais avec autant de force, les thèmes qu’ils traitent. «Le cinéma renaît documentaire», a déclaré Thierry Garrel, l’un des experts de cette session lors de son intervention .
«Le documentaire a connu une période de croissance assez importante à la fin des années 90, cela était lié au dynamisme d’un certain nombre de partenaires, comme Arte, Channel 4 et les grandes chaînes publiques allemandes», déclare Jaques Bidou, et d’ajouter : «La confiance a été accordée à des auteurs, ce qui a donné naissance à de grands documentaires. Un réel succès qui a permis au documentaire d’acquérir une place vraiment importante dans l’ensemble de ce paysage de diffusion et de broadcasters. Mais ce succès-là a eu son coup de fouet en retour parce qu’à un moment donné, les documentaires se sont retrouvés dans des grilles de programmes et, à partir de ce moment-là, il y a eu un retournement de situation qui a fait que les chaînes ont commencé à vouloir des films pour elles. C’est-à-dire que l’antenne a demandé qu’on fasse des documentaires pour son public… Du coup, le succès-né de la confiance accordée aux auteurs a été remplacé par quelque chose de formaté et replié vers des productions de plus en plus nationales. On a donc un effet : repli national, appauvrissement des écritures et de la création documentaire, mais il y a des résistants ! Il y a des gens qui se battent et beaucoup d’auteurs de grande qualité. Nous nous appuyons sur ces auteurs dans nos formations pour continuer à constituer des réseaux et à se battre pour faire naître des œuvres documentaires et il y a de l’espace même si cet espace s’est beaucoup restreint depuis la fin des années 90», conclut-il.